Paris 2024 : La qualité de l’eau de la Seine, enjeu majeur des quatre prochaines années

Promesse de la Mairie de Paris dans les années 1980, reprise ensuite par les successeurs de Jacques Chirac, la baignade dans la Seine demeure plus que jamais d’actualité à moins de quatre ans de l’organisation des Jeux d’été de Paris 2024.

Visuel de la structure dédiée à la baignade dans la Seine en contrebas du Trocadéro et face à la Tour Eiffel à Paris (Crédits – Mairie de Paris / APUR / Luxigon)

Depuis 2016, un Comité de pilotage – coprésidé par le Préfet de Région et par la Maire de Paris – a instauré un plan d’actions visant à améliorer la qualité de l’eau et à permettre, à moyenne échéance, la baignade dans la Seine et dans la Marne.

Avec une enveloppe de 1,4 milliard d’euros, financée par les Collectivités parties prenantes au projet ainsi que par l’État, via l’Agence de l’Eau Seine Normandie, ce plan se veut particulièrement ambitieux, d’autant plus lorsque l’on sait que la baignade dans le fleuve de la capitale constitue une promesse politique vieille de plusieurs décennies.

Concrètement, les actions identifiées doivent assurer la mise en conformité progressive de la collecte des eaux usées, avec notamment la création ou la réhabilitation des réseaux publics ou encore la correction des mauvais branchements privés. Elles doivent par ailleurs permettre l’instauration de zonages pluviaux, la création de réseaux d’assainissement à quai, mais encore le raccordement des bateaux et autres établissements flottants, sans oublier également l’aménagement d’ouvrages de régulation et d’optimisation des réseaux d’eaux usées.

Le 17 septembre dernier, la Ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, le Préfet de Région, Marc Guillaume, et la Maire de Paris, Anne Hidalgo, ont participé au Comité de Pilotage « Qualité de l’eau et baignade en Marne et en Seine ».

Cette réunion a permis de faire un point des travaux engagés ou à venir dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024, un événement qui mobilisera largement la « Ville Lumière » et la région francilienne et qui sera notamment marqué – sauf changement – par la tenue des épreuves de natation en eau libre et du triathlon face à la Tour Eiffel et au Trocadéro.

Réunion du Comité de pilotage « Qualité de l’eau et baignade en Marne et en Seine », jeudi 17 septembre 2020 (Crédits – Barbara Pompili / Compte officiel Twitter)

Si les acteurs du projet ont pu relever que les travaux d’installation des réseaux d’assainissement sur les quais des ports de Paris seront réalisés d’ici la fin de l’année 2021, et que la création de bassins d’orage et de collecteurs d’eaux pluviales sont, soit en cours de réalisation soit à l’étude, ils ont aussi, au regard de la crise actuelle et afin de maintenir les objectifs dudit projet, actés trois axes de travail sur la base des mesures apportées par le Plan de Relance de l’État.

D’une part, des subventions supplémentaires pour les Collectivités désireuses de rénover leur réseau public pourront être attribuées et financées par l’Agence de l’Eau. Initialement fixées à 40% du coût total des travaux, ces dernières sont à présent portées à 60% et ce, pour des chantiers engagés avant le 31 décembre 2021.

D’autre part, l’aide forfaitaire pour encourager les particuliers à effectuer des travaux de mise en conformité a été rehaussée. De 3 500 euros par branchement, ladite aide est aujourd’hui établie à 4 200 euros, là encore avec le concours de l’Agence de l’Eau. En complément de cette aide, la Ville de Paris et l’État cofinanceront un dispositif de soutien dans le but de réduire le reste à charge incombant aux particuliers.

Enfin, les parties au projet ont décidé de mettre en place un plan de communication et de promotion des actions mentionnées dans le Plan « Qualité de l’Eau et Baignade », où l’on retrouve notamment les 23 sites identifiées sur 16 communes comme pouvant devenir baignables d’ici 2024-2025.

Sites de baignade identifiés sur la Seine et sur la Marne pour une mise en service à l’horizon 2025 (Crédits – APUR)

Sur le seul périmètre parisien, les Services de la Ville de Paris et l’Atelier Parisien de l’Urbanisme (APUR) avaient pré-sélectionné 9 sites potentiels en janvier 2017. In fine, 5 sites ont été retenus sur l’ensemble du tracé de la Seine dans la capitale.

Comme cela fut exposé en octobre 2018, une première structure saisonnière pourrait dès lors être implantée en contrebas du Trocadéro (16ème arrondissement) avec une vue majestueuse et unique sur la Tour Eiffel. Au niveau du Bois de Boulogne, également dans l’emprise du 16ème arrondissement, une deuxième structure est envisagée. En partant vers le centre de Paris ensuite, deux structures de baignade pourraient prendre place le long du Parc Rives de Seine, avec un élément près du Pont Neuf (1er arrondissement) et un autre dans le secteur du Châtelet (4ème arrondissement). La cinquième et dernière structure ouverte à la baignade pourrait quant à elle être installée à proximité du Pont de Bercy (13ème arrondissement).

Ces sites seraient un complément à l’offre déjà existante du Bassin de La Villette (19ème arrondissement) où trois bassins sont ouverts au public chaque été depuis 2017.

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Bien que pour l’heure, les organisateurs des JO 2024 continuent de présenter le site du Trocadéro et de la Tour Eiffel comme hôte planifié pour les épreuves de triathlon et de natation en eau libre, il convient néanmoins de demeurer prudent sur le sujet.

De fait, si d’aventure le plan d’actions pour la qualité de l’eau de la Seine venait à ne pas être suffisamment concluant dans les délais aujourd’hui présentés, il faudrait en effet établir une solution de repli pour ces épreuves. Le Bassin de La Villette pourrait alors potentiellement faire figure de « plan B » pour les organisateurs des Jeux, même si d’autres options seraient certainement à envisager en coordination avec les pouvoirs publics d’une part et les Fédérations Internationales d’autre part.

Dans le cadre des précédentes candidatures tricolores, les porteurs de l’ambition olympique avaient identifié des lieux pour le déroulement du triathlon ainsi que de la natation en eau libre.

Plan développé par Paris 2008 pour la tenue du triathlon dans le Bois de Boulogne (Crédits – Dossier de candidature de Paris 2008)

Paris 2008 avait ainsi projeté l’organisation du triathlon dans le secteur du Bois de Boulogne. Comme cela fut mentionné à l’époque :

Le site principal (zone de transition) sera aménagé sur une route qui traverse le Bois, entre un lac (le Lac Inférieur) et un vaste espace vert bien connu des Parisiens, la pelouse de la Muette. L’épreuve de natation traversera le Lac Inférieur. Le lac sera entièrement vidé et nettoyé en vue des Jeux.

La zone de sortie de l’eau sera aménagée en tribune naturelle, d’où la vue sera parfaitement dégagée. La course cycliste passera par le Trocadéro et l’Arc de Triomphe. Ce parcours de 8 kilomètres, à effectuer cinq fois, offre un bon relief de côte. L’épreuve de course à pieds suivra une boucle de 3,3 kilomètres autour du Lac Inférieur et de la Croix Catelan.

Pour l’occasion, Paris 2008 envisageait des travaux d’adaptation du site à hauteur de 4,7 millions de dollars, dont 3,4 millions à la seule charge du Comité d’Organisation (COJO). Des tribunes temporaires auraient été aménagées le long du parcours près du Lac Inférieur du Bois de Boulogne avec une capacité globale de 20 000 places, dont 10 000 places assises.

Visuel des épreuves de triathlon envisagées en contre-bas de la Tour Eiffel dans le cadre de la candidature olympique de Paris 2012 (Crédits – Dossier de candidature de Paris 2012)

Quelques années plus tard, le développement de la candidature de Paris 2012 avait pris une toute autre direction géographique, avec cette fois-ci la localisation des épreuves au cœur de la capitale, en contrebas de la Tour Eiffel et du Pont d’Iéna.

Des travaux d’un montant de 8,6 millions de dollars – entièrement à la charge du COJO – furent à ce moment-là évoqués pour aménager le site et installer des tribunes démontables d’une capacité maximale de 10 000 places.

Visuel du live-site du Trocadéro et des tribunes temporaires imaginées par Paris 2024 pour les épreuves de triathlon et de natation en eau libre des Jeux d’été de 2024 (Crédits – Paris 2024 / Ph.Guignard / Air Images / Populous / Luxigon)

Pour l’Olympiade de 2024, les porteurs de la candidature, désormais organisateurs des JO 2024, avaient fait mention en 2016 d’un concept similaire à celui de la précédente candidature, moyennant des travaux d’aménagement de 3,342 millions de dollars (COJO), tandis que la publication des visuels de présentation du projet avait laissé apparaître la possibilité d’installer des gradins temporaires sur l’emblématique Pont d’Iéna.

Si la revue de projet prévue cet automne pourrait encore affiner les modalités d’organisation des épreuves dans ce secteur, Paris 2024 prévoit pour l’heure une capacité globale du site de 10 000 places, dont 3 390 places assises. De quoi offrir des images exceptionnelles pour les spectateurs et les téléspectateurs du monde entier.

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