Pour la première fois de l’histoire, les Jeux Olympiques et Paralympiques se dérouleront cet été en l’absence de spectateurs étrangers et ce, en raison du contexte sanitaire lié à l’épidémie de Covid-19. En fin de semaine, le Comité International Olympique (CIO) et le Comité International Paralympique (IPC) ont indiqué qu’ils respectaient et acceptaient la décision des autorités nippones.

Les Jeux de Tokyo 2020 étaient déjà les premiers à connaître un report, avec la décision prise l’an passé de décaler à l’été 2021 la tenue de l’événement planétaire.
Ils resteront également dans l’histoire comme les premiers à être organisés en l’absence de spectateurs étrangers, sachant qu’au cours du XXème siècle, en tenant compte de deux crises sanitaires d’envergure mondiale, ni la grippe espagnole, ni celle de Hong-Kong n’ont impacté à un tel niveau les Jeux alors célébrés à Anvers (Belgique) en 1920 et à Mexico (Mexique) en 1968.
Pour Tokyo, la décision – évoquée depuis plusieurs semaines par les médias locaux – a finalement été entérinée à l’issue d’une réunion entre les cinq parties institutionnelles, à savoir le Gouvernement du Japon, le Gouvernement Métropolitain de Tokyo (TMG), le Comité d’Organisation des Jeux (TOCOG), le CIO et l’IPC. Ces deux dernières instances ont d’ailleurs fait savoir dans un communiqué qu’elles respectaient et qu’elles acceptaient le choix des autorités nippones.
Ainsi, comme l’a exposé Thomas Bach, Président du CIO :
Nous partageons la déception de tous les supporters olympiques du monde entier, et naturellement des familles et amis des athlètes, qui avaient prévu de venir aux Jeux. J’en suis vraiment désolé. Nous savons que c’est un grand sacrifice pour tout le monde. Nous avons dit dès le début de cette pandémie qu’elle nécessiterait des sacrifices.
Mais nous avons aussi dit que la sécurité est primordiale. Chaque décision doit respecter le principe de sécurité avant tout. Je sais que nos partenaires et amis japonais ne sont pas arrivés à cette conclusion à la légère. Comme pour eux, la priorité absolue du CIO était, est et demeure d’organiser des Jeux Olympiques et Paralympiques sûrs pour tous : pour tous les participants et, bien sûr, pour nos aimables hôtes, les citoyens japonais.
Nous sommes aux côtés de nos partenaires et amis japonais, sans aucune forme de réserve, pour faire des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020 un grand succès.

Avec cette déclaration, celui qui a récemment été plébiscité par ses pairs pour un second mandat à la tête de l’institution de Lausanne (Suisse), démontre une fois encore l’adaptation du CIO face à une crise qui a, depuis plus d’un an maintenant, demandé moult efforts aux parties engagées.
Déjà, lors de sa visite à Tokyo, à la mi-novembre 2020, le Président du CIO avait abordé le sujet de la présence de personnes étrangères au Japon, avec aussi la volonté de promouvoir la vaccination.
Toutefois, la diplomatie olympique a pu trouver ses limites, compte-tenu de la diversité des campagnes de vaccination actuellement opérées à travers le monde, avec un degré d’avancement plus ou moins élevé en fonction des pays et une sectorisation au profit des personnes considérées comme prioritaires. De fait, force est de constater qu’à ce stade, il n’est pas possible d’envisager raisonnablement une couverture suffisamment large pour assurer la sécurité de tous à l’échéance des Jeux de Tokyo 2020.
Aussi, le CIO va désormais miser sur la solidarité et l’esprit de responsabilité des athlètes pour que ces derniers soient, autant que possible mais sans la moindre obligation, vaccinés au moment de leur arrivée sur le sol nippon, là-encore, par respect pour les hôtes de l’événement sportif.
Sur ce point, la Chine a récemment proposé de fournir des doses de vaccin à l’institution olympique, cette dernière ayant fait savoir depuis plusieurs mois qu’elle paierait le coût d’une campagne destinée à protéger les sportifs appelés à concourir aux Jeux de Tokyo 2020 et, six mois plus tard, ceux qui participeront aux Jeux d’hiver de Pékin 2022.

Pour le CIO, au-delà de la question sanitaire, deux autres problématiques se posent aujourd’hui, même si la communication officielle n’en fait pas mention.
Avec une jauge réduite dans les enceintes sportives, les diffuseurs et les organisateurs des Jeux devront certainement rivaliser d’ingéniosité pour offrir un spectacle de qualité dans des conditions singulières, que ce soit pour les Cérémonies d’ouverture et de clôture, ainsi que pour le déroulement des épreuves.
En outre, l’absence de spectateurs étrangers va immanquablement conduire à un manque à gagner pour la billetterie, et donc un niveau de revenus moins conséquent qu’attendu alors que la facture globale des Jeux a connu une inflation sur l’année passée.
Ledit manque devra dès lors être comblé, d’une façon ou d’une autre, par le TOCOG, avec l’appui des autorités locales et nationales qui ont déjà participé au rehaussement des investissements nécessaires aux Jeux, ou par le CIO qui a de son côté rallongé sa participation financière pour plus de 650 millions de dollars.
Pour rappel, en 2013, au moment de la candidature nippone, les porteurs du projet avaient projeté des recettes de billetterie à hauteur de 776,35 millions de dollars, misant à l’époque sur la vente de 7,8 millions de billets, et sur un taux de remplissage des stades et arénas de l’ordre de 84%.
Fin 2019, les projections fournies par le TOCOG dans le cadre de l’actualisation du budget d’organisation et des diverses dépenses consenties par les parties au projet, tablaient cette fois sur des recettes de 800 millions de dollars. Un montant sensiblement identique à celui espéré un an plus tard, en fin d’année 2020, avant la décision concernant l’interdiction de spectateurs étrangers.
Certes, et sauf annonce prochaine d’un huis-clos général, les Jeux seront ouverts aux fans nippons, mais ces derniers ne pourront pas compenser le flux de visiteurs jusque-là attendu, d’autant plus si l’on considère la défiance avec laquelle les Japonais regardent l’événement depuis l’annonce du report – et du surcoût – des Jeux.
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