L’aménagement du futur Centre Aquatique, unique site sportif conçu spécifiquement pour les Jeux d’été de Paris 2024, sera l’un des chantiers-phares des années qui viennent dans le cadre des préparatifs d’organisation de l’événement planétaire.

Dans le dispositif logistique de chaque Ville Hôte, le Centre Aquatique occupe une place de choix.
Outre une visibilité majeure au moment des Jeux, compte-tenu de la popularité des sports aquatiques et du nombre de spectateurs présents dans l’enceinte, le Centre offre aussi au territoire-hôte la possibilité de disposer d’une structure modulable après les Jeux, en mesure d’accueillir le grand public pour l’apprentissage et la pratique sportive ainsi que de grands événements.
Dans le cadre du projet olympique et paralympique de Paris 2024, les organisateurs se sont d’ailleurs inspirés du dispositif mis en place de l’autre côté de la Manche, lors des Jeux d’été de Londres 2012.
Conçu par l’architecte irako-britannique, Zaha Hadid, le site principal dédié à la natation avait pris place non-loin du Stade Olympique et à quelques encablures du site temporaire destiné au tournoi de water-polo. Si pendant les Jeux, la structure aux lignes résolument futuristes avait pu recevoir jusqu’à 17 500 spectateurs par session, la planification liée à l’héritage de l’événement a ensuite conduit les parties au projet à réduire la voilure pour ne maintenir en l’état que 2 500 sièges, avec possibilité d’en ajouter 1 000 en cas d’événements majeurs.
Une jauge suffisante pour accueillir les scolaires et le public à l’année, notamment pour des cours de plongeon dispensés via la structure fondée par la star nationale de la discipline et double médaillé olympique, Tom Daley. Suffisante aussi pour prétendre à l’accueil occasionnel de compétitions d’envergure, comme ce fut le cas en 2016 avec les Championnats d’Europe de Natation.
Au cours des dernières années, entre préparation de la candidature et finalisation du projet technique, les équipes de Paris 2024 ont aussi pu prendre connaissance des dessous de la construction du nouvel équipement aquatique de Budapest (Hongrie) – hôte des Mondiaux de Natation en 2017 et un temps rivale de Paris dans la course aux JO 2024 – sans oublier bien sûr le Centre des Jeux de Tokyo 2020, visité notamment par la Maire de Paris, Anne Hidalgo, lors d’un déplacement au Japon en février 2017.

Sur la base de ces inspections et à partir de l’étude des critères techniques relatifs à la tenue des Jeux, étude conjuguée à l’examen des besoins du territoire pour l’après-JO, Paris 2024 a finalement choisi d’établir son Centre Aquatique à Saint-Denis, face au Stade de France, sur ce qui deviendra à terme la ZAC Plaine Saulnier.
Une manière de promouvoir un pôle sportif qui s’annonce conséquent, parfaitement inséré au sein d’un futur écoquartier résidentiel.
La décision, actée en 2016 durant la candidature de Paris, a ensuite donner lieu à un appel à projets pour l’aménagement de l’équipement, le seul à devoir être construit dans l’optique des Jeux ; l’Aréna de la Porte de la Chapelle (18ème arrondissement) étant, pour rappel, un site prévu indépendamment de la manifestation sportive de 2024.
Pilotée par la Métropole du Grand Paris (MGP), maître d’œuvre sur le projet, la problématique du Centre Aquatique s’est toutefois heurtée aux exigences techniques liées aux spécificités d’un tel équipement et aux contraintes financières imposées par les parties prenantes, à commencer par l’État.
Il faut dire que le projet inclus à la fois l’aménagement d’un Centre Aquatique, ainsi que la construction et la mise en place opérationnelle d’une passerelle de franchissement de l’autoroute A1 pour rejoindre le parvis du Stade de France, futur Stade Olympique des JO 2024.
Aussi, il convient d’avoir une lecture précise du sujet, en particulier en ce qui concerne la projection financière initiale qui faisait état de 111,2 millions d’euros, soit environ 90 millions consacrés au Centre Aquatique et 21,2 millions destinés à la passerelle. Sur la base de cette projection et au regard des différents critères évoqués précédemment – techniques et financiers – Paris 2024 et ses partenaires, dont la MGP, mais aussi la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) et le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis, ont été contraints de revoir la copie envisagée durant la phase de candidature et ce, afin de proposer un concept résolument tourné vers la durabilité et l’expérience des spectateurs, véritables acteurs de l’équipement après les Jeux.
Aujourd’hui, à l’issue d’un examen approfondi des projets proposés, la MGP a officialisé la sélection du Centre Aquatique imaginé par un groupement dirigé par Bouygues Bâtiment Île-de-France (mandataire) et composé notamment de l’agence d’architecture française, Ateliers 2/3/4, l’agence néerlandaise VenhoevenCS, l’exploitant commercial Récréa, et l’exploitant technique Dalkia, filiale du groupe énergétique EDF.

Dans le détail, le projet lauréat prévoit l’établissement d’une structure de 6 000 places en configuration Jeux avec une longueur de 114 mètres, une largeur de 106 mètres et une hauteur de 30 mètres.
Équipée d’un bassin unique, ladite structure disposera d’un innovant système composé de deux murs mobiles de 2,3 mètres de profondeur et d’une plage de largeur variable pouvant atteindre la dimension de 9 mètres. Cette solution répond tout à la fois aux contraintes financières, avec une économie estimée à plusieurs millions d’euros, et à l’exigence environnementale liée à un tel équipement, la gestion d’un bassin doté d’un système de filtrage et de maintenance étant moins énergivore que deux structures traditionnelles.
Grâce à ce système, un bassin de 50 mètres assurera la tenue des épreuves olympiques de natation synchronisée, ainsi que le tournoi préliminaire de water-polo. Dans le même temps, un bassin de 22 mètres par 25 mètres permettra l’organisation des compétitions olympiques de plongeon. Lors des Jeux Paralympiques, la structure aquatique sera temporairement remaniée pour recevoir l’épreuve de boccia (sport de boules).

Comme pour la configuration Jeux, le projet lauréat repose sur la modularité de l’équipement en configuration Héritage.
Concrètement, il sera possible de mettre en place un bassin de 50 mètres, avec ou sans la plateforme mobile, ou bien encore l’aménagement de deux bassins de 25 mètres dans le sens de la longueur et d’un troisième bassin pensé, au-dessus de la tour de plongeon, dans le sens de la largeur.
Après les Jeux, l’équipement aquatique sera adapté aux nouveaux usages et la capacité d’accueil passera alors de 6 000 à 2 500 places. Toutefois, il sera possible de disposer de 5 000 places dans le cadre de l’organisation d’événements, comme des Championnats du Monde en bassin de 25 mètres ou des Championnats d’Europe en bassin de 50 mètres.
Pour permettre une utilisation la plus diversifiée possible – et pour atténuer le risque de dérapage financier lié à la gestion et à la maintenance d’un équipement aquatique -, la structure proposera une batterie d’activités annexes.
Le public qui se rendra dans la ZAC Plaine Saulnier pourra ainsi s’adonner à l’escalade avec un mur doté de six voies de difficulté, de terrains multi-sports dont deux pour le padel-tennis et trois pour le football à cinq et le basketball 3×3. A ces installations s’ajouteront aussi un skate-park, un lieu de restauration et une recyclerie où chacun pourra amener du matériel sportif à réparer. Outre la dimension sportive de l’équipement, le projet se veut global, avec la possibilité de tenir sur place des spectacles ou des séminaires d’entreprises.

Si le projet présenté par Bouygues Bâtiment Île-de-France a su séduire les autorités compétentes, ce n’est pas seulement grâce à l’innovation proposée pour l’utilisation du bassin et des installations. C’est aussi grâce à la promesse d’un site de grande qualité architecturale couplée à une ambition environnementale forte.
Ainsi, comme pour les bâtiments du Village des Athlètes, situés à environ 1,5 km sur les territoires de Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis, la structure du Centre Aquatique fera la part belle aux matériaux biosourcés, avec notamment une charpente et une ossature bois. La toiture aux lignes courbes sera quant à elle équipée de panneaux photovoltaïques sur une surface d’environ 5 000 m², ce qui pourrait garantir l’autosuffisance de l’équipement en matière de fourniture d’électricité. La maîtrise de la consommation d’eau, la mise en place d’un système de filtration de l’air extérieur et la plantation d’une centaine d’arbres autour du site seront également proposées pour réduire l’impact environnemental du Centre Aquatique de Saint-Denis.

Pour mener à bien ce gigantesque chantier, la Métropole du Grand Paris prévoit un lancement des travaux de dépollution à compter du mois d’octobre 2020, avant l’ouverture des travaux pour l’été 2021 et un achèvement de ces derniers envisagés pour décembre 2023. A l’issue de l’accueil des athlètes et des spectateurs durant les compétitions olympiques et paralympiques, la reconfiguration Jeux / Héritage devrait ensuite permettre la livraison du Centre Aquatique à l’horizon 2025.
Sur le plan du financement du chantier, la MGP table à l’heure actuelle sur un investissement global de 174,7 millions d’euros.
Dans le détail, la SOLIDEO abondera au projet à hauteur de 154,7 millions d’euros, avec une répartition pour moitié à la charge de l’État et pour moitié à la charge des Collectivités associées, soit la Ville de Paris, le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis, le Conseil Régional d’Île-de-France et l’Établissement Public Territorial de Plaine Commune. La Métropole apportera pour sa part 20 millions d’euros pour la réalisation des équipements destinés au grand public, une contribution complémentaire à son engagement au sein de l’enveloppe de la SOLIDEO (20 millions d’euros).

Si le Centre Aquatique Olympique est appelé à devenir un équipement structurant pérenne pour la Seine-Saint-Denis et, plus largement, pour la région francilienne, il convient aussi d’évoquer la question du Stade Aquatique Olympique.
En effet, pensé indépendamment du projet présenté aujourd’hui, ce Stade de 15 000 places permettra l’accueil des compétitions de natation et la construction sera entièrement prise en charge par le Comité d’Organisation des Jeux (COJO).
A l’issue des épreuves, la structure sera démantelée et les bassins utilisés durant les épreuves seront réemployés au cœur du département de la Seine-Saint-Denis qui, pour rappel, enregistre certains chiffres parmi les plus faibles en ce qui concerne l’accès à la pratique de la natation : 0,55 bassin pour 10 000 habitants contre 0,94 à l’échelle nationale, un enfant sur deux ne sait pas nager en entrant en classe de 6ème, deux bassins accessibles dans le département pour les personnes en situation de handicap, etc.
L’apport planifié des trois bassins laissés en héritage après les Jeux – le bassin de compétition et le bassin d’échauffement du Stade Aquatique Olympique, ainsi que le bassin d’échauffement du Centre Aquatique Olympique – sera rehaussé par l’aménagement, en cours ou à venir, de nouvelles structures sur le territoire du Pont de Bondy, Aulnay-sous-Bois, Aubervilliers et sur le site de Marville, et par la réhabilitation de la piscine municipale de Colombes dans les Hauts-de-Seine.
Ces infrastructures – destinées à l’entraînement durant les Jeux – seront par la suite proposées au grand public et aux scolaires du territoire. Une opportunité, d’autant plus importante lorsque l’on sait que le département de la Seine-Saint-Denis entend pleinement profiter de l’élan des Jeux et du déploiement du plan “Savoir Nager”.
Avec ce dispositif bicéphale – une structure pérenne et une installation temporaire – Paris 2024 souhaite répondre aux impératifs de l’Agenda Olympique 2020 et garantir un héritage optimal pour le territoire-hôte des Jeux.
Cette logique d’optimisation d’un tel équipement se retrouve aussi dans les projets de Tokyo 2020 et de Los Angeles 2028, même si l’approche qui a guidé le choix des sites et l’utilisation de ces derniers pendant et après les Jeux, peut être différente de celle de Paris 2024.

Pour Tokyo 2020 par exemple, le projet initial devait aboutir à l’aménagement d’une arène moderne de 20 000 places. In fine, en raison des exigences budgétaires fixées par l’autorité olympique, le choix a été fait de réduire la voilure afin de proposer un site de 15 000 places pour les épreuves de natation, natation synchronisée et de plongeon.
Modulable dans ses fonctionnalités, l’équipement nouvellement construit – l’un des huit pérennes du dispositif de Tokyo 2020 – pourrait ensuite voir sa jauge réduite pour répondre aux besoins des habitants.
Aujourd’hui, les organisateurs se trouvent donc en présence d’un bâtiment pérenne de 65 500 m² pour les Jeux, 56 000 m² en configuration Héritage. Pour édifier ce vaisseau dans la Baie de Tokyo, un investissement de 56,7 milliards de yens aura été nécessaire, soit 488,94 millions d’euros. A titre de comparaison, la structure des Jeux de Londres 2012 a coûté environ 370 millions d’euros.

Dans un horizon un peu plus lointain, les organisateurs des Jeux d’été de Los Angeles 2028 ont planifié pour leur part l’utilisation du terrain de baseball Dedeaux dépendant de l’Université de Californie du Sud (USC).
A l’origine de la candidature en 2014, la ville de Los Angeles (Californie, États-Unis) – alors engagée dans la bataille pour l’investiture américaine – avait pourtant misé sur l’installation des épreuves aquatiques au sein d’un nouveau stade appelé à devenir, après les Jeux, un écrin pour le football à quelques encablures seulement du mythique Memorial Coliseum.
Plus tard, le projet fut remanié – le Banc of California Stadium étant désormais inclus pour le tournoi olympique de football – mais avec toujours la volonté de disposer de structures temporaires pour les épreuves aquatiques.

Aussi, il est à présent envisagé de mobiliser le terrain de baseball pour y installer le temps les Jeux d’été, un bassin principal de 50 mètres pour la natation et la natation synchronisée et un bassin pour le plongeon, l’ensemble devant être cerclé par des tribunes temporaires de 20 000 places, moyennant des opérations olympiques d’un coût estimé en 2016 à 67,8 millions de dollars.
Un projet alternatif pour les épreuves de plongeon pourrait toutefois voir le jour, avec la réhabilitation du Belmont Beach Aquatic Center à Long Beach.
Situé face à l’océan Pacifique, le complexe sportif devrait contenir au moins quatre bassins de dimensions distinctes, dont une fosse à plongeon. Une récente mise à jour du projet – qui doit encore être validée par les autorités locales soucieuses de boucler un budget estimé à 85 millions de dollars – pourrait permettre d’inclure ce nouvel équipement parmi les sites destinés aux Jeux.

Toujours en dehors de Los Angeles, à Long Beach, le tournoi olympique de water-polo est prévu au sein d’un équipement temporaire, dans le cluster sportif qui s’établira près du Long Beach Convention and Entertainment Center avec un investissement spécifique du Comité d’Organisation à hauteur de 13,9 millions de dollars. D’une capacité de 8 000 places pour les Jeux, le site redeviendra par la suite un vaste parking de stationnement le long de la plage.
Ces projets sont toutefois à prendre avec précaution, car à huit ans de l’ouverture des Jeux de Los Angeles 2028 et même si les sites présentés sont de nature temporaire ou sont intégrés dans un programme urbain, il n’est pas à exclure une nouvelle adaptation des plans en fonction des besoins et des sollicitations du Comité International Olympique (CIO) ou de la Fédération Internationale de Natation (FINA).

Pour Paris 2024 en tout cas, l’ambition d’obtenir les Jeux devait nécessairement conduire à l’édification – pour la première fois depuis 1924 et la construction de la Piscine des Tourelles aujourd’hui Piscine Georges Vallerey (20ème arrondissement de Paris) – d’un site destiné à la pratique des sports aquatiques et à l’organisation régulière de manifestations d’envergure.
Ce sera prochainement une réalité, quinze ans après l’échec de la candidature de Paris 2012, dix-neuf ans après la déroute de Paris 2008, vingt-trois ans après la tentative avortée de Lille 2004, trente-quatre ans après l’espoir défait de Paris 1992 et cinquante-sept ans après la candidature de Lyon 1968.

Au milieu des années 1960, pour prendre la relève de Paris, déjà deux fois Ville Organisatrice des Jeux d’été – 1900 et 1924 – Lyon se porte candidate et fait alors face à Mexico (Mexique), Détroit (Michigan, États-Unis) et Buenos Aires (Argentine).
Malgré un projet recalé par l’instance olympique, qui préféra le concept de la capitale mexicaine, la cité du Rhône avait mis en avant une diversité d’infrastructures, parmi lesquelles le Centre Nautique du Rhône.
Construite entre 1961 et 1965 sous l’impulsion de l’ancien Maire de Lyon, Louis Pradel, et conçue par l’architecte local, Alexandre Audouze-Tabourin – à qui l’on doit également le Stade Vuillermet, ancien écrin de l’équipe de rugby à XV du Lyon Olympique (LOU) – la Piscine se situe en contre-bas des quais de la rive gauche et fut à l’époque une innovation sur le plan architectural et technique.
Encore utilisé aujourd’hui, l’ouvrage – dénommé Centre Nautique Tony Bertrand – possède un bassin olympique de 50 mètres, un bassin de loisirs de 68 mètres, l’ensemble étant surmonté par quatre lampadaires monumentaux qui sont un symbole et un repère géographique du site.

Dans les années 1980, la capitale française – alors dirigée par Jacques Chirac qui deviendra plus tard Président de la République (1995-2007) – ambitionne de redevenir Ville Hôte des Jeux à une époque où le Mouvement Olympique se modernise et entre dans une nouvelle ère sous l’impulsion de Juan Antonio Samaranch.
Si Barcelone (Espagne) n’avait pas raflé la mise des Jeux d’été, et si Albertville (France) n’avait pas obtenu les Jeux d’hiver, Paris aurait pu recevoir la grand-messe du sport planétaire, avec parmi d’autres projets, l’organisation des épreuves aquatiques au cœur du quartier Tolbiac face au Palais Omnisports de Paris-Bercy.
Un Stade Nautique de 10 000 places fut en effet envisagé – avec un ordonnancement des tribunes similaire au projet aujourd’hui présenté pour Saint-Denis – et l’installation d’un bassin d’entraînement.
A l’époque, le dossier de candidature de Paris 1992 avait justifié ce choix de Tolbiac en insistant sur le fait que :
Un grand Stade Nautique, pour répondre à sa triple vocation scolaire, sportive de compétition et de loisirs, doit bénéficier d’une implantation préférentielle en site urbain à forte densité de population, ce qui sera le cas avec le développement de l’Est parisien, ainsi que d’une excellente accessibilité.
Un autre point commun avec le projet d’aménagement du Centre Aquatique Olympique des JO 2024 dans un secteur en devenir.
Outre le site de Tolbiac pour la natation, la natation synchronisée, le plongeon et le water-polo, Paris 1992 avait programmé le déroulement du tournoi préliminaire de water-polo au cœur de la Piscine Georges Vallerey d’une capacité de 4 000 places.

Pour les Jeux de 2004, la ville de Lille fut préférée à Lyon à l’issue d’un vote du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et pu dès lors présenter son projet auprès d’un CIO qui ne fut toutefois pas convaincu par la solidité du dossier et qui recala la cité nordiste avant même la phase finale.
Le projet lillois – pensé à l’échelle de tout un territoire métropolitain – avait imaginé l’organisation des épreuves aquatiques au sein de deux équipements distincts, à savoir la Piscine du Parc Olympique à Villeneuve d’Ascq et la Piscine Marx Dormoy à Lille.
Pour assurer la tenue des épreuves de natation et de natation synchronisée, la première dénommée aurait été édifiée dans un souci d’héritage vis-à-vis de la population locale. Dotée de 12 000 places au moment des Jeux, la structure aurait nécessité un investissement de l’ordre de 95,6 millions de dollars, valeur de l’époque, avec une participation du Comité d’Organisation à hauteur de 1,9 million.
Comme le mentionnait alors le dossier de candidature de Lille 2004 :
La piscine olympique, destinée aux compétitions régionales, nationales et internationales, accueillera, durant l’année scolaire, les étudiants et lycéens de Villeneuve d’Ascq et tous les habitants de la métropole lilloise.
Celle-ci, dotée de multiples accompagnements ludiques, sera particulièrement appréciée par sa qualité environnementale, son accessibilité, sa transparence et ses diverses possibilités scéniques extérieures. La gestion de cette piscine fera l’objet d’une attention particulière.
Inséré dans un programme urbain et paysager à long terme, le projet aquatique aurait été complété par l’apport de la Piscine Marx Dormoy qui, après un chantier de rénovation estimé à 25,6 millions de dollars – incluant 1,9 million de la part du Comité d’Organisation – aurait été en mesure de réceptionner les épreuves de plongeon et le tournoi de water-polo (5 270 places).

En 2001, Paris présenta à nouveau une candidature à l’organisation des Jeux, en revoyant complètement le dispositif prévu quelques années auparavant et en se tournant, déjà, en direction de la Seine-Saint-Denis pour y établir le Village des Athlètes en vue des JO 2008.
Pour ce qui est du Centre Aquatique Olympique, ce dernier aurait été implanté le long du Boulevard des Sports, dans le 19ème arrondissement de Paris. La structure – dont le coût fut chiffré à l’époque à 48,2 millions de dollars, dont 3,4 millions à la charge du Comité d’Organisation – aurait pu recevoir jusqu’à 15 000 spectateurs par session pour la natation, la natation synchronisée et les épreuves de plongeon.
Une seconde structure pérenne aurait en outre pris place à Créteil (Val-de-Marne) pour accueillir le tournoi de water-polo. D’une capacité de 5 900 places, cet équipement aurait demandé un investissement de quelques 20,4 millions de dollars, dont 4,4 millions pour le Comité d’Organisation.
A l’instar des précédents projets tricolores, la reconversion post-JO aurait été au cœur du concept, avec, pour le Centre Aquatique Olympique, une jauge maximale de 5 000 places, et l’installation des équipes de la Fédération Française de Natation (FFN) et d’un Centre de formation et d’entraînement pour le haut niveau. Pour l’autre équipement, à Créteil, Paris 2008 avait pensé à une réduction de la capacité à 2 000 places et à la localisation du siège de la Ligue Régionale de Natation d’Île-de-France.

Pour 2012 enfin, dernière candidature tricolore pour les Jeux d’été avant celle de Paris 2024, les porteurs du projet avaient envisagé l’installation du Centre Aquatique Olympique non loin du Stade de France, sur une parcelle de la commune d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
A cette époque, au milieu des années 2000, il fut envisagé l’aménagement d’un bâtiment unique pouvant accueillir jusqu’à 20 000 personnes par session au moment des Jeux, avant que la capacité ne soit abaissée à 5 000 après les compétitions.
Le projet fut alors estimé à 83 millions de dollars, une enveloppe comprenant une contribution du Comité d’Organisation pour 31,4 millions de dollars.
L’échec de la candidature, battue par Londres (Royaume-Uni), le 06 juillet 2005, a par la suite impacté durablement l’idée même d’aménager un Centre Aquatique Olympique et ce, même si des tentatives ultérieures ont été évoquées soit par la Municipalité d’Aubervilliers, soit par le Ministère des Sports dans le courant des années 2010.

Bien entendu, les différents projets français développés au cours des trente-quatre dernières années ne peuvent être comparés au niveau des coûts prévisionnels avec celui en cours aujourd’hui. Il n’empêche, la comparaison peut tout de même se faire quant aux dispositifs logistiques qui furent planifiés sur chacun des ouvrages pour et après les Jeux.
Avec l’émergence prochaine d’un Centre Aquatique Olympique de qualité près de Paris, il est désormais à espérer que la natation tricolore saura tirer son épingle du jeu et profiter, à moyen et long terme, des bénéfices offerts par un tel équipement qui faisait jusqu’alors défaut aux sportifs de l’Hexagone.
Pour la population locale, l’installation à venir d’un équipement sportif structurant est de nature à contribuer à un changement profond de l’espace urbain, un espace qui sera d’ailleurs complété par un écoquartier exemplaire qui saura valoriser au mieux l’ouvrage hérité des Jeux de Paris 2024.
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