JO 2024 : Le CIO intègre la protection des Droits de l’Homme et la lutte contre la corruption au Contrat Ville Hôte

Échaudé par les retraits de trois villes qui avaient candidaté à l’organisation des Jeux d’été de 2024 – quatre villes même si l’on intègre Boston – le Comité International Olympique (CIO) semble bien décidé à poursuivre les changements opérés dans sa gouvernance dans le cadre de l’Agenda 2020.

Ainsi, l’institution de Lausanne (Suisse) a annoncé ce mardi la prise en compte de nouveaux éléments au sein du Contrat Ville Hôte pour les Jeux de 2024. Désormais, les critères relatifs à la protection des Droits de l’Homme et à la lutte contre la corruption seront intégrés au Contrat, tandis que la place du développement durable est renforcée.

(Crédits - Capture d'écran / Sport & Société)
(Crédits – Capture d’écran / Sport & Société)

Les changements apportés au Contrat Ville Hôte font suite à une rencontre entre le Président du CIO, Thomas Bach, et divers mouvements internationaux placés sous l’égide de Sport and Rights Alliance (SRA).

Celle-ci rassemble en son sein Transparency International, UNI World Athletes, Terre des Hommes, Confédération Syndicale Internationale (CSI), Amnesty International et Human Rights Watch.

“Transparence, bonne gouvernance et responsabilité sont des principes clés de l’Agenda 2020.

L’organisation des Jeux devrait toujours promouvoir et renforcer les valeurs fondamentales de l’Olympisme.

L’étape que nous venons de franchir vient marquer une fois de plus l’engagement du CIO à intégrer ces valeurs dans tous les aspects des Jeux Olympiques. Nous travaillons en collaboration étroite avec la SRA et nous accueillons volontiers sa contribution qui se traduit désormais dans la nouvelle version du Contrat Ville Hôte” a précisé Thomas Bach à l’issue de cet échange.

Concrètement, les nouvelles dispositions établissent que la Ville Hôte devra veiller à :

  • Interdire toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, l’opinion politique ou toute autre opinion, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation ;
  • Protéger et respecter les Droits de l’Homme, d’une manière conforme aux Accords internationaux en vigueur, aux lois et règlements applicables dans le Pays Hôte, ainsi qu’aux principes reconnus à l’échelle internationale, notamment les Principes Directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux Droits de l’Homme ;
  • S’abstenir de tout acte de fraude ou de corruption, conformément aux Accords internationaux, aux lois et règlements applicables dans le Pays Hôte, et à toutes les normes anti-corruption reconnues au niveau international ,
  • Mener toutes les activités prévues aux termes du Contrat en tenant compte du développement durable et d’une manière qui contribue aux Objectifs de développement durable des Nations Unies ; prendre toutes les mesures nécessaires – le cas échéant en coopération avec les autorités du Pays Hôte et d’autres tiers – afin de s’assurer que ces activités respectent les Accords internationaux, les lois et règlements applicables dans le Pays Hôte en ce qui concerne l’urbanisme, la construction, la protection de l’environnement, la santé, la sûreté, la sécurité, les conditions de travail et le patrimoine culturel.
(Crédits - CIO)
(Crédits – CIO)

Los Angeles (États-Unis) ou Paris (France) devra donc se conformer aux nouvelles exigences du CIO qui cherche à cette occasion à se démarquer des polémiques qui ont pu avoir lieu au cours des dernières années.

Les critères édictés se veulent en effet une réponse aux critiques formulées à l’encontre du Mouvement Olympique à la suite des préparatifs des Jeux de Pékin 2008, Sotchi 2014 ou plus récemment, Rio 2016.

Dans les trois cas, des associations avaient soulevé une opposition – notamment sur les réseaux sociaux – pour dénoncer la pratique des expulsions et des expropriations forcées, sans compter le coût sans cesse plus élevé des chantiers.

L’image de corruption qui gravite souvent autour de l’univers olympique a contribué au développement de suspicions autour des conditions d’attribution des Jeux, ainsi qu’au renforcement des mouvements contestataires, comme à Hambourg (Allemagne) pour l’échéance 2024.

Des renoncements anticipés, à l’instar des Pays-Bas qui auraient pu viser l’organisation des JO 2028, et des engagements préliminaires, comme pour la candidature de Rome 2024, ont également été actés.

Au-delà de ces problématiques, certains verront également un avertissement à l’égard de potentielles Villes Candidates intéressées par les échéances à venir, mais aussi une mise en garde à l’attention du Président des États-Unis, Donald Trump, concernant sa politique migratoire.

Thomas Bach, Président du CIO, lors de l'arrivée de la flamme olympique de Rio 2016 à Lausanne, le 29 avril 2016 (Crédits - IOC / A. Meylan)
Thomas Bach, Président du CIO, lors de l’arrivée de la flamme olympique de Rio 2016 à Lausanne, le 29 avril 2016 (Crédits – IOC / A. Meylan)

Quoiqu’il en soit, l’apport d’éléments nouveaux illustre surtout la volonté du CIO de rendre son fonctionnement plus accessible et transparent.

Les documents relatifs au processus de candidature sont en ce sens disponibles pour le public, et des efforts ont été menés pour réduire les coûts d’une campagne olympique pour les Villes Candidates.

A titre d’exemples, les droits de candidature ont été abaissés, passant de 650 000 dollars à 250 000 dollars avec un versement en trois fois. Les visites de la Commission d’évaluation sont quant à elles prises en charge par le CIO et non plus par les Villes Candidates. L’institution apporte enfin une contribution non-négligeable pour aider au financement des préparatifs organisationnels.

Pour 2024, la Ville lauréate percevra ainsi entre 1,5 et 2 milliards de dollars de la part du CIO.

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