Menacée de suspension par le CIO, l’Association Olympique Indienne joue son avenir

Confrontée à une crise de gouvernance majeure, l’Association Olympique Indienne (AIO) – soit le Comité National Olympique – doit approuver cette semaine une nouvelle constitution destinée à lui éviter une suspension par le Comité International Olympique (CIO). Une telle suspension serait dommageable pour l’ambition de l’Inde, choisie pour accueillir la 140ème Session du CIO l’an prochain et prétendante à l’organisation d’une édition future des Jeux d’été.

Élection de Bombay comme Ville Hôte de la 140ème Session du CIO, le 19 février 2022 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Cette semaine, l’Inde va jouer son avenir sur la scène olympique.

Après des mois de crise ouverte, et sous la menace d’une suspension du CIO, les membres de l’IOA doivent se réunir en Assemblée Générale extraordinaire, ce jeudi 10 novembre, afin d’adopter la nouvelle constitution du Mouvement olympique indien qui doit en particulier ouvrir le processus d’élection à la présidence, aujourd’hui ouvert aux seuls membres du Comité Exécutif de l’instance.

Dès lors, ledit processus pourra s’enclencher pour un scrutin planifié au 10 décembre 2022, soit cinq jours avant la date limite fixée par le CIO, faute de quoi, la suspension tant redoutée sera prononcée.

Parmi les autres évolutions de la constitution révisée par l’ancien juge à la Cour Suprême, Nageswara Rao, se trouve notamment un accroissement de la présence et des pouvoirs des Fédérations sportives dont les sports figurent au programme des Jeux Olympiques, des Jeux Asiatiques et des Jeux du Commonwealth.

Par ailleurs, chacune des Fédérations disposera désormais de deux voix dans le cadre des Assemblées Générales, à la condition néanmoins que ces voix se partagent entre un homme et une femme. Les membres indiens du CIO, deux représentants de la Commission des Athlètes de l’AIO, ainsi que huit représentants des “sportifs au mérite exceptionnel” disposeront quant à eux d’une voix chacun, avec là-aussi l’adoption du principe de parité.

Concernant le Conseil Exécutif de l’AIO, sa composition évoluera également, avec un Président, épaulé d’un Vice-Président senior, et de deux personnalités – un homme et une femme – nommées en qualité de Vice-Présidents. La parité sera aussi de mise pour les deux postes de Secrétaires et les deux sièges dédiés aux représentants des athlètes. Six autres membres auront enfin droit de siéger au sein du Conseil.

Une limite de mandats et une limite d’âge seront par ailleurs engagées, à savoir que les membres du Conseil ne pourront exercer que trois mandats au maximum et ce, jusqu’à 70 ans.

Autre évolution notable, la fonction de Secrétaire Général sera remplacée par le poste de Directeur Général, ce dernier pouvant certes siéger, mais sans droit de vote néanmoins.

Portrait de Nita Ambani, membre du CIO depuis 2016 (Crédits – IOC)

Pour Nita Ambani, unique membre indienne active du CIO à l’heure actuelle, les changements portés par la nouvelle constitution doivent permettre d’opérer un tournant crucial dans l’administration et la gestion du sport dans le deuxième pays le plus peuplé au monde.

Ainsi qu’elle l’a déclaré dans un communiqué :

Je félicite le juge Nageswara Rao pour ce moment historique dans le Mouvement olympique indien alors que nous nous dirigeons vers un avenir plus inclusif et prometteur.

Le projet de constitution amendé de l’AIO, rédigé en consultation avec mes collègues du CIO, me rend très optimiste, en particulier avec les mesures prises pour une plus grande représentation des athlètes et des femmes dans l’administration du sport indien. Je crois fermement que cela ouvre la voie à l’Inde pour réaliser son véritable potentiel dans le sport.

Je me réjouis de travailler en étroite coopération avec les membres qui seront élus pour alimenter les ambitions olympiques de l’Inde, à commencer par l’accueil de la Session 2023 du CIO à Bombay, et de l’établissement de la Maison de l’Inde aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

De fait, alors que l’Inde avait été choisie par le CIO pour accueillir en mai prochain la 140ème Session – dont l’ordre du jour comprendra l’élection du futur hôte des Jeux d’hiver de 2030 – l’institution de Lausanne (Suisse) a in fine décidé de reporter ladite Session à l’automne 2023, sans pour autant modifier le lieu de déroulement à ce stade.

Une suspension de l’AIO entraînerait cependant un changement de lieu, l’Inde ne pouvant alors plus recevoir la moindre manifestation olympique sur son sol.

Au-delà de la Session du CIO, l’Inde est également déterminée à construire un projet susceptible de lui ouvrir les portes de l’organisation prochaine d’une édition des Jeux d’été, à horizon 2036 ou 2040, après avoir évoqué 2032. Pour cela, des études et des plans ont d’ores et déjà été présentés du côté d’Ahmedabad dans l’État du Gujarat.

Là encore, une suspension de l’AIO réduirait à néant les chances de soumettre une candidature et de discuter de celle-ci à moyen terme.

Une suspension serait enfin problématique dans la perspective des Jeux de Paris 2024, les athlètes indiens risquant de fait de ne pas pouvoir défiler et concourir sous les couleurs de leur drapeau national et au rythme de leur hymne en cas de victoire.

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