JO 2024 : La Commission d’évaluation dans l’attente d’un nouveau leader

La semaine dernière, son nom était apparu dans un article du quotidien “Le Monde” concernant des soupçons de corruption relatifs à l’attribution des JO 2016 à Rio de Janeiro (Brésil).

Ce mardi, faisant suite à ces révélations, Frankie Fredericks a annoncé sa démission de la présidence de la Commission d’évaluation des Villes Candidates à l’organisation des Jeux d’été de 2024.

Ce départ soudain intervient à un peu plus d’un mois du début des visites de la Commission d’évaluation dans les Villes Candidates encore en lice ; Los Angeles (23 au 25 avril) et Paris (14 au 16 mai) ; et alors que les premiers travaux ont déjà été menés.

(Crédits – CIO)

Si les écrits formulés par ladite Commission n’engage en rien les membres électeurs du Comité International Olympique (CIO), ils n’en demeurent pas moins un indicateur de la qualité technique et de la capacité organisationnelle de chacune des Villes Candidates.

Le rôle de la Commission d’évaluation occupe d’ailleurs une place importante dans le cadre de la Charte Olympique, avec en particulier une mention dans le Texte d’Application de la Règle (TAR) 33 relatif à l’élection de la Ville Hôte.

La Charte Olympique précise ainsi que :

“Le Président du CIO nomme une Commission d’évaluation des Villes Candidates pour chaque édition des Jeux Olympiques. Chacune de ces Commissions comprendra des membres du CIO, des représentants des Fédérations Internationales, des Comités Nationaux Olympiques, de la Commission des Athlètes et du Comité International Paralympique. Les ressortissants des pays des Villes Candidates ne peuvent être admis comme membres de la Commission d’évaluation. La Commission d’évaluation peut se faire assister par des experts.

Chaque Commission d’évaluation étudiera les candidatures de toutes les Villes Candidates, inspectera les sites et remettra à tous les membres du CIO un rapport écrit sur toutes les candidatures, au plus tard un mois avant la date d’ouverture de la Session qui élira la Ville Hôte des Jeux Olympiques. Ce rapport comportera une analyse des risques et des opportunités de chaque candidature, ainsi que de la durabilité du projet et de son héritage.

Toutes les Villes Candidates fourniront les garanties financières requises par la Commission exécutive du CIO, qui déterminera si ces garanties doivent être fournies par la Ville elle-même, ou par toute autre collectivité publique locale, régionale ou nationale compétente, ou par des tiers quelconques”.

Pour la course aux Jeux de 2024, le Président Thomas Bach avait procédé à l’instauration de la Commission d’évaluation en février 2016, en plaçant à sa tête l’ancien athlète Namibien, Frankie Fredericks, médaillé d’argent à quatre reprises sur les épreuves du 100 mètres et du 200 mètres aux Jeux de Barcelone 1992 et d’Atlanta 1996.

Pour épauler cette figure de l’athlétisme, le CIO avait par ailleurs annoncer la présence de

  • Patrick Baumann (Suisse),
  • Marisol Casado (Espagne),
  • Mikaela Cojuangco Jaworski (Philippines),
  • Kirsty Coventry (Zimbabwe),
  • Nawal El Moutawakel (Maroc),
  • Ugur Erdener (Turquie),
  • Habu Gumel (Nigeria),
  • Poul-Erik Hoyer (Danemark),
  • Duane Kale (Nouvelle-Zélande / Membre du Comité International Paralympique),
  • Gunilla Lindberg (Suède),
  • Kereyn Smith (Nouvelle-Zélande),
  • Bernard Rajzman (Brésil),
  • Tsunekazu Takeda (Japon).

L’expérience de chacune de ses personnalités – dont une partie fut présente dans les Commissions d’évaluation pour les JO 2008 et les JO 2012 pour lesquels Paris était candidate – peut permettre d’identifier un potentiel successeur à Frankie Fredericks pour assurer la fonction de Président.

Au regard de leurs fonctions passées ou actuelles, quatre personnalités peuvent à cet égard se distinguer : Patrick Baumann, qui occupe aussi les fonctions de Président de SportAccord ; Nawal El Moutawakel, déjà Présidente des Commissions d’évaluations et de Coordination des JO 2012 et 2016 ; Gunilla Lindberg, Présidente de la Commission d’évaluation puis de Coordination des JO 2018 ; et enfin Tsunekazu Takeda, Président de la puissante Commission du Marketing.

Thomas Bach pourrait cependant choisir une autre option, et accorder sa confiance à une personnalité non-issue de la Commission d’évaluation.

Cela paraît néanmoins délicat compte-tenu du timing avant le début des visites des Villes Candidates.

La Marocaine Nawal El Moutawakel endossera-t-elle une nouvelle fois les habits de Présidente d’une Commission d’évaluation ? Ici lors de la 125e Session du CIO, le 08 septembre 2013 (Crédits – CIO / R. Juilliart)

Ayant un rôle majeur auprès de la Session du CIO et du Président de l’institution centenaire, la Commission d’évaluation est également une précieuse source d’informations pour les Présidents et les Secrétaires Généraux des Fédérations Internationales, chacune ayant son mot à dire quant à la pertinence des sites sélectionnés par les Villes Candidates.

Quoiqu’il en soit, la démission de Frankie Fredericks porte un nouveau coup à l’image du CIO et ce, même si le Namibien se défend de toute action illégale.

Déjà critiquée sur le plan de la communication et de la transparence et confrontée à la désaffection croissante de potentielles Villes Candidates, l’institution de Lausanne (Suisse) se trouve encore un peu plus dans la tourmente à 190 jours seulement de l’élection de la Ville Organisatrice des Jeux d’été de 2024.

Après les visites sur le terrain, la Commission d’évaluation aura à rédiger puis à présenter son rapport, courant juillet. Suivront alors une présentation des Villes Candidates à Lausanne, avant l’ouverture de la 130ème Session du CIO à Lima (Pérou) en septembre.

Los Angeles et Paris présenteront alors leur projet respectif une ultime fois. La Commission d’évaluation fera ensuite un compte-rendu de son rapport devant les membres électeurs, ces derniers étant enfin appelés à voter pour élire la Ville Hôte.

En annonçant sa démission, Frankie Fredericks n’a pas manqué d’avoir un mot à l’attention des deux concurrentes.

“Paris et Los Angeles présentent deux candidatures fantastiques et je ne veux pas devenir un élément perturbateur dans cette compétition” a ainsi affirmé celui qui fut par le passé, Président de la Commission des Athlètes du CIO.

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