Candidate aux Jeux de 2002, et un temps pressentie pour concourir aux Jeux de 2022 puis de 2026, la ville de Québec (Canada) pourrait à nouveau porter un intérêt pour un projet olympique et paralympique, profitant du retrait contraint de Vancouver de la course aux JO 2030.

Mon téléphone est ouvert.
Si le Comité Olympique Canadien, qui avait choisi Vancouver pour 2030, disait que ce n’est plus possible et se cherche un partenaire, on va certainement en discuter.
Par ces deux phrases prononcées jeudi 03 novembre, le Maire de Québec, Bruno Marchand, a soudainement réveillé la question d’une candidature de la ville à l’organisation d’une prochaine édition des Jeux d’hiver.
Au moment où Vancouver est contrainte de faire un pas de côté dans le processus de sélection du futur hôte des JO 2030, par suite au refus de participation du gouvernement provincial de la Colombie-Britannique, la ville de l’Ouest pourrait ainsi se mettre à rêver à nouveau des cinq célèbres anneaux, alors même que les années passées n’ont pas permis d’établir une telle entreprise.
Bien sûr, le Maire de Québec semble parfaitement conscient des défis posés par l’étude et, le cas échéant, par le dépôt formel d’une candidature.
Ainsi qu’il l’a précisé comme pour pondérer sa propre déclaration :
Cela ne doit pas handicaper le budget de la Ville. Il faut que ce soit intéressant. Il faut voir les considérations financières.
Vous savez qu’il y a des enjeux liés à la montagne ? Quels partenariats pouvons-nous faire ? Est-ce que c’est possible ? Est-ce que c’est sain financièrement ?
Si les réponses pouvaient être oui, est-ce qu’on peut avoir des chances ? On va certainement l’évaluer.
Dans l’hypothèse où une candidature commencerait à être discutée avec l’ensemble des parties – ce qui n’est pas le cas à ce stade – Québec devrait nécessairement trouver des partenaires territoriaux ailleurs au Canada et ce, afin de palier à ses propres faiblesses, concernant notamment les critères techniques relatifs à la tenue des compétitions en massifs montagneux.
Il faudrait surtout convaincre en amont le Comité Olympique du Canada (COC), la Province du Québec et le gouvernement fédéral canadien, de s’engager autour d’un projet qui pourrait pour partie reprendre certains éléments de la candidature projetée pour les Jeux de 2002, seule et unique candidature du Québec à avoir atteint la porte du Comité International Olympique (CIO) jusqu’à aujourd’hui.

Développée au milieu des années 1990, cette unique candidature fut sélectionnée, après avis de la Commission d’évaluation, aux côtés des projets incarnés par Östersund (Suède), Sion (Suisse) et Salt Lake City (Utah, États-Unis), le 24 janvier 1995.
Quelques mois plus tard, le 16 juin, le verdict des urnes olympiques lors de la 104ème Session du CIO fut toutefois sans appel, la ville de Québec n’obtenant que 7 voix, loin derrière ses rivales européennes auréolées chacune de 14 suffrages, mais surtout à des années lumières de la grande favorite américaine, qui décrocha l’édition 2002 dès le premier tour avec pas moins de 54 voix.
Par la suite, au cours de la décennie 2010, l’ambition de Québec fut à nouveau portée en étendard, bien que très brièvement, d’abord pour l’échéance hivernale de 2022, puis pour celle de 2026.
Pour la première, une campagne de deux ans fut menée par l’association Équipe Québec entre 2009 et 2011 pour étudier l’opportunité d’une candidature, tout en faisant la promotion de projets sportifs de taille intermédiaire dans la foulée des célébrations en 2008 du 400ème anniversaire de la Ville de Québec.
A l’époque, la réflexion engagée n’avait pas conduit à la présentation d’une candidature aux Jeux, le Maire d’alors, Régis Labeaume, estimant que les conditions de succès n’étaient pas réunies.
Comme il l’affirma ainsi :
La démarche structurée et rigoureuse menée par Équipe Québec de même que l’étroite collaboration entre le gouvernement du Québec et mon administration ont permis de bien documenter la décision que nous annonçons aujourd’hui. J’ai toujours dit que nous serions de l’aventure de 2022 si nous avions l’assurance morale de pouvoir remporter la course.
De toute évidence, toutes ces conditions ne sont pas réunies actuellement. C’est pourquoi nous devons agir de façon rationnelle et bâtir sur les succès qui servent très bien la ville de Québec présentement.
Pour la seconde approche, Régis Labeaume exprima d’abord ses réticences à l’idée d’une candidature canadienne pour les Jeux de 2024 – Toronto ayant un temps envisagé une telle démarche – avant d’accepter un échange avec le Président du CIO, Thomas Bach, concernant une potentielle candidature pour les Jeux d’hiver de 2026.
A la fin du mois de mars 2016, le Maire de Québec annonça en particulier sa visite au siège de l’institution olympique à Lausanne (Suisse) programmée pour le 11 avril de la même année.
Ainsi qu’il l’exposa :
Depuis quelques années, j’ai souvent mentionné que le gigantisme des Jeux Olympiques et les coûts astronomiques pour les organiser n’avaient plus de sens. A tel point que plus aucune grande ville ne serait intéressée à les organiser que cette situation amènerait peut-être le CIO à nous appeler.
Ce jour est arrivé le 04 décembre dernier, le CIO invitant Québec à une rencontre visant à présenter leur nouveau cadre de référence, l’Agenda olympique 2020. J’y rencontrerai le Président Thomas Bach et son équipe.
La population de Québec connaît ma position quant aux Jeux Olympiques, et jusqu’à nouvel ordre, elle n’a pas changé. Nous serons à l’écoute du Président du CIO et vérifierons conjointement une hypothèse de travail pour les Jeux d’hiver de 2026. Une association avec une ou d’autres villes qui possèdent des équipements pour certaines disciplines que nous n’avons pas (bobsleigh et deux tremplins pour le saut à ski) n’est pas à exclure.
In fine, Régis Labeaume ne donna pas suite et abandonna l’idée d’une candidature considérée comme risquée sur le plan des dépenses, malgré un soutien populaire encourageant relevé dans un sondage réalisé le 26 mars 2016 par l’institut Leger en partenariat avec Le Journal de Québec.
A ce moment-là, quelques 57% des citoyens de Québec se déclaraient ainsi favorables à une candidature de leur ville conditionnée à une association avec un ou plusieurs territoires au Canada voire même aux États-Unis. Sans cette condition préalable, l’appui populaire fut cependant bien en-deça, avec un taux de soutien de seulement 46% pour une candidature de la seule ville de Québec.

Nul doute que les réflexions passées et les échanges à venir entre l’actuel Maire et ses interlocuteurs, dans les arcanes olympiques et paralympiques, et bien entendu dans la sphère politique canadienne, seront instructifs en vue de soumettre une éventuelle candidature.
La prochaine fenêtre de tir envisageable ne sera en tout cas possible que pour une édition ultérieure à celle de 2030.
Cette échéance est en effet désormais promise à Salt Lake City ou à Sapporo (Japon), les deux villes disposant d’un projet technique ficelé, et attendant à présent le positionnement de la Commission de Futur Hôte pour espérer ensuite pouvoir décrocher les Jeux à l’occasion de la 140ème Session du CIO prévue à l’automne 2023.
De surcroît, dans l’hypothèse où l’institution déciderait d’une double attribution 2030-2034 au regard des deux dossiers encore en course dans la phase de dialogue continu, une candidature de Québec serait reportée – au mieux – en direction des JO 2038.
Le chemin est encore long.