Artisan de la candidature nippone pour l’organisation des Jeux d’hiver de 2030, le Maire de Sapporo, Katsuhiro Akimoto, se prépare à un séjour européen le mois prochain, au cours duquel il se rendra au siège du Comité International Olympique (CIO). Une visite qui interviendra alors que des soupçons de corruption flottent au-dessus de personnalités liées à Tokyo 2020.

Un an après avoir accueilli Thomas Bach dans sa ville, en marge des épreuves de marche et du marathon des Jeux de Tokyo 2020, le Maire de Sapporo s’apprête à rendre visite au patron de l’institution olympique à Lausanne (Suisse).
Comme l’a annoncé la presse nippone cette semaine, Katsuhiro Akimoto se rendra en effet au siège du CIO dans le courant du mois de septembre 2022, soit trois mois avant que l’institution ne se prononce quant à l’intégration d’une ou plusieurs candidatures dans la phase de dialogue ciblé du processus de sélection du futur hôte des Jeux d’hiver de 2030.
Selon toute vraisemblance, le Maire de Sapporo – qui ira aussi à Munich (Allemagne) – devrait être accompagné par le Président du Comité Olympique du Japon (JOC), Yasuhiro Yamashita.
Récemment à la tête d’une délégation nippone en visite au quartier général du Comité d’Organisation de Milan-Cortina 2026, ce dernier aura alors à cœur de recueillir les commentaires et observations du CIO concernant les qualités et faiblesses du dossier élaboré autour de Sapporo, Ville Hôte des JO 1972.

Curieux hasard du calendrier : la visite annoncée du Maire de Sapporo au siège du CIO interviendra alors que le premier anniversaire des JO 2020 a récemment été célébré, et alors que Tokyo 2020 se retrouve une fois encore sur le devant de la scène, mais au travers d’un contexte bien moins festif.
De fait, une série d’interpellations a été menée la semaine dernière dans la capitale nippone sur fond de soupçons de corruption. A cette occasion, Haruyuki Takahashi, ancien Président de l’agence de communication Dentsu, et surtout membre du Conseil d’administration de Tokyo 2020, a été appréhendé, de même que trois autres personnes.
Pour celui qui a siégé au sein de la gigantesque structure de préparation des JO 2020, les accusations portent sur l’obtention, via un cabinet de conseil, de quelques 380 000 dollars de versements – effectués dès 2017 par phases successives – de la part de la société de vêtements, spécialisée dans les costumes d’affaires, Aoki Holdings. Or, il se trouve que ladite société a accompagné des années durant les intérêts de la candidature puis de l’organisation des JO 2020, d’abord pour avoir habillé la délégation officielle qui avait effectué l’ultime présentation technique face aux membres du CIO, en septembre 2013, et ensuite pour avoir été l’un des sponsors du Comité d’Organisation (TOCOG) dès 2018.
Ce mélange des genres pose problème. Du fait de ses fonctions internes à Tokyo 2020 et de sa proximité avec les autres membres du TOCOG, en particulier les représentants de l’État et du Gouvernement Métropolitain, Haruyuki Takahashi n’aurait en aucune manière dû percevoir la moindre rémunération de la part d’un partenaire privé.
Pour le mis en cause, les sommes perçues ne seraient toutefois pas pas liées à son statut de membre du Conseil d’administration de Tokyo 2020 et n’auraient de facto pas eu d’incidence sur les préparatifs de l’événement planétaire.
Il n’empêche, un an après la clôture des Jeux, et deux mois après la dissolution du TOCOG, l’image de marque de Tokyo 2020 pourrait être sérieusement écornée par ses nouvelles révélations qui surviennent quelques années après les soupçons ayant entouré les conditions d’attribution des JO 2020 et le rôle supposé de Tsunekazu Takeda, ancien Président du JOC et figure de proue de la candidature tokyoïte.

Plus encore, les prochaines étapes de l’enquête et de potentielles nouvelles actions pourraient fragiliser l’actuelle candidature olympique et paralympique de l’archipel, à savoir le projet de Sapporo 2030.
De fait, alors que le CIO tâche de montrer au monde un modèle olympique plus vertueux et davantage tourné vers des préoccupations actuelles, comme le changement climatique, la question épineuse des droits de l’Homme, mais encore l’éthique et la transparence des investissements et de l’utilisation des deniers publics, les déboires judiciaires d’anciens acteurs de Tokyo 2020 pourraient conduire l’institution olympique à prendre quelque peu ses distances, tout comme l’opinion publique.
Aujourd’hui en position de favorite dans la course aux JO 2030, Sapporo pourrait ainsi rapidement tout perdre, le soutien populaire étant déjà relativement limité à en croire les chiffres dévoilés au printemps dernier et ne faisant état que d’un taux d’adhésion de l’ordre de 52%.
Une potentielle déconvenue de Sapporo pourrait cependant faire les bonnes affaires de sa principale rivale qui n’est autre que Salt Lake City (Utah, États-Unis).
Partie très tôt à l’assaut des anneaux olympiques, la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 2022 entend d’une part profiter de l’héritage de l’événement laissé sur le territoire et d’autre part… laver une image longtemps affiliée au scandale ayant suivi l’attribution de cette édition des Jeux, scandale qui avait même fait vaciller le colosse olympique au début des années 2000.