Au moment où la Suisse se prépare à lever le voile sur les contours d’un nouveau projet olympique et paralympique, l’opinion publique helvète semble approuver la démarche initiée par Swiss Olympic pour une candidature pensée à l’échelle du pays tout entier.

A quelques jours de la présentation des conclusions de l’étude de faisabilité pour une candidature de la Suisse aux Jeux d’hiver, un sondage réalisé en ligne* par le quotidien “20 Minutes” et “Tamedia” auprès de plusieurs milliers de lecteurs révèle un enthousiasme mesuré au sujet d’une telle entreprise.
Même si le cadrage du projet doit encore être affiné avant d’être officiellement soumis à l’approbation du Conseil Exécutif de Swiss Olympic, à la mi-octobre, 55% des personnes interrogées se déclarent en effet favorables à l’idée d’un concept durable basé sur la mobilisation de sites dans l’ensemble du pays. A l’inverse, 41% des sondés font part de leur opposition.
Sans réelle surprise, la tranche d’âge des 18-34 ans est celle auprès de laquelle la perspective d’une candidature aux JO 2030 est la plus appréciée, 66% des sondés se disant ainsi en accord avec cette ambition.
Parmi les sympathisants des différents groupes ou partis politiques helvètes, l’idée d’une candidature est également majoritairement soutenue, à l’exception notable des écologistes du mouvement Grüne (46%-53%).
De fait, les taux de soutiens les plus élevés sont à retrouver au centre et au centre-droit de l’échiquier politique, au sein des électeurs du Parti Libéral-Radical (FDP, 71%), des sympathisants du mouvement Le Centre (Mitte, 66%), mais encore auprès des Vert’Libéraux (GLP, 60%).
Pour le reste, l’adhésion apparaît moins affirmée du côté des sympathisants de l’Union Démocratique du Centre (SVP), parti classé à droite (51%), tout comme auprès des militants du Parti Socialiste Suisse (SP), à gauche (50%).

Quoiqu’il en soit, un peu plus de cinq ans après le rejet par référendum de la candidature de Sion 2026, ce sondage marque peut-être un tournant dans la perception populaire d’un événement longtemps considéré comme dispendieux et démesuré pour un pays comme la Suisse, alors même qu’il s’agit de l’un des berceaux de la culture des sports d’hiver en Europe et dans le monde.
Aussi, les chiffres de cette enquête confortent le positionnement adopté par Swiss Olympic qui, depuis le printemps 2023, mène une réflexion globale sur les conditions d’une candidature, en tenant compte des échecs passés – dont les candidatures avortées de 2022 et 2026 – et des réformes engagées par le Comité International Olympique (CIO) pour des projets moins onéreux et plus durables.
Comme l’a notamment affirmé Alexander Wäfler, porte-parole de Swiss Olympic :
Ces résultats confirment que notre projet va dans la bonne direction.
Bien sûr, nous sommes conscients qu’au bout du compte, l’avis de la population repose sur la manière dont les Jeux Olympiques sont élaborés dans le détail.
Ces dernières semaines, certains éléments ont d’ailleurs pu être avancés pour formaliser une candidature non pas construite autour d’une ville ou même d’un canton, mais bien du pays dans sa globalité.
Une façon de préparer l’opinion publique au fait que les Jeux pourraient être un événement à l’échelle de toute la Suisse, avec le concours et la participation d’une large partie des Collectivités et la mobilisation d’infrastructures en grande majorité déjà existantes et opérationnelles.
Ainsi que l’avait exposé l’instance olympique helvète en ce sens, le 13 août dernier :
Swiss Olympic et les Fédérations de sports d’hiver ont d’ores et déjà identifié plusieurs conditions importantes pour que cette vision de Jeux Olympiques et Paralympiques devienne réalité : en Suisse, aucune ville (“Ville Hôte”) ou région n’entre en ligne de compte à elle seule.
Au lieu de cela, la Suisse donnerait son nom en tant que pays organisateur aux Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 203X – et les sites de compétition seraient répartis sur tout le territoire.
La Suisse deviendrait ainsi le premier “Pays Hôte” de l’histoire olympique.

Désormais, les porteurs de l’ambition olympique et paralympique vont s’atteler à finaliser les contours du projet – notamment l’indispensable partie financière – qui sera présenté le 19 octobre prochain devant les membres du Conseil Exécutif de Swiss Olympic.
Si ce dernier valide le projet et décide de poursuivre l’aventure, la candidature sera ensuite soumise à l’approbation du Parlement des Sports dont les délégués se réuniront le 24 novembre 2023, un peu plus d’un mois après la Session du CIO à Bombay (Inde) et peu avant que l’institution de Lausanne (Suisse) ne s’engage dans un dialogue ciblé avec l’un ou plusieurs des prétendants en lice pour les JO 2030.
A l’instar des autres candidatures déclarées, la Suisse se dirige en tout cas vers une intensification des échanges avec le CIO.
La Suède se prépare en effet elle-aussi à livrer les conclusions de sa propre étude de faisabilité, tandis que la France peaufine actuellement un concept inédit reposant sur les Alpes françaises, entre les Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Du côté des États-Unis, Salt Lake City (Utah) apparaît depuis de longs mois au-dessus de la mêlée, tant dans la constitution d’un projet élaboré au fil des ans et bénéficiant en parallèle d’un soutien populaire et institutionnel conséquent, que dans la manière d’appréhender les prochains mois, avec une préférence portée sur l’échéance des JO 2034.