Un an après avoir présenté les contours d’une stratégie nationale de développement du sport devant irriguer l’ensemble de la société, les autorités polonaises ont récemment amorcé le lancement d’une phase de consultations publiques pour asseoir ladite stratégie et préfigurer aussi le déploiement d’une candidature à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Pas après pas, la Pologne prend la direction des Jeux et d’une nouvelle candidature pour accueillir un événement qu’elle a déjà tenté d’obtenir, sans succès jusqu’alors.
Mais si le pays fut candidat aux Jeux d’hiver avec Zakopane 2006, puis Cracovie 2022, les autorités entendent désormais réorienter l’ambition vers les Jeux d’été avec l’édition de 2040 en ligne de mire et la probable installation d’une candidature autour de la capitale, Varsovie.
Aussi, pour accompagner l’émergence d’une telle entreprise qui, en cas de succès, assurerait à la Pologne une visibilité sans précédent sur la scène sportive internationale, les pouvoirs publics travaillent depuis plus de deux années à la meilleure façon d’aborder ce défi et ce, sur la base de la réussite organisationnelle des Jeux Européens de 2023.
A cet égard, les autorités ont présenté l’an passé une vision stratégique qui doit permettre au pays dans son ensemble de moderniser ses infrastructures sportives et d’accroître à la fois le soutien aux sportifs de haut niveau et la détection de jeunes talents qui, le moment venu, pourraient être amenés à briller aux yeux du monde.
Un an après le dévoilement de ce vaste programme qui englobe l’idée d’une candidature olympique et paralympique et dont les objectifs initiaux tablaient sur des investissements de l’ordre de 70 milliards de zlotys, soit plus de 16,6 milliards d’euros et sur la formation et le recrutement de plus de 1 500 nouveaux entraîneurs d’ici 2040, les parties prenantes se sont réunies le 24 novembre dernier au sein du PGE Narodowy, le Stade National de Varsovie.
Autour du Ministre des Sports et du Toursime, Jakub Rutnicki, du Secrétaire d’État, Piotr Borys, et du Conseiller du Ministre et quadruple Champion Olympique d’athlétisme sur l’épreuve du 20 kilomètres (Sydney 2000) et du 50 kilomètres (Atlanta 1996, Sydney 2000, Athènes 2004), Robert Korzeniowski, le Maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, la membre du Comité International Olympique (CIO) et double Vice-Championne Olympique de VTT aux Jeux de Pékin 2008 et de Rio 2016, Maja Włoszczowska, ainsi que des Présidents de Fédérations sportives polonaises, et des athlètes, sans compter également des représentants de Ministères, d’entreprises et autres organisations sportives ont ainsi pu faire un point d’étape et aborder les prochaines échéances pour la stratégie nationale de développement du sport.
Comme l’a évoqué le Ministre des Sports et du Tourisme lors de ce rendez-vous :
La stratégie polonaise de développement du sport doit être un projet élaboré conjointement et accepté par la communauté sportive et par les responsables politiques.
Je suis convaincu que nous présenterons une candidature très solide pour les Jeux. L’adhésion du public est primordiale.
J’espère que nous tous ici présents croyons que les Jeux se tiendront prochainement en Pologne.

Au cours des mois passés, lesdites parties ont notamment réalisé un diagnostic du sport polonais au travers d’une cinquantaine de réunions et d’ateliers orchestrés entre le 30 juin et le 15 octobre 2025.
Désormais – et tout en gardant à l’esprit qu’une candidature aux Jeux doit s’inscrire dans cette dynamique – une phase de consultations publiques s’ouvre jusqu’en février 2026, à la fois sur le terrain, avec notamment des réunions régionales, et sur Internet via un site dédié.
Par la suite, les grandes orientations de la stratégie nationale devront être affinées et présentées au cours du printemps à venir, avant la mise en place d’une évaluation des impacts environnementaux jusqu’en septembre 2026.
Le dernier trimestre 2026 sera enfin consacré à une phase de consultations interministérielles pour aboutir à l’adoption définitive de la stratégie nationale au mois de décembre prochain.
Les contours d’une candidature aux Jeux d’été suivront bien sûr les divers cheminements de ces étapes, sachant qu’un Groupe de travail spécialement dédié a d’ores et déjà été installé.
Pour le Secrétaire d’État, le plus dur commence à présent.
Ainsi que l’a souligné Piotr Borys qui, comme le Ministre précité, fait le lien entre la stratégie de développement du sport et la ferme intention d’organiser les Jeux :
Nous nous mettons vraiment au travail. Un travail auquel nous devons tous nous joindre : toute la communauté sportive, les Collectivités locales, le Gouvernement polonais et toute la société polonaise.
Aucun pays d’Europe centrale ou orientale n’a jamais accueilli les Jeux Olympiques d’été.
Je pense que le moment est venu pour la Pologne de s’affirmer comme leader de l’Europe centrale et orientale.
De son côté, Maja Włoszczowska n’a pas caché son enthousiasme et son désir de voir la Pologne devenir Hôte des Jeux d’été à moyen terme.
Comme l’a notamment affirmé celle qui siège au sein de l’institution olympique depuis 2021 :
Je suis profondément convaincu que la Pologne est prête à accueillir les Jeux Olympiques.
Mes cinq années d’expérience au CIO témoignent de nos nombreux atouts. Nous figurons parmi les plus grandes économies mondiales et tous ceux qui visitent la Pologne sont profondément impressionnés par l’ampleur de nos réalisations.
Nous avons organisé un événement européen formidable avec les Jeux Européens de 2023. Nous sommes aujourd’hui tout à fait capables d’organiser les Jeux Olympiques.

Si la Pologne venait à concrétiser son rêve des Jeux, elle pourrait se retrouver en concurrence frontale – sur le continent européen – avec l’Allemagne voisine, où la Confédération Allemande des Sports Olympiques (DOSB) mène actuellement un processus de sélection pour une future édition estivale (2036, 2040 ou 2044) en présence de quatre postulantes que sont Berlin, Munich, Hambourg et la Région Métropolitaine Rhin-Ruhr autour de Cologne.
Le pays de plus de 38 millions d’habitants pourrait aussi devoir affronter la Hongrie, qui reste sur le retrait de Budapest de la course aux JO 2024, mais encore le Royaume-Uni, où une candidature commune de Manchester et Liverpool pourrait venir concurrencer l’ambition londonienne, voire même l’Italie et l’Espagne.
Dans ces deux derniers pays du Sud de l’Europe – qui demeurent sur une série d’échecs et de désillusions dans la quête des Jeux d’été, depuis l’édition de Rome 1960 pour le premier, et depuis les Jeux de Barcelone 1992 pour le second – le rêve d’un retour de l’événement planétaire est bien vivant.
Du côté de l’Italie, la venue prochaine des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 pourrait faire espérer une nouvelle tentative de Rome – échaudée ces dernières années par ses retraits contraints pour 2020 et 2024 – ou le développement d’une candidature provinciale autour de Florence par exemple.
En Espagne, la dualité entre Barcelone et Madrid pourrait à nouveau se faire jour, même si la capitale pourrait redoubler d’efforts pour se démarquer de sa rivale catalane et inscrire enfin son nom au Panthéon des Jeux après ses déconvenues successives pour les Jeux de 2012, 2016 et 2020.
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