JO 2024 : Le Gouverneur du Massachusetts suggère que le référendum soit organisé début 2016

Confrontée à de virulentes critiques depuis plusieurs mois, la candidature olympique de Boston 2024 doit désormais être soumise au filtre du référendum.

En effet, dans un espoir de sursaut de la candidature, les promoteurs de l’ambition olympique du Massachusetts et les autorités locales s’étaient récemment accordés sur la nécessité d’organiser un scrutin à l’échelle locale, fin 2016.

Mais aujourd’hui, en dépit d’une trentaine de réunions publiques et d’un projet olympique repensé et chiffré, le soutien populaire ne décolle pas, bien au contraire. Outre cette donnée importante, le soutien politique semble vaciller lui-aussi avec un appui franc et massif qui se fait toujours attendre venant du Gouverneur de l’État, Charlie Baker.

Ce dernier avait pressé les porteurs de la candidature à dévoiler rapidement le projet remanié et ce, avant de s’entretenir avec les leaders de l’opposition olympique puis de demander un audit indépendant sur les impacts économiques du projet.

Une attitude déconcertante pour certains. Un souci de transparence et d’écoute pour d’autres.

(Crédits - Page Facebook de Charlie Baker)
(Crédits – Page Facebook de Charlie Baker)

Quoiqu’il en soit, la dernière suggestion de Charlie Baker pourrait une nouvelle fois attiser le dynamisme des opposants et réduire encore davantage le soutien à la candidature. Ainsi, l’élu Républicain propose de mettre en œuvre le référendum au début de l’année 2016 et non à la fin de cette même année.

Cette proposition répond avant tout à une certaine logique : l’élection présidentielle et plusieurs scrutins fédéraux doivent se tenir le premier mardi du mois de novembre 2016.

L’idée d’organiser un référendum aussi important que celui portant sur la candidature olympique de Boston – lorsque l’on connait les enjeux supranationaux – pourrait de fait être mal interprétée et devenir un scrutin secondaire mais extrêmement politisé.

Par conséquent, en œuvrant pour que le référendum ait lieu en début d’année 2016,le Gouverneur du Massachusetts espère sans doute que les citoyens se mobiliseront pleinement sur ce scrutin et ne seront pas détournés par d’autres enjeux politiques ou économiques. En somme, une volonté que la candidature olympique ne soit pas noyée ou éclipsée par des considérations fédérales.

Mais la tenue du référendum dans le courant du premier trimestre 2016 présente aussi un risque : que l’inversion de la tendance négative actuelle n’ait pas lieu dans un délai aussi limité à partir du dépôt des candidatures auprès du Comité International Olympique (CIO), le 15 septembre 2015.

Car au regard des derniers sondages publiés, le souhait du Président du Comité Olympique des États-Unis (USOC) risque de ne pas pouvoir être exaucé à temps. Ce dernier veut en effet que le soutien populaire dépasse le seuil symbolique des 50% “rapidement” et qu’il atteigne même 60% en 2017, année de l’élection de la Ville Hôte par l’institution olympique.

Or, aujourd’hui, l’appui à la candidature est plus ou moins inférieur à 40% alors que dans le même temps, l’opposition frôle ou dépasse les 50%. La saison estivale n’étant pas forcément propice à la mobilisation des foules, il n’est pas à écarter que ces données puissent être sensiblement identiques à la rentrée de septembre

Résultats du sondage WBUR / MassINC réalisé entre le 06 et le 08 juillet 2015
Résultats du sondage WBUR / MassINC réalisé entre le 06 et le 08 juillet 2015

Un élément devra néanmoins être pris en considération avant de confirmer le choix du mois de novembre ou revenir sur celui-ci et choisir le début de l’année 2016.

En organisant le référendum le 1er novembre, en même temps que l’élection présidentielle, les porteurs de la candidature savent qu’ils pourront potentiellement s’appuyer sur une base électorale d’au moins 3 millions de citoyens. En novembre 2012 en effet, 3,1 millions de personnes avaient fait le déplacement aux urnes afin d’élire le 44e Président des États-Unis.

A l’inverse, en organisant le scrutin dans le courant du premier trimestre ou le 1er mars, soit au même moment que le scrutin des Primaires, Boston 2024 prend le risque de ne pas attirer autant de citoyens dans les isoloirs. En février 2012, 1,8 million de citoyens s’étaient ainsi déplacés pour participer à la désignation des candidats.

Dernier élément à prendre en compte : lorsqu’il s’agit de se prononcer sur une candidature olympique, les derniers scrutins et les dernières tendances en la matière, ont démontré que le camp des opposants avait un avantage en ce qui concerne la mobilisation populaire. Cela fut le cas à Munich (Allemagne) et Cracovie (Pologne) pour les JO d’hiver de 2022.

Pour l’heure, le Comité de Candidature de Boston 2024 ne semble pas s’être penché de manière optimale sur la question du référendum. Avant cela, il doit préparer l’entrée dans la course olympique de Boston et surtout travailler encore et encore pour que les enquêtes d’opinion affichent enfin un taux de soutien supérieur à celui de l’opposition.

(Crédits - Boston 2024)
(Crédits – Boston 2024)

La partie est loin d’être gagnée. Un rendez-vous pourrait toutefois précipiter les choses : la remise de l’audit indépendant au mois d’août.

Si les données compilées dans ce document sont favorables à Boston 2024, la candidature aura les cartes en mains pour choisir l’échéance du référendum.

En revanche, si l’audit apporte des résultats contrastés ou négatifs, le Gouverneur du Massachusetts aurait alors la possibilité de prendre le contrôle des choses, voire même de prononcer son opposition à la candidature.

Un scénario que les partisans de Boston 2024 ne peuvent aujourd’hui imaginer.

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