JO 2030 : Réunion décisive pour la candidature espagnole, le 25 avril

Face au refus de l’Aragon de s’engager derrière le projet approuvé par la Catalogne, et face au refus de cette dernière de composer avec d’éventuels changements de sites, le Comité Olympique Espagnol (COE) a décidé de convoquer une réunion entre toutes les parties, lundi 25 avril 2022. Une date qui s’annonce décisive pour la suite – ou non – de la candidature à l’organisation des Jeux d’hiver de 2030.

Alejandro Blanco, Président du Comité Olympique Espagnol, lors d’une conférence organisée dans le Val d’Aran, samedi 13 novembre 2021 (Crédits – COE)

Conscient des difficultés à pouvoir sereinement discuter avec le Comité International Olympique (CIO) sur la base d’un projet technique validé et approuvé par la Généralité de Catalogne, avec aussi le soutien de l’État, mais conspué dans le même temps par les dirigeants aragonais, le COE prépare ce qui pourrait s’apparenter au rendez-vous de la dernière chance.

Ainsi, les autorités olympiques espagnoles ont prévu de réunir, lundi 25 avril, l’ensemble des parties au projet de candidature pour les Jeux d’hiver de 2030 et ce, afin de tenter de trouver un terrain d’entente, sachant que l’Aragon a récemment formulé une contre-proposition pour la répartition des sites qui ne recueille toutefois pas le soutien de la Catalogne.

De fait, la Communauté autonome aragonaise propose une cartographie qu’elle juge plus équilibrée que le projet initialement arrêté par sa voisine catalane et le COE.

Jusque-là, la cartographie officielle prévoit la tenue des compétitions de ski alpin, de ski acrobatique et de ski alpinisme en Catalogne, en plus du snowboard et du hockey-sur-glace, avec pour l’Aragon, les épreuves de biathlon, de curling et de patinage artistique, de vitesse et le short-track.

Pour les dirigeants aragonais néanmoins, cette cartographie doit évoluer de la façon suivante pour être plus conforme à leurs attentes, à savoir, un mix ski alpin et ski de fond entre l’Aragon et la Catalogne, la conservation du biathlon, du curling, du patinage artistique et du short-track, avec en plus l’installation du snowboard. La contre-proposition aragonaise prévoit parallèlement l’envoi du patinage de vitesse en Catalogne qui conserverait pour sa part le hockey-sur-glace, le ski acrobatique et le ski alpinisme.

Dans l’hypothèse où une solution pourrait être actée, cela permettrait le maintien du projet et des discussions avec l’instance internationale à Lausanne (Suisse) et assurerait aussi, les préparatifs en vue de la future double consultation populaire annoncée pour le 24 juillet 2022 dans certains territoires catalans. Si en revanche, la réunion des prochains jours ne donnent pas satisfaction aux parties engagées, il sera dès lors difficile d’envisager la poursuite d’un projet plus qu’affaibli, d’autant plus si l’on considère les mois passés de vives querelles partisanes et politiques.

Alejandro Blanco, Président du Comité Olympique Espagnol, et Felipe Faci, Conseiller aragonais en charge de l’Éducation, de la Culture et des Sports, jeudi 07 avril 2022 (Crédits – Gobierno de Aragón)

Pour le COE, l’enjeu est donc capital pour espérer rester dans la course aux Jeux et pour préserver sans doute davantage sa crédibilité auprès du CIO qui, il y a peu, encourageait au développement d’une candidature espagnole pour les Jeux d’hiver, plutôt que l’installation d’un projet pour les Jeux d’été avec une énième candidature de Madrid.

Le Président de l’instance, Alejandro Blanco, devrait dès lors mettre toute sa capacité de négociation et de diplomatie dans la balance pour essayer d’arracher un accord entre les parties qui jaugent aussi de leur force politique à l’aube de futures échéances électorales.

Du côté de la Catalogne, cet ingrédient est d’ailleurs encore plus marqué que du côté de l’Aragon et ce, à l’aune de l’influence des indépendantistes et du positionnement, jusque-là minoré, de la Maire de Barcelone, Ada Colau, qui pourrait pourtant rapidement devenir une nouvelle épine dans le pied de la candidature.

Durant les jours à venir, et outre la mission portée par Alejandro Blanco, il ne faudrait pas non plus négliger le rôle que pourrait avoir Juan Antonio Samaranch Jr., fils de l’ancien leader olympique, membre du CIO depuis 2001 et Vice-Président du COE. A plusieurs reprises, ce dernier a déjà eu l’occasion d’alerter face aux risques de tensions territoriales.

En novembre 2021, il affirmait notamment en toute lucidité :

S’il n’y a pas d’unité entre toutes les institutions impliquées et la société civile, il n’y en aura pas et il ne sera pas nécessaire de commencer. Nous nous blesserons, nous perdrons du temps et cela nous coûtera de l’argent.

Laisser un commentaire