Démantèlement en vue pour le toit du Stade Olympique de Montréal

Symbole d’une gabegie financière et d’une reconversion olympique mal préparée, le Stade Olympique de Montréal (Canada) connaît aujourd’hui un nouveau rebondissement dans ce qui apparaît de plus en plus comme étant une lente mais inexorable agonie.

Ainsi, selon les informations de Radio Canada, la Régie des Installations Olympiques (RIO) de Montréal aurait décidé de préparer le démantèlement prochain du toit de l’enceinte sportive. De fait, cette dernière redeviendrait une installation ouverte, ce qui pose évidemment des questions quant à la pérennité des équipements au regard des conditions climatiques hivernales.

Stade Olympique de Montréal - vue aérienne

Construit pour les Jeux Olympiques d’été de 1976, le Stade Olympique est l’œuvre de l’architecte français Roger Taillibert, à qui l’on doit notamment le Parc des Princes à Paris ou encore la Piscine de Deauville. Inachevé lors de l’ouverture de l’événement olympique, le Stade est depuis confronté à deux polémiques persistantes mais liées entre elles : le coût de l’infrastructure et l’aménagement d’un toit.

Car cette enceinte de 56 000 places, qui devait illustrer le renouveau de Montréal, fut initialement évaluée à 350 millions de dollars canadiens (246,8 millions d’euros). Finalement, les travaux menés sur place depuis les années 1970 ont coûté plus de 1 milliard de dollars canadiens (705,13 millions d’euros).

Une somme conséquente, surtout lorsque l’on sait que d’autres travaux sont envisagés et, plus globalement, que le devenir même de l’enceinte n’est pas garanti à l’heure actuelle.

Parmi les travaux envisagés, le démantèlement de la toiture existante pourrait représenter un investissement non-négligeable pour les gestionnaires du Parc Olympique et les autorités locales.

En effet, selon une analyse réalisée en 2012 et reproduite par Radio Canada, les coûts du démantèlement du toit sont chiffrés à 6,2 millions de dollars canadiens (4,37 millions d’euros). Mais c’est surtout la mise à niveau des équipements connexes – canalisations, système électrique… – qui pourrait représenter la plus grande part des dépenses. Ainsi, ces travaux nécessiteraient une enveloppe d’au moins 13 millions de dollars canadiens (9,17 millions d’euros).

Une enveloppe qui ne serait toutefois pas fixe. Pour Roger Taillibert, les autorités devraient procéder chaque année à un « travail d’hivernation » afin de préparer les équipements électriques et les divers systèmes installés dans le stade, à subir les rudes conditions climatiques. Des travaux qui sont à mettre en parallèle avec les coûts d’entretien en constante évolution en raison de la multiplication des déchirures dans la toiture.

De 24 en 2010, le nombre de coupures est passé à 435 en 2011, puis 1 240 en 2012 et jusqu’à atteindre 3 429 en 2013. Des données qui expliquent le fait que la facture d’entretien de l’installation ait connu une inflation majeure en l’espace de quelques mois : 400 000 dollars canadiens (282 000 euros) sur la période 2011-2012 à 800 000 dollars canadiens (564 000 euros) pour la période suivante, à savoir 2012-2013.

Un temps évoqué, l’aménagement d’un toit fixe ou rétractable ne semble pas avoir les faveurs des autorités politiques locales. Il faut dire que la construction de l’une ou l’autre de ces structures représenterait là encore un coût important : entre 200 et 300 millions de dollars canadiens (141 à 211,53 millions d’euros).

Comme l’avait rapporté Sport & Société il y a près d’un an, la Première Ministre du Québec, Pauline Marois – remplacée depuis par Philippe Couillard – indiquait alors ne pas être « sûre d’être capable de vendre ce projet », tandis que le Maire de Montréal, Denis Coderre, balayait l’idée, mentionnant « d’autres priorités » pour la mandature.

Stade Olympique de Montréal - 24 juillet 1976

In fine, sans toit, le Stade Olympique de Montréal reprendrait donc son apparence originelle (1976-1987). Mais en choisissant cette option, la Régie des Installations Olympiques (RIO) ferme l’idée d’une utilisation pérenne de l’enceinte durant la saison hivernale.

Difficile en effet d’imaginer l’organisation d’une quelconque rencontre sportive ou culturelle dans un stade soumis aux aléas climatiques et ce, même dans un pays pourtant habitué à de telles conditions météorologiques.

Illustrations :
– Vue aérienne du Stade Olympique de Montréal, en septembre 2014 (Crédits – Flickr / Olivier Demarcin)
– Vue intérieure du Stade lors des Jeux Olympiques, en juillet 1976 (Crédits – Flickr / Gaetan M)