JO 2030 : Plus de 120 élus locaux des Hautes-Alpes soutiennent la candidature française

Quinze ans après la candidature de Pelvoux-Les Écrins à l’investiture française pour l’organisation des Jeux d’hiver de 2018, les Hautes-Alpes se mettent à nouveau à rêver de l’accueil de l’événement planétaire et ce, dans le cadre d’un projet plus vaste portant sur les Alpes françaises dans leur ensemble.

Vue du Parc de la Schappe à Briançon, Hautes-Alpes, en décembre 2021 (Crédits – Ville de Briançon)

En 2030, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver pourraient avoir pour théâtre les Alpes françaises avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes au nord et la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur au sud.

De part et d’autre, les acteurs institutionnels sont à la manœuvre depuis des mois, rejoint depuis cet été par le Mouvement sportif français qui entend profiter de la dynamique des Jeux de Paris 2024 pour porter haut les couleurs tricolores dans le but d’obtenir les Jeux d’hiver pour la première fois depuis l’édition d’Albertville 1992.

Aussi, les territoires concernés tentent de se démarquer pour figurer in fine sur la cartographie d’un concept qui doit encore être présenté à la Commission de Futur Hôte du Comité International Olympique (CIO) d’ici le mois de novembre 2023.

Dans cette optique, les Hautes-Alpes espèrent pouvoir jouer un rôle comme le démontre la tribune publiée cette semaine dans les colonnes du quotidien régional, “Le Dauphiné Libéré” ainsi que sur l’antenne locale de “BFM DICI”.

Aux côtés du Président de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Renaud Muselier, quelques 122 maires, conseillers municipaux, élus départementaux et régionaux, ou encore parlementaires des Hautes-Alpes se mobilisent pour soutenir l’ambition olympique et paralympique, mais aussi pour faire entendre leurs voix.

Dans ce document d’une page intitulé “Nous, maires, parlementaires et élus des Hautes-Alpes soutenons la candidature des Alpes françaises à l’organisation des JO 2030”, les signataires rappellent tout d’abord la genèse d’un projet porté depuis 2022 par le Président de la Région, pour ensuite évoquer les raisons d’une telle entreprise.

Comme le mentionne notamment la tribune :

Les Jeux, c’est l’opportunité de donner un second souffle à nos infrastructures, à notre aménagement, à nos hébergements touristiques et permanents, à notre accessibilité !

Oui, les Jeux, c’est aussi un héritage et c’est avant tout pour cela que nous soutenons cette candidature de toutes nos forces.

Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Crédits – CNOSF / KMSP)

Si les élus ne parlent pas de l’accueil de compétitions, ils abordent en revanche la question environnementale, avec la vision de Jeux au cœur des montagnes, mais également le sujet non moins sensible des transports, avec l’espoir que la venue potentielle des Jeux dans les Alpes entraîne un regain d’intérêt – et de facto des investissements supplémentaires – pour résoudre les problématiques locales existantes, que ce soit sur la liaison Gap-Grenoble ou sur le tronçon ferroviaire Briançon-Marseille.

L’initiative est ici portée par des acteurs politiques du territoire, avec une forte présence d’élus de Briançon et d’Embrun, initiative qui ne doit toutefois pas faire retomber les parties dans les travers passés des précédentes candidatures françaises, exception faite de Paris 2024 qui avait su tirer certaines leçons des échecs et de la juste place de la sphère politique.

En 2008-2009, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) s’était embarqué dans l’aventure des Jeux alors même que les conditions n’étaient clairement pas réunies pour assurer un succès. Le monde politique avait largement occupé le terrain des prétendantes – Annecy (Haute-Savoie), Grenoble (Isère), Nice (Alpes-Maritimes), Pelvoux-Les Écrins (Hautes-Alpes) – avant de parasiter le développement serein du projet sélectionné autour d’Annecy qui, mal ficelé, avait connu un changement néfaste de gouvernance et des adaptations tardives du concept.

Face à la grandissime favorite de l’époque, PyeongChang (Corée du Sud), Annecy avait dès lors frôlé la correctionnelle, en passant de justesse le cap de la phase de requérance, pour finalement échouer lourdement par 7 voix, contre 25 pour la rivale européenne Munich (Allemagne) et 63 pour la lauréate asiatique.

Préalablement à ce fiasco historique, la sélection française avait vu s’affronter quatre projets, parmi lesquels celui qui apparaissait comme le “petit poucet”, à savoir Pelvoux-Les Écrins.

Volontairement présentée comme une “candidature nature”, cette dernière devait notamment conduire à l’établissement d’un Village des Athlètes à Briançon, au sein d’anciennes casernes militaires, avec par ailleurs la localisation des épreuves de hockey-sur-glace dans une patinoire à construire de 12 000 places.

Serre Chevalier aurait pour sa part été le cadre d’une large partie des compétitions de ski alpin et le lieu d’hébergement des membres de la Famille Olympique.

Parmi les autres sites mentionnés à l’époque, le Lac de Serre-Ponçon – ou Saint-Crépin – furent avancés pour recevoir les Cérémonies d’ouverture et de clôture, tandis que le curling se serait déroulé à Barcelonnette et le ski acrobatique à Risoul, le patinage artistique et le patinage de vitesse sur piste courte (short-track) ayant quant à eux été proposés à Embrun dans une patinoire de 10 000 places.

Enfin, face au manque d’infrastructures adaptées, le saut à ski et le combiné nordique, de même que le bobsleigh, la luge et le skeleton auraient été localisés de l’autre côté des Alpes, en Italie.

Cartographie des sites présentés par Pelvoux-Les Ecrins pour la candidature française aux Jeux d’hiver de 2018 (Crédits – Pelvoux-Les Écrins 2018 / Archives)

Aujourd’hui, le contexte a changé.

Les règles du jeu ont été profondément remaniées par le CIO, avec désormais une phase de dialogue continu puis une phase de dialogue ciblé, les deux permettant de ventiler les ambitions entre temps présent, intérêt des parties engagées et travail sur un temps plus long. Le nombre de candidates a aussi évolué ces dernières années, avec pour les Jeux d’hiver, le constat d’une plus grande frilosité. Aussi, la nouvelle mouture du processus de sélection vise à permettre le développement de projets concertés sur les territoires et avec l’institution olympique.

Pour 2030, les Alpes françaises ont possiblement une carte à jouer, même si la proximité avec les Jeux de Paris 2024 pourrait être une faiblesse. De même, la persévérance des concurrentes européennes que sont la Suède et la Suisse pourrait peser dans la balance et dans le choix futur du CIO, à moins que les démons de ces deux sérieuses rivales ne ressurgissent, à savoir une opinion publique récalcitrante et un soutien institutionnel défaillant.

Ailleurs dans le monde, l’ambition nippone autour de Sapporo semble avoir intégré le fait que 2030 est désormais une course hors de portée en raison des déboires relevés sur l’année passée en raison des révélations sur Tokyo 2020.

Reste le cas de Salt Lake City (Utah, États-Unis) qui, de toute évidence, est la candidate la mieux armée et la plus préparée, après plus de dix ans de réflexion et d’études. Bien que préférant miser sur l’édition 2034, la Ville Hôte des JO 2002 s’est aussi montrée à la disposition du CIO pour rallumer la flamme en 2030.

Pour la candidature française, l’une des clés résidera certainement dans la mobilisation ou non des sportifs, et en particulier de grandes figures des sports d’hiver et ce, afin de gommer quelque peu la dimension politique qui ressort jusqu’à présent, entre l’investissement personnel des leaders des deux Régions citées et l’engagement de l’État d’accompagner la candidature, avec en filigrane la main du Président de la République.

La place des sportifs doit être affirmée et incarnée, le politique devant rester en appui logistique.

2 pensées

  1. Pas cohérent, juste après l’Italie en 2026, même si l’alternance des continents n’est pas officielle au CIO elle est quand même respectée un minimum.
    Quant à la vision Embruns 2018, elle n’a jamais été présentée sous cet angle. Justement le projet “ecolo” portait à 100% sur les paysages, la nature et le tout TV en supprimant le public et les arènes “éléphants blancs” ce qui a été la risée de tous les pouvoirs publics et politiques qui l’ont fait capoter des les prémices.

    1. L’idée de rotation des continents a longtemps été évoquée pour qualifier les choix du CIO, sans que cela ne soit inscrit dans la Charte Olympique. Néanmoins, on a pu constater une certaine alternance, particulièrement en ce qui concerne les Jeux d’été. Aujourd’hui, pour l’hiver, les choix sont toutefois limités et le CIO doit composer avec les candidates en course, ce qui pourrait tout à fait conduire à une nouvelle lauréate européenne après 2026. On l’a vu ces dernières années avec l’enchaînement de Jeux en Asie, rien n’est finalement impossible. Quant à la candidature française, disons qu’il s’agit ici d’une initiative pour une fenêtre de tir limitée. Je ne suis pas certain que le projet français soit suffisamment solide, pour les arguments que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ces derniers mois, mais aussi en ce qui concerne la cartographie potentielle des sites. Certes, l’idée de base de créer des Jeux sur deux Régions répond à la nouvelle promesse olympique de Jeux plus vertueux et durables, avec une utilisation maximisée de sites existants. Mais il ne faut pas non plus tomber dans les travers d’un projet qui pourrait apparaître comme trop éclaté territorialement. Pour la France, je pense que les principales forces sont – paradoxalement – les possibles faiblesses de la Suède et de la Suisse. De mon point de vue, 2030 est promise à Stockholm et 2034 à Salt Lake City. Si la seconde paraît d’ores et déjà désignée, la première a des défis à relever, entre l’opinion publique qui a souvent fait défaut aux candidatures suédoises, tout comme l’appui des autorités locales et nationales, là-encore un point de crispations des dernières candidatures suédoises.

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