Réuni ce mercredi 30 septembre, le Conseil d’administration de Paris 2024 a adopté les orientations visant à dégager des marges de manœuvre budgétaires dans un contexte global perturbé par la crise du Covid-19. Pour le Comité d’Organisation (COJO), l’objectif est de parvenir à optimiser le projet tout en préservant l’ADN de ce dernier.

Comme un symbole, Paris 2024 a tenu une nouvelle réunion de son Conseil d’administration – ainsi que son Assemblée Générale – à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, un département qui est envisagé depuis la phase de candidature comme l’un des principaux secteurs des Jeux de 2024, avec la localisation notable du futur Village des Athlètes et, dans le même périmètre, du Stade de France mais encore du nouveau Centre Aquatique Olympique.
Rassemblé autour de Tony Estanguet, Président du COJO, les acteurs de Paris 2024 – parmi lesquels les représentants locaux de la Seine-Saint-Denis, de la Ville de Paris, de la Région Île-de-France, sans oublier aussi la Ministre déléguée en charge des Sports, Roxana Maracineanu – ont ainsi pu finaliser les grandes orientations élaborées et débattues au cours des derniers mois pour parvenir à dégager des marges de manœuvre budgétaires, autrement dit, pour économiser 10% d’un budget d’organisation inchangé à 3,8 milliards d’euros.
Face à la perspective d’une crise aux répercussions durables et au risque d’un dérapage budgétaire lié tant à ladite crise qu’à une sous-évaluation de certains aménagements, le COJO – qui faisait jusqu’alors valoir les 95% de sites existants ou temporaires – a ainsi fait le choix de revoir la cartographie des enceintes appelées à accueillir les Jeux afin de privilégier l’utilisation d’infrastructures d’ores et déjà opérationnelles.

De fait, le Stade Aquatique éphémère de 15 000 places envisagé entre le futur Centre Aquatique Olympique de 6 000 places et le Stade de France pour recevoir les épreuves de natation et les finales de water-polo, est purement et simplement rayé de la carte. Il en est de même pour l’Aréna temporaire prévue dans le secteur du Bourget pour accueillir le tournoi de volleyball, à quelques encablures du Village des Médias et du Parc des Expositions où s’établira le Centre des Médias.
Pour remplacer le premier site mentionné, Paris 2024 a acté un déplacement en direction de Paris La Défense Aréna à Nanterre (Hauts-de-Seine) où devait initialement s’établir la gymnastique.
En attendant d’étudier les modalités d’organisation des épreuves avec la Fédération Internationale (FINA), le COJO s’assure ici une économie non-négligeable que l’on peut aisément estimer à plusieurs dizaines de millions d’euros – sans doute 100 millions – soit le coût probable d’un aménagement temporaire tel qu’envisagé au départ à Saint-Denis.
Avec l’utilisation désormais prévue de la plus grande aréna d’Europe, le COJO peut par ailleurs se satisfaire d’offrir à la natation un écrin de qualité avec une jauge des plus adéquates. Selon toute vraisemblance, la mobilisation de Paris La Défense Aréna devrait en effet prendre la forme d’un aménagement temporaire de deux bassins en kit – l’un destiné aux compétitions, l’autre à l’échauffement des nageurs – sur le modèle de ce qui fut réalisé lors de précédents rendez-vous internationaux comme les Mondiaux de natation de Barcelone 2013 ou, plus récemment, de Kazan 2015.
Concernant le deuxième site temporaire dont la suppression a été actée hier, Paris 2024 étudie encore l’option de remplacement, le volleyball étant l’un des sports collectifs en balance dans le cadre de la revue de projet dont les conclusions définitives doivent être dévoilées à la mi-décembre 2020.

Outre ces deux premiers changements, le COJO a par ailleurs engagé la suppression du Stade Jean Bouin (16ème arrondissement) du dispositif des Jeux, ce qui a pour conséquence de déplacer le tournoi de rugby à 7 en dehors de Paris, vers le Stade de France.
Une manière d’abord de contrebalancer le départ de la natation de Seine-Saint-Denis.
Une manière ensuite de proposer à World Rugby une enceinte d’une capacité inédite pour un sport qui a fait son retour historique au Programme des Jeux lors de l’édition de Rio 2016.
Durant la célébration de cette Olympiade, le rugby à 7 avait en effet pu s’installer au Stade de Deodoro, un site temporaire de 15 000 places. Prochainement, lors des Jeux de Tokyo 2020, ce même sport bénéficiera d’une jauge bien supérieure, avec les 50 000 places du Stade Ajinomoto, mais tout de même moindre que celle proposée par le plus grand stade français (jusqu’à 80 000 places selon la configuration choisie).

Concernant encore les stades prévus pour les Jeux de 2024, deux décisions supplémentaires ont été prises par Paris 2024 ce mercredi.
Le nombre de sites destinés au tournoi de football a été abaissé de 8 à 7, ce qui revient à éliminer l’un des stades prévus dans le projet initial, en l’occurrence le Stade Pierre Mauroy de Lille (Nord) qui sera cependant utilisé en configuration aréna. Ce changement laisse ainsi présager du départ de l’un des sports collectifs majeurs inscrits au Programme des Jeux – volleyball, handball ou basketball – en direction de la “Capitale des Flandres” située à moins de 2h en TGV de Paris.
Bien que ce choix puisse légitimement interpeller quant à la promesse de la candidature de Paris 2024 de mettre en œuvre des Jeux compacts disposant d’un périmètre de sites relativement resserré autour de Paris, la mobilisation du Stade Pierre Mauroy sera de nature à proposer une jauge conséquente pour le sport collectif qui aura in fine droit de citer dans cet écrin ultra-moderne. En effet, en configuration aréna, l’enceinte nordiste peut recevoir entre 19 000 et 30 000 personnes. Une aubaine pour la billetterie des Jeux et pour les diffuseurs de l’événement.

Parmi les autres décisions actées lors de la réunion d’hier, le COJO a aussi confirmé – sans réelle surprise cependant – le site de la Colline d’Élancourt (Yvelines) pour accueillir les épreuves de VTT validant de facto la place de ce département du Sud de Paris pour la pratique du cyclisme sous toutes ses formes avec, non loin de là, la présence du Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines, autre site des Jeux de 2024.
La confirmation d’Élancourt – après la mobilisation des élus locaux, parmi lesquels la Présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, ancienne Député des Yvelines (2002-2007 et 2012-2016) – intervient alors que certains avaient un temps envisagé un déplacement du VTT à Chamonix (Haute-Savoie) pour ce qui aurait été un clin d’œil à la station alpine hôte des Jeux d’hiver en 1924…

Enfin, l’autre orientation majeure adoptée par les acteurs de Paris 2024 concerne tout à la fois le site de la Place de la Concorde (8ème arrondissement) et le site du Bourget.
Ainsi, dépossédé du tournoi de volleyball, la ville de Seine-Saint-Denis va pouvoir récupérer les compétitions d’escalade sportive, l’un des sports additionnels prévus par le Comité International Olympique (CIO) sur proposition de Paris 2024. Mais pour satisfaire pleinement les élus locaux soucieux d’assurer l’héritage des Jeux dans le département le plus jeune de l’Hexagone, le COJO s’est surtout engagé dans la création d’un site pérenne dédié à l’escalade, site dont les contours devront encore être étudiés avec l’ensemble des parties.
Avec ce transfert de l’escalade en direction de la Seine-Saint-Denis, le site prévu sur la Place de la Concorde au cœur de Paris sera optimisé, autrement dit, l’agencement du stade temporaire et la jauge de celui-ci – 35 000 places – seront revus et corrigés dans les mois à venir.

Si la réunion du Conseil d’administration de Paris 2024 avait pour objet principal d’arrêter les grandes orientations du projet révisé, il s’agissait également de rassurer les élus de Seine-Saint-Denis en ce qui concerne la place du territoire dans la cartographie des futures compétitions, ainsi que pour l’aménagement effectif du Village des Médias dont la reconversion post-JO léguera plusieurs centaines de logements nouveaux au territoire.
Sur ce point, avec la mobilisation de Michel Cadot, Délégué Interministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques (DIJOP) – mais aussi avec celle de son prédécesseur à ce poste, l’actuel Premier Ministre Jean Castex – la Seine-Saint-Denis a obtenu confirmation qu’elle bénéficierait bien de l’édification d’un nouvel écoquartier entre Le Bourget et Dugny. Pour ce secteur, la venue des Jeux représente une aubaine, avec déjà la modernisation programmée du Parc des Expositions, tout comme par l’aménagement de nouvelles liaisons destinés aux usagers des transports en commun, via, à terme, les futures lignes du Grand Paris Express.
Deux phases complémentaires seront dès lors programmées pour assurer l’édification du Village des Médias selon les informations publiées ce mercredi dans les colonnes du quotidien “Le Parisien”.
Concrètement, 600 à 700 logements sortiront de terre d’ici 2024, avec en plus les équipements publics prévus dans le projet initial, à savoir une école, une crèche et un gymnase. Seront également maintenus et réalisés dans le cadre de cette première phase de travaux, la requalification de la voirie existante (RD50, etc.) et l’aménagement d’une passerelle au-dessus de l’autoroute A1 pour relier Dugny et Le Bourget.
Dans la seconde phase à prévoir après 2024 – et qui est donc non identifiée dans le financement lié spécifiquement aux Jeux – l’État s’est d’ores et déjà engagé à mener à bien le projet dans sa globalité avec in fine la mise à disposition d’un total prévisionnel de 1 300 logements.

Durant les prochaines semaines, les parties au projet de Paris 2024 vont poursuivre les discussions engagées au printemps. Ces échanges incluront évidemment les acteurs institutionnels franciliens, l’État, mais également le CIO et les Fédérations Internationales qui devront valider les orientations nouvelles portant sur les sites des Jeux.
Car même si les doutes se sont dissipés pour les sports pré-mentionnés, des zones d’ombre subsistent en ce qui concerne la nouvelle localisation de la gymnastique, des sports collectifs, sans compter le départ possible de la boxe du Stade Roland Garros (16ème arrondissement).
Bien sûr, le Comité International Paralympique (IPC) sera lui-aussi associé aux discussions, sachant que le concept paralympique de 2024 sera plus ou moins impacté par les changements déjà annoncés et ceux qui doivent encore intervenir. Pour preuve, Le Bourget était évoqué jusqu’à présent pour recevoir la phase préliminaire du tournoi de basket-fauteuil, de même que le tournoi de rugby-fauteuil. La suppression du projet d’Aréna temporaire rebat en conséquence les cartes.
Le casse-tête logistique n’est donc pas terminé pour le COJO et ses partenaires.
Quoiqu’il en soit, le concept général des Jeux de Paris 2024 sera entériné d’ici le 17 décembre 2020, moins de quatre ans avant la tenue effective de l’événement planétaire.
La Defense Arena n’est pas la plus grande Arena d’Europe. Il y a plusieurs stades en Europe avec toit rétractables ou fixes de +50K utilisables en configuration Arena (Lille, Düsseldorf, Gelsenkirchen, Cardiff, Stockholm, etc.)
Et c’est un énorme gâchis de ne pas utiliser ses 30 000 places assises en prévoyant plusieurs espaces dans son enceinte.
C’est écoeurant cette refonte des sites au rabais.
En fait, il n’est prévu aucun aménagement sportif et urbain pour ces jeux, mais uniquement du logement social pour le seul département 93. Un gâchis pour le monde du sport, l’évènementiel et les clubs d’Ile de France.
Déjà Charlety, Coubertin et Carpentier étaient écartés du projet, maintenant on vide Jean Bouin, la moitié de RG et sans doute le Zénith.
Ca n’a aucun sens, car on est incapable en France de transformer un site en moins de 24h pour passer d’une config à une autre. Même si on se lance dans ce genre d’idée ce sera avec une foule de manutentionnaires et une explosion incroyable des budgets avec des risques sur les calendriers de la 15aine ingérables.
Alors qu’on a de réels savoir faire en terme d’infrastructures temporaires. L’Arena de Basket de Londres (propriété de GL Events) ne coûte pas 100M€ en occasion, par ex. Et quid des parc des expos de Villepinte, du Dôme de Villebon, la Seine Musicale, par ex.?
On a aussi perdu des occasions manquées, avec les projets de rénovation du Parc des Princes et d’une arena européenne pour le PSG Hand, de la maison du Hand à Colombes, des arenas de Sarcelles/Tremblay/Villepinte, d’un nouveau stade à St Ouen/Bauer, ou Porte de Montreuil pour le PFC.
D’éternels débats politiques qui accouchent d’une souris. Et malgré une volonté politique tenace depuis 95, le Triathlon n’est pas près de se jouer dans la Seine…