Réuni à Singapour, le Comité International Olympique désigne Londres comme Ville Organisatrice des Jeux de la XXXe Olympiade, le 06 Juillet 2005. Sept ans plus tard, la capitale britannique s’apprête à accueillir plus de 10 500 athlètes et plusieurs millions de visiteurs.
Pour convaincre les membres du CIO de l’utilité d’élire Londres, le Comité de Candidature a mis en avant son projet de réhabilitation d’une friche industrielle de l’East End (§1). Une fois l’élection passée et en marge de la crise économique de 2008, le Comité d’Organisation a du faire face à une mobilisation de moyens économiques et humains sans précédent (§2) pour le Royaume-Uni.
§1 : La mutation d’une friche industrielle de l’East End
Les organisateurs des Jeux de Londres ont élaboré un projet olympique comme catalyseur de la régénération de Stratsford (A) tout en pensant à un projet urbain comme accélérateur de développement (B).
A) Un projet olympique comme catalyseur de la régénération de Stratford
Pour Londres, le principal défi a été de réaménager un espace territorial tout entier : le quartier de l’East End, autrement dit, le quartier de Stratford à l’Est de la capitale.
Au XIXe siècle, ce quartier avait connu une forte expansion, démographique et économique, du fait de la Révolution Industrielle. Un siècle plus tard, la crise pétrolière qui a entrainé les crises sociales des années 1970-1980, a laissé sur ce site des usines à l’abandon et des sols fortement pollués par des métaux lourds.
A l’heure de porter la candidature londonienne, les autorités ont donc pensé à l’aménagement de ce secteur de la capitale britannique pour y implanter le Parc Olympique. Pour mener à bien cet aménagement gigantesque sur plus de 2,5km², il a d’abord fallu dépolluer les sols en extrayant quelques deux millions de tonnes de terres et de débris provenant des anciennes usines.
Le Parc Olympique de Londres s’inscrit pleinement dans le cadre du Plan pour Londres adopté en 2004. Cet équivalent britannique du Plan Local d’Urbanisme (PLU) vise, selon le dossier de candidature présenté en 2005, à « transformer Stratford en un nouveau centre métropolitain important de l’Est de Londres. Stratford doit devenir un quartier des affaires européen pour la ville, tout en offrant un nombre important de nouveaux logements ». Afin de mettre en œuvre ce projet, un permis de construire a été accordé dès le 09 Septembre 2004, soit plus de dix mois avant la désignation de Londres comme Ville-Hôte des JO. Ce constat témoigne donc de la volonté de la municipalité londonienne d’aménager ce secteur jusqu’alors délaissé et par endroits insalubres, même sans avoir la garantie d’obtenir l’événement sportif.
Plusieurs étapes ont été indispensables avant de parvenir à la livraison des équipements olympiques parmi lesquels le Village des Athlètes. Ce site est l’une des infrastructures les plus importantes, tant du point de vue de la superficie que de l’investissement financier nécessaire. De fait, la procédure d’aménagement devrait être effectivement mise en place en dix ans (2003-2013).
La première étape a consisté à la réalisation des études environnementales (2003-2004), la sélection du site d’implantation et la signature d’un accord-cadre avec un consortium public-privé, de même que la réalisation d’un Plan Directeur et l’obtention du permis de construire, fin 2004. Ensuite, la deuxième étape a débuté peu avant la désignation de Londres comme Ville Organisatrice. Les plans d’étude et de relogement détaillés ont ainsi été conçus avant le lancement d’un appel d’offres international entre le deuxième semestre 2005 et le deuxième semestre 2006. La troisième phase enfin, a consisté à la démolition des derniers vestiges de l’ère industrielle du quartier de Stratford et les opérations de dépollution du site. La construction du Village Olympique a débuté en 2008 et s’est échelonnée jusqu’à la fin de l’année 2011 où le Comité d’Organisation a officiellement pu disposer de cet ensemble composé de onze immeubles d’une surface habitable de 250 000m².
Les autres principales infrastructures des Jeux de Londres ont aussi été implantées sur le site de l’East End, parmi lesquelles : le Stade Olympique de 80 000 places et le Centre Aquatique de 17 500 places.
Élaboré dès 2003, le projet olympique s’inscrit en réalité dans un schéma de développement de l’ensemble de l’Est de Londres. Ne souhaitant pas refaire les erreurs de Villes-Hôtes par le passé, Londres a donc conçu un projet urbain comme accélérateur de développement (B).
B) Un projet urbain comme accélérateur de développement
Les villes qui obtiennent l’organisation des Jeux ont l’obligation de mettre à disposition des athlètes et de l’ensemble du Mouvement Olympique, des infrastructures adéquates pour les entrainements, les compétitions mais aussi les transports et l’hébergement. Par conséquent, la transformation urbaine qui s’échelonne durant les sept années précédents l’ouverture de l’événement, apporte un legs incomparable et permet à la Ville-Hôte, de disposer d’infrastructures nouvelles qu’elle aurait mis des décennies à concevoir. Pour Londres, Monsieur Tony TRAVERS, professeur à la London School of Economics, rappelle que « Newham était une grande zone industrielle, mais la plupart des usines ont fermés leurs portes. Il faudra dix à vingt ans pour que ce quartier soit totalement transformé, mais cela aurait demandé cinquante à soixante ans sans les Jeux ».
Le cas de Londres est une illustration parfaite de cette volonté de transformer une partie de la ville pour en restructurer les limites territoriales, les fondements et les habitudes. En réaménageant l’East Endde la capitale britannique, le Comité d’Organisation a souhaité léguer à l’ensemble du pays, des bâtiments de grande capacité certes, mais qui ont été élaborés selon le principe de durabilité et de legacy. De fait, avant même la Cérémonie d’Ouverture, Londres peut se targuer d’avoir bâti en un minimum de temps, le plus grand parc urbain d’Europe depuis cente-cinquante ans, en l’occurrence le Parc Olympique qui deviendra, à l’issue des Jeux, le Parc Élisabeth II.
Afin d’assurer la reconversion efficace du site, les autorités ont institué l’Olympic Park Legacy Company. Tandis que le LOCOG veille au bon déroulement des préparatifs des Jeux et que l’Olympic Delivery Authoritya été chargée de construire les nouveaux bâtiments, cette société publique à but non lucratif, a été chargée d’élaborer un plan de développement à partir des nouvelles infrastructures, pour les vingt-cinq prochaines années. Elle constitue avec le LOCOG et l’ODA, les structures juridiques en charge du développement du site olympique de Londres. Après l’élection de la capitale britannique, le défi principal des organisateurs a été de penser à l’après-JO, autrement dit, avant même la construction effective du site, sa reconversion et son implantation dans le paysage urbain. Du fait des délais extrêmement resserrés pour livrer les infrastructures olympiques, les investisseurs ont du présenter des projets de régénération auprès de l’Olympic Park Legacy Company, dès 2009. Dans une brochure éditée par cette instance, trois plans ont été présentés et illustrent la vision à long terme adoptée par les organisateurs : un plan du site en 2012, un autre deux ans après les Jeux et enfin un dernier schématisant l’aspect du site à l’horizon 2030.
Après les Jeux, une première étape s’ouvrira. Elle consistera à confier la propriété et l’usage des principaux équipements du Parc, des organisateurs à des entités juridiques à part entière. D’ores et déjà, avant même l’ouverture des Jeux, six des huit équipements construits de manière pérenne ont obtenu la garantie d’être ré-exploités. Ainsi, le Centre Aquatique, qui aura une capacité réduite à l’issue des Jeux, sera géré par le Greenwich Leisure Limited(GLL). Cette société coopérative à but non lucratif qui détient déjà l’exploitation d’environ quatre-vingt dix centres de loisirs au Royaume-Uni, aura en charge la gestion du Centre pour dix ans, soit entre 2013 et 2023. De même, le site adjacent au Vélodrome, a été confié à la Lee Valley Regional Park Authority. Cet organe, créé en 1967, veille à la préservation et l’entretien de 10 000 hectares de parcs bordant les rivières de la région londonienne. Le site des compétitions de canöé-kayac a aussi été confié à l’organisme londonien ainsi que le centre de tennis et le centre de hockey. L’ensemble de ces structures deviendra, dès 2013, la propriété de la Lee Valley Regional Park Authorityqui procédera à un changement de nom de chacun des sites, selon un principe similaire au naming. Développé aux États-Unis, ce principe consiste, au travers d’un partenariat, à donner le nom d’une entreprise privée à une enceinte sportive pour une durée donnée, comprise généralement entre dix et trente ans, moyennant l’apport d’une participation financière annuelle. Le namingpeut aussi être utilisé dans le cadre de compétitions sportives, avec par exemple, la Heineken Cup(rugby) ou l’Open Gaz de France(tennis). La procédure permet d’accroitre la notoriété du sponsor tout en garantissant le financement global de l’enceinte.
La deuxième étape de la reconversion portera sur le développement du projet de régénération du quartier Est, avec notamment l’aménagement de divers services et la priorité donnée au respect de l’environnement.
L’Olympic Park Legacy Company, devenue le 1er Avril 2012, la London Legacy Development Corporation, devrait à cet effet investir 350 millions de livres (soit plus de 432 millions d’euros). Dans ce parc de 2,5 km² largement arboré avec 2 000 arbres et 300 000 plantes de zones humides, l’organisme prévoit l’aménagement de quelques 8 000 logements ainsi que onze écoles et crèches, trois centres de santé pluridisciplinaires et un campus universitaire. Le 13 Septembre 2011 a également constitué une étape supplémentaire dans la reconversion annoncée du site olympique. Westfield Stratsfort, le plus grand centre commercial d’Europe a ainsi été ouvert sur trois étages avec plus de trois-cent magasins. Outre des commerces, le Parc Olympique sera doté de bureaux. Selon les estimations de la London Legacy Development Corporation, ces divers investissements devraient permettre la création ou le maintien de 8 à 10 000 emplois.
Dans un souci de respect de l’environnement, l’accès au Parc se fera principalement, pendant et après les Jeux, par les transports en commun et notamment quinze lignes de bus. A l’intérieur du Parc, des espaces piétonniers et des pistes cyclables ont été aménagés de même qu’une trentaine de ponts et passerelles près des sites sportifs, afin de rendre ces espaces accessibles aux personnes valides et aux personnes en situation de handicap. Les sites sportifs ont aussi été conçus dans un souci de durabilité. Si certains ont été édifiés avec des matériaux recyclables comme le Vélodrome (en bois), d’autres ont été élaborés dans un objectif de démantèlement total ou partiel. Ainsi, le Centre de Water-Polo sera entièrement démantelé afin de ne pas laisser un potentiel « éléphant blanc » au cœur du Parc tandis que le Stade Olympique d’une capacité de 80 000 places durant les Jeux sera partiellement démantelé pour réduire sa capacité à 25 000 sièges. Il en sera de même avec le Centre Aquatique situé à proximité, qui aura une capacité de 2 500 places à l’issue des JO contre 17 500 pour les compétitions.
Pour espérer une reconversion réussie de son Parc Olympique, Londres 2012est parvenu à mettre en place une politique de durabilité et d’héritage olympique qui pourrait faire du Parc Élisabeth II, l’un des futurs centres névralgiques de la capitale britannique et un exemple à suivre pour les futures Villes Candidates, au même titre que Barcelone en 1992.
Néanmoins, pour parvenir à ces objectifs, le Comité d’Organisation a eu recours à une mobilisation de moyens économiques et humains sans précédent (§2), ce qui pourrait sensiblement altérer l’aspect bénéfique des Jeux et de leur reconversion.
§2 : La mobilisation de moyens économiques et humains sans précédent
Le projet de développement de l’Est londonien a d’ores et déjà permis de réaliser des infrastructures sportives et extra-sportives qui bénéficieront à l’ensemble de la population. Le retour sur investissement est néanmoins encore hypothétique et pose la problématique du coût budgétaire (A) mais aussi du coût sécuritaire (B) pour l’organisation d’un événement représentant la tenue simultanée de vingt-six championnats du monde dans une ville comme Londres.
A) La problématique du coût budgétaire
Même si la quasi-totalité (98%) des 1 500 contrats du Parc Olympique ont été attribués à des entreprises britanniques, le retour sur investissement demeure plus qu’incertain. Selon de premières estimations, la construction aurait représenté un gain de 0,6% du Produit Intérieur Brut (PIB) sur la période 2008-2012 et devrait représenter un surplus de seulement 0,1% pour l’année 2012. Ce faible chiffre s’explique de deux manières. D’une part, Londres possédait déjà, avant les Jeux, des infrastructures performantes et une économie solide malgré les remous de la crise économique. Ce n’était par exemple pas le cas de Barcelone en 1992, qui commençait à peine son réel développement économique, social et urbain, et qui avait donc connu une sensible hausse de son taux de croissance avant et après les Jeux. D’autre part, il est indéniable que la crise économique de 2008 a pu influer sur les investissements du secteur privé. En effet, ce dernier a été particulièrement frileux au regard d’un événement mondial souvent déficitaire à court terme et dont la rentabilité à long terme n’est jamais assurée à l’avance.
Le coût des principaux équipements du Parc Olympique a par conséquent fortement augmenté depuis 2008. Londres 2012 présentait dans son dossier de candidature un budget COJO de l’ordre de 2,46 milliards de dollars (soit plus de 3 milliards d’euros) dont 417 millions de dollars (plus de 515 millions d’euros) consacrés aux sites sportifs. Pour le budget hors-COJO, autrement dit les dépenses ne dépendant pas du Comité d’Organisation, Londres 2012 prévoyait 2,1 milliards de dollars (soit près de 2,6 milliards d’euros) dédiés aux Jeux. Sept ans plus tard, si le COJO annonce un budget stabilisé à près de 10 milliards d’euros, un Rapport Parlementaire estime pour sa part que le budget des Jeux de 2012 pourrait atteindre 13 milliards d’euros. Certaines estimations vont même jusqu’à prévoir un budget global, coûts directs et indirects, de 29 milliards d’euros dont une partie non-négligeable provenant des financements publics.
Pour palier à ces hausses considérables inhérentes à un événement dont il faut au préalable prévoir les possibles retombées dans le cadre du dossier de candidature, les autorités publics ont décidé d’augmenter les tarifs de certains services comme ceux des transports en commun (7% fin 2011) et une hausse annuelle des prix de l’immobilier de 6% pour les futurs logements du Parc Olympique. Les commerçants et les hôteliers britanniques ont eux aussi décidé de profiter de l’événement sportif, pour rehausser leurs tarifs avant la venue des spectateurs et des touristes. Selon le site spécialisé Trivago, ces augmentations auraient été de l’ordre de 6% pour le seul mois d’Avril 2012.
Les impôts locaux ont eux aussi été rehaussés à l’occasion des Jeux. En moyenne, la participation de chaque foyer londonien a été de l’ordre de 23 euros par an, soit 139 euros depuis 2006. La taxe d’habitation devrait par conséquent générer 737 millions d’euros de revenus pour l’État, ce qui demeure largement insuffisant au regard de la participation du secteur public au financement des Jeux. L’État a ainsi dépensé quelques 6,35 milliards de livres (soit 7,849 milliards d’euros), ce qui représente en moyenne 200 livres (247 euros) par contribuable britannique.
La hausse des impôts n’est toutefois pas une nouveauté dans l’univers olympique. En 1992 par exemple, à l’occasion des JO d’hiver d’Albertville, les pouvoirs publics avaient justifié l’augmentation des impôts locaux par l’importance des investissements réalisés. Dans une note technique, il est ainsi mentionné qu’Albertville « a dû réaliser en cinq ans ce qu’elle aurait, dans une gestion traditionnelle, fait en quinze ou vingt ans. D’où une situation financière tendue pendant quatre ou cinq ans où les investissements seront limités au strict indispensable (8 millions par an), alors que sur les cinq dernières années, l’investissement municipal était plus important (120 millions par exemple en 1990 ». De fait, les impôts locaux ont connu une hausse de 2% en 1989, 9% en 1990 et 1991, 4,5% l’année des Jeux (1992) puis 5% l’année suivante en 1993.
Face à ses hausses d’impôts, passées ou actuelles, des mouvements associatifs se sont constitués dans le but de dénoncer les pratiques liés à l’organisation des Jeux et au déroulement de ces derniers. Du fait des restrictions budgétaires votées par le Parlement britannique (environ 80 milliards d’euros sur quatre ans) et compte tenu de la réglementation olympique en vigueur dans la ville au moment des Jeux, six associations de protestation ont ainsi vu le jour depuis 2005, parmi lesquelles Occupy London. Celle-ci a décidé de contester la tenue et le coût des Jeux de Londres, en promettant d’agir « pour que le mois de Mai donne le coup d’envoi à un été que le ‘un pour cent’ ne sera pas près d’oublier ».
D’autres mouvements ont été institués dans des domaines variés mais qui ciblent toujours le relationnel entre les Jeux et le monde économique et financier. Ainsi, une association d’athlètes s’est constituée pour dénoncer la présence parmi les sponsors officiels de Londres 2012, de l’entreprise chimique Dow Chemical qui a racheté l’usine chimique responsable de la catastrophe de Bhopal, qui avait provoqué le décès de 15 à 25 000 personnes en Inde en 1984. Des entreprises comme British Petrolum ou Rio Tinto sont aussi dans le collimateur des protestataires. Néanmoins, l’importance des partenariats entre le CIO, le LOCOG et ces multinationales, explique sans doute que ces deux autorités n’ont pas donné suite aux revendications, cautionnant de fait des pratiques sociales et environnementales qui sont parfois en totale contradiction avec les fondements définis par la Charte Olympique.
La problématique économique et sociale n’est pas sans rappeler la sensible problématique des moyens de sécurité déployés à l’occasion des Jeux. Face à un événement international organisé dans une ville mondiale comme Londres, les autorités ont en effet décidé de mettre en place des moyens de protection autour des sites et des spectateurs considérables qui posent par conséquent la problématique du coût sécuritaire (B).
B) La problématique du coût sécuritaire
L’organisation des Jeux Olympiques dans une ville comme Londres, nécessite la mobilisation de moyens de sécurité considérables : en matière de prévention des risques terroristes d’une part, des mouvements de contestation d’autre part et enfin de la lutte contre l’utilisation abusive et la contrefaçon des symboles olympiques.
Depuis sa désignation, la capitale britannique demeure traumatisée par deux événements majeurs : les attentats, survenus le 07 Juillet 2005 soit le lendemain du vote olympique, et les émeutes urbaines survenues durant l’été 2011. De fait, le LOCOG et les autorités publiques ont mis en place un plan d’encadrement des déplacements dans la capitale et en particulier au cœur du Parc Olympique où se déroulera la majeure partie des épreuves olympiques et paralympiques. Ainsi, environ 40 000 policiers devraient être déployés à proximité du Parc et des installations annexes proches de la Tamise et 70 000 volontaires devraient être recrutés et formés d’ici à la Cérémonie d’Ouverture, le 27 Juillet 2012. Plusieurs exercices ont déjà été organisés afin de repérer les possibles failles d’un système de protection de l’ordre public inédit au Royaume-Uni par temps de paix. Outre les moyens humains indispensables à la sécurité d’un tel événement, les autorités britanniques ont décidé de la mobilisation de navires militaires positionnés sur la Tamise et de batteries antimissiles pour parer à toute éventuelle attaque terroriste durant les JO.
La mobilisation de moyens logistiques pour les Jeux a été accrue après les attentats du 11 Septembre 2001. Athènes, première ville olympique depuis ces événements, avait eu recours au service de l’armée avec la mobilisation de 70 000 soldats et policiers et la mise en place d’un conseil stratégique antiterroriste composé de représentants de sept pays dont l’Allemagne et la France et d’experts de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Compte-tenu de la mobilisation de moyens aussi importants, le budget sécurité des Jeux Olympiques n’a cessé de croitre depuis quinze ans. A Athènes, le budget le plus important de l’histoire avait été adopté pour la sécurité avec l’investissement de 1,2 milliard d’euros. A Londres, le budget pourrait être sensiblement identique et de fait, dépasser certains secteurs d’investissements essentiels à la réussite des Jeux, comme celui de sites sportifs, ce qui démontre bien la disproportion des moyens au profit d’un événement mondial certes, cible potentiel des terroristes, mais qui demeure et doit demeurer avant tout l’expression du monde sportif et de sa philosophie de paix, de solidarité et de fraternité.
En plus du risque terroriste, les autorités britanniques ont un temps redouté les mouvements de grève suite aux menaces de certaines organisations syndicales. Ces dernières, souhaitant profiter de l’aura des Jeux, avaient ainsi menacé le Gouvernement d’organiser des mouvements de grève dans des secteurs particulièrement stratégiques comme celui des transports. Pour éviter une paralysie des transports londoniens durant la période d’affluence que constitue la célébration olympique, et afin « d’acheter la paix sociale », les autorités britanniques ont décidé de verser une prime individuelle aux salariés du métro. Ces derniers percevront une prime de 850 livres (soit environ 1 000 euros), pour compenser la surcharge de travail durant l’été 2012. Malgré tout, la menace de grèves n’est pas entièrement écartée puisque les chauffeurs de bus réclament eux aussi le versement d’une prime exceptionnelle.
Cette décision gouvernementale s’inscrit dans le cadre d’un effort budgétaire représentant pas moins de 6,5 milliards de livres (soit 7,5 milliards d’euros) afin d’améliorer un système de transports critiqué de manière récurrente et qui avait laissé perplexe la Commission d’Evaluation des JO 2012. Les lignes de transports en commun seront, durant les Jeux, particulièrement mises à l’épreuve de l’affluence touristique considérable générée par l’événement. Ce type d’accroissement est logique dans le cadre des Jeux mais est d’autant plus important et problématique lorsqu’il a lieu dans une ville mondiale comme Londres ou, avant elle, Pékin. En plus des douze millions des déplacements quotidiens, les autorités estiment ainsi qu’un surplus de 30% est envisageable du 27 Juillet au 12 Août 2012 (Jeux Olympiques) puis du 29 Août au 09 Septembre 2012 (Jeux Paralympiques). Pour faire face à l’affluence et palier aux millions de voyageurs supplémentaires, le métro londonien a par exemple fait l’objet d’une extension de ses plages horaires et a connu une augmentation du nombre de rames et du nombre de dessertes. Les voyageurs bénéficieront par ailleurs d’une carte journalière leur permettant d’avoir accès à tous les modes de transports en commun de la capitale britannique, comme le train express Javelot qui relie d’ores et déjà la Gare de King’s Cross à celle de Stratford (230 kilomètres par heure) près du Parc Olympique.
En dépit des efforts fournis pour améliorer le système des transports londoniens, la question de la liberté de circulation est ouvertement posée. En plus d’un péage urbain existant depuis plusieurs années et permettant, en théorie, de restreindre et limiter les déplacements individuels, la municipalité de Londres en liaison avec la société Transport of London, a recommandé aux entreprises d’avoir recours au principe du télétravail durant les Jeux tout en éditant des règles de circulation à destination des fournisseurs et des livreurs de commerces. Des autorisations permettront à ce derniers d’avoir accès au centre-ville et aux abords des sites olympiques à des plages horaires fixes. Transport of London espère ainsi une réduction de l’ordre de 30% des voyageurs et automobilistes durant l’été 2012. Hormis ces autorisations exceptionnelles, les déplacements individuels seront strictement encadrés par les milliers de policiers et volontaires mobilisés pour assurer la fluidité du trafic automobile et le confortable déplacement des officiels et des athlètes. Ces derniers auront d’ailleurs accès aux sites olympiques grâce à des portions de routes et autoroutes rebaptisées « Voies Olympiques » et qui leurs seront entièrement réservées, sur le modèle de ce qui existe dans certaines villes à travers le monde en matière de déplacement des bus. Lors des Jeux, les déplacements seront ainsi facilités pour les membres de la famille olympique mais il n’est pas certain que les voyageurs lambda puissent avoir un accès aux sites aussi rapide, en dépit des améliorations des conditions de transport. De fait, cette volonté de quadriller une ville au service des Jeux pourrait finalement avoir un effet inverse, et contraindre les Londoniens à quitter momentanément le centre-ville de la capitale durant les compétitions. Cette politique en matière de transports pourrait aussi attiser le mécontentement d’une frange de la population défavorable à la tenue des Jeux. En 2005, un sondage commandé par le CIO dans le cadre des évaluations des Villes Candidates plaçait Londres en avant dernière position en terme de soutien populaire, avec un taux d’adhésion de 68% contre 59% à New York, 77% pour Moscou, 85% pour Paris et surtout 91% pour Madrid.
Outre la question de la liberté de circulation, l’organisation des Jeux pose aussi le problème des restrictions en matière de droits de publicité et de commerce. Ainsi, les organisateurs ont édité une série de mesures pour restreindre l’affichage de panneaux publicitaires à proximité de l’ensemble des sites sportifs olympiques et paralympiques. Comme les Villes-Hôtes avant elle, Londres a par exemple adopté des règlementations pour protéger les symboles olympiques de toute contrefaçon. Ainsi, le Comité d’Organisation s’est engagé à respecter la Loi de protection juridique du symbole olympique, entrée en vigueur en 1995. Celle-ci garantie notamment la protection de la devise et des termes rattachés aux JO et confère à l’Association Olympique Britannique (BOA), le droit exclusif d’utiliser ces termes et d’en autoriser l’utilisation commerciale. En cas de violation de la réglementation britannique, aussi bien sur support papier que numérique, l’organe sportif serait en mesure de recourir à des mises en demeure voir à des poursuites auprès des tribunaux compétents, afin de réclamer aux contrevenants, des dommages et intérêts. Dans le cadre des Jeux de Londres 2012, plus de 130 dénominations olympiques seront ainsi concernées par cette législation, ce qui réduit considérablement les possibilités d’utilisation de termes plus ou moins liés à l’événement sportif. Pour obtenir une dérogation à l’application de ces règles, les annonceurs devaient faire une demande d’autorisation auprès de l’Olympic Delivery Authority avant le 31 Mars 2012. Les commerçants ne pouvant déroger à la mise en application de la réglementation olympique, ont aussi eu la possibilité de formuler une demande auprès de l’ODA afin d’obtenir un dédommagement financier.
En complément de la législation de protection de la marque olympique, les parlementaires du Palais de Westminster ont adopté, dès 2006, le London Olympic Games and Paralympic Games Act (LOGA). Cet amendement vise à préciser les mesures d’ordre général formulées dans la loi de 1995. La contrefaçon, la revente illégale de billets ou encore les limitations du trafic de véhicules lors des Jeux sont ainsi évoqués dans l’amendement parlementaire. A titre d’exemple, la revente de billets permettant l’accès aux épreuves sportives, est punie de 20 000 livres d’amende (près de 25 000 euros). Le succès rencontré à l’occasion de chaque Olympiade, nécessite en effet d’adopter des mesures de dissuasion à l’encontre des vendeurs de ce qu’il est commun de nommer le « marché noir », pratique particulièrement développée autour des grands événements sportifs et culturels. Il faut dire que les Jeux de Londres s’annoncent d’ores et déjà comme une réussite commerciale. En Avril 2011, quelques 6,6 millions de billets avaient été mis en vente lors d’une première session, alors que les organisateurs avaient reçu pas moins de 20 millions de demandes. Le succès de la billetterie avait par conséquent contraint les organisateurs à procéder à une série d’immenses tirages au sort afin de désigner les heureux dépositaires du sésame olympique.
Ce document est un extrait de mon Mémoire de Master II portant sur la Gouvernance du Comité International Olympique et l’organisation des Jeux Olympiques. Merci de me contacter pour toute demande de reprise et d’utilisation.
Illustrations :
– Photographies officielles du Parc Olympique publiées sur la Page Facebook London 2012 (ODA)
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