A 165 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques de Rio 2016, les organisateurs s’attèlent actuellement aux derniers chantiers sur les sites qui accueilleront les compétitions. Si une partie des installations sportives est déjà achevée, plusieurs infrastructures demeurent encore en travaux.
C’est notamment le cas du Centre Aquatique du Parc Olympique de Barra.

La Fédération Internationale de Natation (FINA) a d’ailleurs reconnu que l’épreuve-test des Jeux ne pourrait sans doute pas se dérouler au sein de la piscine olympique et ce, en raison d’un retard dans la mise en place du système de ventilation.
Prévue du 15 au 20 avril 2016, l’épreuve-test devrait dès lors être transférée au cœur du Maria Lank Aquatic Center, site des compétitions de plongeon.
Située elle-aussi dans le Parc de Barra, l’installation – construite dans le cadre des Jeux Panaméricains 2007 – aurait le mérite de ne pas engendrer de perturbations trop importantes pour les nageurs présents en avril prochain, notamment en ce qui concerne le transport sur place.

Néanmoins, les retards dans l’aménagement du Centre Aquatique principal pose une question majeure : la natation sera-t-elle le parent pauvre des Jeux d’été de 2016 ?
Sur les installations encore en cours d’édification, le Centre Aquatique est achevé à 97%, soit un niveau relativement élevé. Toutefois, la capacité finale de l’équipement aquatique interpelle.
En effet, à l’occasion des Jeux, les tribunes auront une capacité de 12 000 sièges, mais seuls 8 000 d’entre-eux devraient être réservés au grand public. Après les Jeux, les tribunes seront entièrement démantelées.
Étonnant pour un sport qui, année après année, gagne en popularité, même au Brésil avec les performances de la star nationale, César Cielo (triple médaillé olympique dont le titre sur 50 mètres nage libre en 2008, sextuple Champion du Monde, etc…).

Initialement pourtant, le dossier de candidature déposé par Rio 2016 au siège du Comité International Olympique (CIO) – et sur la base duquel la cité carioca a été élue à l’automne 2009 – mentionnait noir sur blanc l’aménagement d’un site de 18 000 places.
Ce site qui devait, après les Jeux, devenir l’un des équipements du Centre d’Entraînement Olympique. Ce dernier point semble, aujourd’hui, être le seul maintenu en l’état.

A titre de comparaison, l’Aquatic Center des Jeux de Londres 2012 disposait de 17 500 places durant les compétitions – 2 500 depuis la clôture de l’événement -, tandis que le “Cube d’Eau” des Jeux de Pékin 2008 offrait une capacité de 17 000 sièges (6 000 pérennes).
Pour les Jeux d’Athènes 2004, quelques 11 500 personnes pouvaient prendre place dans les tribunes du Centre Aquatique en plein air. Quatre ans auparavant, 17 500 spectateurs (10 000 places pérennes) avaient pu assister aux différentes sessions des épreuves de natation de Sydney 2000.
Si l’on remonte encore plus loin, Atlanta 1996 avait proposé le Georgia Tech Campus Recreation Center avec 14 600 places (1 950 places maintenues). Plus tôt, Barcelone 1992 avait mobilisé plus de 10 000 places dans le cadre du complexe aquatique Bernat Picornell, dernièrement utilisé pour les rencontres de water-polo (5 000 sièges) des Mondiaux 2013.

Sur les six Olympiades citées – et en prenant en compte la nécessaire réservation de sièges pour les officiels, les entraîneurs et les journalistes -, seules deux éditions ont donc proposé une capacité d’accueil similaire à celle de Rio 2016.
Mais à l’époque, la natation n’avait pas la même envergure qu’aujourd’hui. Surtout, elle n’avait pas la même visibilité médiatique.
Quelques chiffres permettent d’ailleurs de le démontrer.
Les Mondiaux de natation de Kazan 2015 ont ainsi connu un succès populaire certain, avec quelques 316 259 billets vendus, soit 78% de la billetterie disponible.
Côté audiences, les derniers Championnats du Monde ont été diffusés dans 107 pays à travers le monde, grâce à la mobilisation de 81 diffuseurs, et ont généré une audience cumulée de l’ordre de 4,5 milliards de téléspectateurs.

Tokyo 2020 semble avoir pleine conscience de ces données, puisque les organisateurs des Jeux Olympiques d’été 2020 envisagent l’aménagement d’une aréna modulable de 20 000 places pour les épreuves de natation. Après les Jeux, 5 000 places demeureront pérennes.
Si l’on se projette encore plus loin, les quatre Villes Candidates à l’organisation des Jeux de 2024 proposent elles-aussi des enceintes de grande capacité, avec une planification à long terme.
Rome (Italie) prévoit – sans surprise – de réutiliser le Stadio del Nuoto construit pour les Jeux de 1960 et qui a accueilli les Mondiaux de natation en 2009. Pas moins de 15 000 personnes pourront s’installer dans les tribunes, dont certaines seront temporaires.
Paris (France) envisage – enfin – l’aménagement d’un Centre Aquatique limitrophe du Stade de France. Au moins 15 000 spectateurs pourront assister aux sessions durant les Jeux, tandis que la capacité de l’installation pourrait être réduite à 5 000 places après les compétitions et ce, dans un souci de laisser un héritage pour le territoire et en particulier pour la Seine-Saint-Denis.
Los Angeles (États-Unis) prévoit quant à elle l’édification – entre 2016 et 2018 – d’une enceinte de 22 000 places qui serait entièrement reconfigurée après les Jeux. Situé à proximité immédiate du mythique Los Angeles Memorial Coliseum, le LAFC Stadium deviendrait alors un stade dédié à la pratique du football.
Budapest (Hongrie) enfin, s’est d’ores et déjà engagée dans l’aménagement d’un nouveau Centre Aquatique et ce, dans le cadre des préparatifs d’organisation des Championnats du Monde de natation 2017. A cette occasion mais aussi durant les Jeux, 19 000 spectateurs pourront être accueilli dans cette installation moderne. Après les festivités, 5 000 sièges resteront pérennes.
Signe de l’intérêt pour la natation, même la candidature avortée de Hambourg (Allemagne) avait envisagé l’édification d’un Centre Aquatique modulable d’une capacité comprise entre 2 000 et 17 000 sièges.

Le Directeur Exécutif de la FINA reste néanmoins confiant pour Rio, comme il l’a réaffirmé auprès de l’Associated Press (AP), en espérant que la natation soit l’un des vecteurs du succès des prochains Jeux.
Pour Cornel Marculescu, “il y a encore beaucoup de choses à faire.
[…] Chaque Fédération veut avoir les meilleures conditions possibles d’accueil des compétiteurs.
[…] Nous ne sommes plus en mesure de nous plaindre et nous devons faire avec ce que nous avons et non avec ce que nous n’avons pas. Nous sommes dans une situation où nous devons faire au mieux avec ce que nous avons”.
Une critique à peine voilée à l’attention des organisateurs des Jeux et des parties prenantes aux chantiers, à commencer par le Maire de la ville de Rio de Janeiro, Eduardo Paes.
Le même qui aurait – selon la presse brésilienne – envoyé un courriel au Comité International Olympique (CIO) pour informer l’institution du risque de ne pouvoir livrer le “Métro Olympique” dans les délais.

Compte-tenu de ces différents déboires organisationnels et sans présager de la réussite ou non des JO 2016, des têtes pourraient bien tomber dans la sphère politique locale une fois la flamme olympique éteinte…