Paris 2024 : Le CDG Express ne bénéficiera pas de l’effet JO

L’organisation des Jeux coïncide bien souvent avec un enclenchement voire une accélération de projets d’ampleur, particulièrement dans le domaine des transports.

A Los Angeles (Californie, États-Unis) par exemple, dans l’optique des JO 2028, nombre de projets ont été actés au cours des dernières années sous la bannière de l’ambitieux programme « 28 for 2028 ». A Paris, la perspective des Jeux de 2024 a amené de nouvelles réflexions concernant les déplacements doux dans le cadre urbain, tout en servant de tremplin à la mise en œuvre d’une partie du tracé et des nouvelles gares du Grand Paris Express.

Extrait du film technique de la candidature française (Crédits – Paris 2024)

A l’inverse, d’autres projets peuvent être considérés comme étant non-prioritaire pour l’échéance olympique et paralympique et être, en conséquence, reportés. C’est ainsi le cas du CDG Express qui, initialement, devait permettre de relier d’ici 2024 le centre de la capitale depuis la Gare de l’Est jusqu’à l’aéroport international de Roissy-Charles de Gaulle.

Face au risque d’un impact négatif pour le reste du réseau ferroviaire – à commencer par le RER B – les autorités locales se sont toutefois élevées contre l’installation de ce projet pour l’échéance olympique. La Présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécressepourtant partisane du projet en 2016 -, et la Maire de Paris, Anne Hidalgo ont ainsi été de ceux qui ont réclamé le report dudit projet auprès de la Ministre des Transports, Élisabeth Borne.

Ce mercredi 29 mai, cette dernière a convenu d’un report à fin 2025 de la mise en circulation du CDG Express et ce, afin de ne pas entraver le trafic actuel – déjà fortement saturé – des transports du quotidien. Des efforts devraient en conséquence être engagés pour accélérer la modernisation de l’un des axes ferroviaires les plus fréquentés d’Europe, avec pas moins de 900 000 voyageurs par jour sur le RER B.

Ce report résulte de l’examen des conclusions de la Mission de pilotage et de coordination des travaux sur l’axe ferroviaire nord instaurée au début du printemps par la Ministre des Transports. Trois scénarios avaient alors été envisagés et exposés concernant le CDG Express : une livraison pour mai 2024, mais avec un risque de retard pouvant impacter une mise en service avant les Jeux ; une livraison pour fin 2025 afin de détendre le calendrier et les contraintes logistiques ; ou un abandon du projet.

Le gouvernement a donc tranché en faveur de la deuxième option. Si celle-ci engendrera certes un surcoût, elle ne devrait finalement n’avoir qu’un impact limité pour le réseau actuel, avec tout de même des coupures complètes sur certaines portions en week-end entre 2021 et 2023.

Cartographie du projet CDG Express (Crédits – CDG Express / Groupe ADP)

Dans un communiqué, la Ville de Paris a d’ailleurs salué ce choix, tout en demandant des garanties aux autorités nationales compétentes :

La Ville de Paris rappelle que cette liaison ferroviaire qui bénéficiera en premier lieu aux touristes ne doit en aucun cas être réalisée au détriment des transports en commun empruntés quotidiennement par les Parisiens et les Franciliens.

Elle appelle le gouvernement à organiser au plus vite une réunion associant tous les élus locaux concernés pour s’assurer que ce nouveau calendrier respectera scrupuleusement le programme de rénovation des lignes existantes, et tout particulièrement des lignes B du RER et K du Transilien, ainsi que la ligne du TER Hauts-de-France.

Le Comité d’Organisation (COJO) des Jeux d’été de Paris 2024 a également publié un communiqué à la suite de l’annonce du report de la mise en service de la future liaison ferroviaire.

Cette communication ne doit rien au hasard, le CDG Express ayant été évoqué dans le cadre du dossier de candidature au titre des moyens de transports alternatifs à l’utilisation de la voiture et pouvant dès lors contribuer au bon acheminement des délégations et des spectateurs jusqu’à Paris et jusqu’aux villes associées aux Jeux en Seine-Saint-Denis. Comme l’a ainsi exposé le COJO :

Le projet du Charles de Gaulle Express avait été mentionné dans le dossier de candidature de Paris 2024, comme tous les projets d’infrastructures programmés à l’époque pour être livrés avant le début des Jeux et sur lesquels Paris 2024 était susceptible de s’appuyer.

Comme Paris 2024 l’a toujours indiqué, si le CDG Express représentait une opportunité supplémentaire à la disposition des touristes olympiques et paralympiques utilisant les infrastructures aéroportuaires de l’Aéroport Paris-Charles de Gaulle, il ne répondait pas à un besoin en tant que tel pour la bonne organisation des Jeux.

En effet, cette ligne de transport appelée à relier en une vingtaine de minutes l’Aéroport Paris-Charles de Gaulle au centre de Paris n’aurait desservi aucun site olympique ou paralympique. Paris 2024 s’appuie déjà sur un plan de transport performant pour desservir les différents sites utilisés pendant les Jeux. La qualité de ce plan avait d’ailleurs compté parmi les meilleurs atouts de Paris 2024 durant la phase de candidature.

Ce propos illustre la volonté des organisateurs des Jeux de ne pas être associés au report du projet et encore moins d’être associés au surcoût qu’engendre un tel décalage par rapport aux prévisions initiales.

En lieu et place de la mise en œuvre pré-olympique de ce projet qui aurait assuré une desserte régulière de la capitale en une vingtaine de minutes moyennant un titre de transport d’un montant – lui-aussi décrié – de 24 euros, la Région Île-de-France propose d’accroître la fréquence du RER B avec une liaison directe entre la Gare du Nord et la plate-forme aéroportuaire.

Une sorte de RER Olympique en somme.

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