JO 2030 : L’heure de vérité pour les Alpes françaises

Après Salt Lake City (Utah, États-Unis), plus tôt ce mois-ci, la Commission de Futur Hôte du Comité International Olympique (CIO) entame, ce lundi 22 avril 2024, une visite dans les Alpes françaises, candidates à l’organisation des Jeux d’hiver de 2030.

Adrien Théaux lors de l’épreuve de Descente des Championnats du Monde de Méribel-Courchevel 2023, le 10 février 2023 (Crédits – Patrick Pachod / Courchevel Tourisme)

Avec le début de la visite sur le terrain, l’occasion est donnée à la Commission de Futur Hôte d’inspecter les sites et de se réunir avec les porteurs d’une candidature autour de laquelle plusieurs points capitaux demeurent en suspens et ce, bien que le dossier tricolore soit seul en lice pour les JO 2030, conformément à l’entrée des Alpes françaises dans la phase de dialogue ciblé avec le CIO survenue en novembre 2023.

De fait, alors que Salt Lake City et l’Utah cochent aujourd’hui toutes les cases pour l’édition 2034 – avec d’ailleurs une visite technique des plus élogieuses orchestrées du 10 au 13 avril – le projet des Alpes françaises doit encore compléter son concept, certes pensé à l’échelle de deux territoires régionaux, à savoir Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, mais au sein duquel la problématique de certains sites est à régler.

Pierre d’achoppement importante, la question de l’intégration de Val d’Isère (Savoie) constitue sans doute le sujet le plus brûlant pour les porteurs de la candidature et pour le CIO, notamment à l’aune de la mobilisation des élus locaux et de la légende du ski alpin, membre honoraire du CIO, Jean-Claude Killy.

Autre problématique, celle de l’Anneau de vitesse, non existant à date.

Pour le CIO, l’absence de certitude pour ce site de compétition ne semble toutefois pas faire l’objet d’une inquiétude particulière à ce jour. De fait, l’institution de Lausanne (Suisse) a parfaitement conscience que la mouture d’un projet présenté au stade d’une candidature peut évoluer jusqu’à la mise en place des préparatifs. Surtout, le cas de Milan-Cortina 2026 offre désormais de nouvelles possibilités que d’autres Villes Olympiques par le passé n’avaient sans doute pas envisagé.

Aussi, à l’instar du projet transalpin, le dossier tricolore pourrait faire le choix d’un site temporaire agencé dans un Parc des Expositions par exemple. Les Alpes françaises pourraient à l’inverse faire le choix d’un site délocalisé dans un pays européen voisin, que ce soit l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, voire même les Pays-Bas.

Ainsi que l’a exposé au cours d’une récente table-ronde avec les médias, le Directeur Exécutif du CIO chargé des Jeux Olympiques, Christophe Dubi :

Il y a quelques candidats potentiels, donc aucune urgence, et là-dessus, ce n’est pas le CIO qui mettra la pression, dans le sens où on aura une solution qui sera à la fois rapide et qui fera sens, qu’elle soit temporaire ou à l’étranger.

A l’aune de ce propos, force est de constater que l’exemple de Milan-Cortina 2026 a conduit à une certaine modulation dans la position de fermeté que le CIO a parfois pu adopter par le passé et qu’il a voulu imposer aux organisateurs italiens des JO 2026.

L’entente entre le CIO et les autorités françaises depuis plus de sept ans, entre la candidature et la désignation de Paris 2024 pèse sans doute aussi dans cette ouverture, l’institution olympique ayant finalement confiance dans la capacité des organisateurs français à relever les défis qui peuvent jalonner les préparatifs.

Au-delà de ces deux éléments-clés, d’autres points sont également à solutionner pour la candidature française, notamment en ce qui concerne la localisation de la Cérémonie d’ouverture dans les Alpes du nord, la clôture étant déjà sectorisée dans les Alpes du sud, et plus particulièrement, sur Nice, au sein de l’Allianz Arena. Là-encore, le choix d’un site existant ou d’une structure temporaire sont sur la table, sans qu’une option ne se détache à ce stade.

Conférence de presse de présentation de la candidatures des Alpes françaises à l’organisation des Jeux d’hiver de 2030, mardi 07 novembre 2023 (Crédits – CNOSF / KMSP)

Évidemment, et comme pour contre-balancer les écueils actuels, l’expertise de la France dans l’organisation de grands événements sportifs représente un atout formidable, de même que les préparatifs et l’orchestration des Jeux de Paris 2024 dont les fondamentaux structurels serviront indéniablement de base de travail au projet des Alpes françaises.

Aussi, Christophe Dubi, a dernièrement insisté dans son propos sur les capacités déjà démontrées par le pays et par les territoires appelés à abriter les Jeux d’hiver, 38 ans après l’édition d’Albertville 1992.

Comme il l’a notamment affirmé :

C’est toujours enthousiasmant de pouvoir se projeter aussi loin dans le futur. Il y a bien entendu les urgences quasi-opérationnelles du moment avec des Jeux qui arrivent très prochainement, mais là, il s’agit de parler d’une vision à six ans, Alpes françaises 2030.

Le projet qui nous est présenté […] il est enthousiasmant à plus d’un titre. Parce que finalement dans les Alpes françaises, il y a une formidable capacité d’accueil et d’organisation de grands événements, y compris récemment, et comme on le voit bien, ce sont aussi des paysages alpins absolument exceptionnels.

En plus, ce projet est parfaitement conforme avec l’Agenda 2020 et l’Agenda 2020+5 également, dans le sens où l’on s’appuie sur de l’existant et sur des capacités de savoir faire.

Et puis la France peut s’appuyer sur un système politico-administratif qui a été développé dans le cadre des Jeux de Paris et que l’on va pouvoir bien entendu transférer dans le cadre de cette candidature.

Pour le projet français, l’appui des autorités – du Chef de l’État aux Collectivités Territoriales – constitue un élément central d’une candidature au fort accent politique, sans compter le soutien exprimé par une partie des sponsors des Jeux de Paris 2024 qui sont prêts à se mobiliser de nouveau pour accompagner l’établissement et la livraison des JO 2030.

Cette possibilité fut d’ailleurs évoquée par la Commission Exécutive du CIO lorsque cette dernière entérina l’entrée des Alpes françaises dans la phase de dialogue ciblé, faisant de facto une démonstration supplémentaire que la candidature française, même avec des questions en suspens, reste un solide prétendant et un sérieux partenaire pour le CIO.

En tenant compte de l’ensemble de ces éléments, la visite de la Commission aura par conséquent pour objectif majeur de mieux comprendre l’ambition du projet officialisé à l’été 2023 et présenté au début du mois de novembre dernier par les Présidents des deux Régions précitées et par le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), notamment en ce qui concerne l’héritage attendu des Jeux, avant et après l’événement, pour la population et pour le territoire.

Les anneaux olympiques devant la Maison Olympique à Lausanne (Crédits – IOC / Christophe Moratal)

A la suite de cette visite composée d’une inspection des sites et de réunions entre les parties, la candidature des Alpes françaises pour 2030 – ainsi que celle de Salt Lake City pour 2034 – opéreront une présentation à distance de leur concept respectif auprès des Fédérations Internationales des sports d’hiver à la fin du mois de mai 2024.

Cette séquence permettra dès lors d’agrémenter et de compléter le rapport que la Commission de Futur Hôte présentera devant la Commission Exécutive du CIO en juin 2024, avant qu’une séance d’information ne se déroule en amont de la Session du CIO du mois de juillet, juste avant l’ouverture des Jeux de Paris 2024.

Laisser un commentaire