JO 2036-2040 : Une Ministre allemande encourage une candidature de Berlin

En Allemagne, la question d’une possible candidature olympique et paralympique aux Jeux d’été de 2036 divise depuis plusieurs années, entre partisans et opposants d’une Olympiade qui interviendrait cent ans après les Jeux de 1936 utilisés par le régime nazi pour la promotion de son idéologie.

Portrait de Nancy Faeser, Ministre fédérale allemande de l’Intérieur, par ailleurs chargée des Sports (Crédits – Peter Jülich)

Un mois après la présentation d’un accord de coalition régionale entre le Parti Social-Démocrate (SPD) et l’Union Chrétienne-Démocrate (CDU) prévoyant notamment de soutenir le projet d’une candidature olympique et paralympique de Berlin, la Ministre fédérale de l’Intérieur a cette semaine pris la parole pour encourager l’établissement d’une telle initiative.

Également en charge du portefeuille des Sports, Nancy Faeser a ainsi profité d’une interview auprès du site “The Pioneer” pour exposer sa vision d’une candidature qui reposerait pour partie sur un travail de mémoire.

Comme l’a notamment affirmé la responsable sociale-démocrate, ce jeudi 11 mai 2023 :

Les Jeux de 1936 ont été terribles. Les nazis ont organisé les Jeux comme un moyen pour se promouvoir.

[Une candidature] est concevable [dans la mesure où il serait envisageable de] traiter d’une manière spéciale l’endroit où cela s’est produit, où l’exclusion et ce terrible mépris de l’humanité ont eu lieu.

Allant plus loin dans son propos, et alors que plusieurs dirigeants politiques et sportifs se sont élevés contre la dernière Coupe du Monde de football au Qatar, Nancy Faeser pense de surcroît qu’une candidature aux Jeux pourrait être l’occasion de mettre en avant la défense des droits de l’Homme.

Ainsi que l’a déclaré la Ministre allemande :

Si nous exigeons ces critères [concernant le respect des droits de l’Homme], alors je pense que nous devons donner le bon exemple et permettre à nouveau la tenue d’un événement sportif majeur en Allemagne.

C’est le bon moment pour postuler à l’accueil d’une nouvelle édition des Jeux.

J’en fais très fortement la promotion.

Vue des anneaux olympiques au-dessus du parvis du Stade Olympique de Berlin (Crédits – Olympiastadion Berlin / Page officielle Twitter)

Cette sortie médiatique de la part de l’un des membres éminents du gouvernement fédéral allemand est de nature à relancer la dynamique autour de la mise en œuvre d’un projet susceptible de succéder à la tentative infructueuse de Hambourg 2024.

L’Allemagne – dont l’un des anciens Président du Comité National Olympique (DOSB) est aujourd’hui à la tête du CIO, en la personne de Thomas Bach – réfléchit en tout cas à l’installation d’une candidature, en tâchant de retenir les leçons des défaites passées, le pays ayant enregistré maintes déconvenues au cours des dernières décennies, avec un florilège de prétendantes pour les Jeux d’été comme pour les Jeux d’hiver.

Pour Berlin, la perspective d’une nouvelle candidature permettrait à la capitale fédérale de revenir au premier plan et ce, après avoir été écartée de la course dans le cadre de la sélection interne pour 2024 au profit de la cité portuaire précitée. Surtout, ce serait l’occasion d’effacer la déroute de la candidature formée pour l’échéance de l’an 2000.

Au début des années 1990, la capitale fédérale allemande s’était alors retrouvée en concurrence face à Manchester (Royaume-Uni), Istanbul (Turquie), Pékin (Chine) et Sydney (Australie), avant de devoir s’incliner dès le second tour du scrutin, avec seulement 9 suffrages exprimés par les membres du Comité International Olympique (CIO).

Vue du parvis et du Stade Olympique de Berlin (Crédits – Site officiel de l’Olympiastadion Berlin)

Quoiqu’il en soit – et indépendamment du débat qui devrait encore perdurer concernant l’opportunité d’un projet pour l’édition 2036 ou plutôt pour celle de 2040 – Berlin ne devrait pas se retrouver seule en piste.

Les responsables sportifs et politiques allemands gardent en effet en mémoire les vives critiques qui ont pu émerger sur les dernières candidatures et, plus globalement, sur le modèle olympique dans son ensemble.

Aussi, en s’appuyant sur les réformes engagées par le CIO, qui permettent désormais de bâtir une candidature et un projet à une échelle dépassant le strict cadre d’une ville et de son territoire immédiat, le DOSB et les autorités régionales et fédérales pourraient convenir d’un concept englobant Berlin et plusieurs villes du pays.

En décembre dernier, en marge de l’Assemblée Générale de l’instance olympique allemande, le Président de la Landessportbund Berlin – ou Association Sportive du Land de Berlin (LDB) – avait d’ailleurs souligné l’impératif d’un projet brisant les codes traditionnels.

Comme l’avait à cette occasion exposé Thomas Härtel :

La course entre Berlin, Hambourg, Munich et la Rhénanie du Nord-Westphalie est inutile.

Il nous faut montrer [qu’une candidature] peut se faire de manière durable en ne construisant pas de nouvelles installations sportives, mais en investissant de l’argent dans les équipements existants en les entretenant pour envoyer un signal correspondant au principe de durabilité.

Il faudrait aussi embarquer la population dans cette aventure. Cela ne marche pas sans la participation des municipalités, des territoires et des citoyens.

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