JO 2030 : Sapporo veut donner un nouveau souffle à sa candidature

Prétendante sérieuse à l’organisation des Jeux d’hiver de 2030, Sapporo (Japon) demeure pour l’heure dans l’ombre de Tokyo. Mais en accueillant les épreuves de marche et le marathon des JO 2020, la cinquième ville nippone espère néanmoins donner une dynamique nouvelle à son projet.

(Crédits – Office de Tourisme de Sapporo)

Engagée dans la course aux Jeux depuis maintenant près de 7 ans, Sapporo a connu quelques turbulences dans son parcours.

Ainsi, d’abord prétendante aux JO d’hiver de 2026, la cité nippone avait été contrainte de se retirer prématurément en raison d’un séisme survenu en septembre 2018 dans la région. Par la suite, Sapporo s’est retrouvée liée aux préparatifs des Jeux d’été de Tokyo 2020 et, d’une certaine manière, à la réussite de ces derniers.

Or, le report acté au printemps 2020 en raison de la crise sanitaire du Covid-19, l’inflation des coûts, et les incertitudes des derniers mois n’ont clairement pas joué en faveur d’une nouvelle candidature nippone. D’ailleurs, sans enterrer le projet, le Comité Olympique du Japon (JOC), par l’intermédiaire de son Président, Yasuhiro Yamashita, avait sans ambiguïté fait passer le message suivant en juillet 2020 :

Nous traversons actuellement une situation que personne n’a connue auparavant et nous aimerions nous concentrer sur ce que nous devons faire maintenant.

[Si les Jeux de Tokyo 2020] se déroulent avec succès, alors nous pourrons avoir une perspective claire de la possibilité d’accueillir ceux de 2030 à Sapporo.

Aussi, en organisant en cette fin d’Olympiade les épreuves de marche ainsi que le marathon de Tokyo 2020, Sapporo espère insuffler une nouvelle dynamique pour sa propre ambition, elle qui fut Hôte des Jeux d’hiver en 1972.

D’ores et déjà, la capitale de la Préfecture de Hokkaidō a pu marquer des points auprès du Comité International Olympique (CIO) en acceptant en fin d’année 2019 de prendre le relais de Tokyo pour la tenue des épreuves pré-citées et ce, à la suite des craintes exprimées par les dirigeants olympiques concernant la chaleur estivale dans la cité tokyoïte.

Les semaines passées auraient néanmoins pu conduire au fiasco de cette délocalisation de plus de 800 kilomètres, Sapporo ayant récemment enregistré les températures saisonnières les plus élevées depuis plus de 20 ans. Si la vigilance reste de mise jusqu’à la fin des compétitions, le CIO n’a en tout cas pas exprimé de regret quant à ce choix pourtant discuté du côté des compétiteurs engagés.

Vue du Parc Odori à Sapporo (Crédits – Tokyo 2020)

Bien sûr, il est encore trop tôt pour présager de la suite à donner à la candidature de Sapporo.

Certes, le maintien des Jeux d’été de 2020 et la détermination des autorités olympiques et institutionnelles du pays à livrer l’événement comme convenu, même au travers d’adaptations dans la dernière ligne droite – comme l’absence de spectateurs – ont été salués par le CIO au cours de la Cérémonie d’ouverture, le 23 juillet dernier. Cela devrait d’ailleurs à nouveau être le cas lors de la clôture planifiée, ce dimanche 08 août.

Cependant, au-delà de convaincre le CIO, la perspective d’une nouvelle candidature du Japon devra surtout être appréciée par l’opinion publique qui, en l’espace de quelques mois, s’est considérablement détournée des Jeux de Tokyo, même si les audiences télévisées et l’engouement pour les produits dérivés ont apporté un degré certain de consolation et de satisfaction pour les organisateurs.

L’autre défi sera également d’expliquer le projet de Sapporo 2030, de l’adapter aussi aux nouvelles réformes olympiques qui entendent davantage promouvoir des concepts dotés d’une large majorité de sites existants ou temporaires. Car après la facture alourdie des Jeux de Tokyo 2020, la population nippone aurait certainement du mal à accepter la présentation d’un projet dispendieux avant même d’avoir franchi la ligne d’arrivée.

Sur ce point, la nouvelle procédure instaurée par le CIO, avec une phase de dialogue ouverte à l’ensemble des territoires intéressés par les Jeux, pourrait être de nature à rassurer les porteurs de la candidature de Sapporo et ce, dans le but d’affiner leur proposition, qui repose déjà sur l’héritage de 1972, tout en évitant les écueils des mois passés.

Malgré tout, si le projet de Sapporo 2030 venait à se concrétiser plus encore, la concurrence de Salt Lake City (Utah, États-Unis) pourrait tourner à l’avantage de la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 2002, elle qui bénéficie, outre d’une indéniable expérience, d’un large appui institutionnel et d’un confortable soutien populaire.

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