Présente au sein de la délégation française actuellement en déplacement à la Convention SportAccord, l’ancienne athlète Muriel Hurtis a accepté de répondre en exclusivité aux questions de “Sport & Société”.
Celle qui fut Championne du Monde en 2003 avec le relais 4×100 mètres, puis médaillée de bronze aux Jeux Olympiques d’Athènes 2004, revient sur son implication auprès de la candidature de Paris 2024, mais également sur la place des femmes dans les instances sportives, ou encore sur l’héritage des Jeux pour la jeunesse d’Île-de-France.

- Au cours de votre déplacement à Lausanne (Suisse), quel a été votre rôle au sein de la délégation de Paris 2024 ?
Je suis venue ici pour écouter et apprendre. Le Monde Olympique et la campagne sont des choses nouvelles pour moi. Ici, mon rôle a surtout consisté à montrer que les sportifs sont vraiment au cœur de cette candidature et qu’ils sont acteurs.
C’était donc également l’occasion de montrer que le projet est porté par les sportifs. J’étais ainsi à Lausanne pour les représenter dans un moment qui est important pour notre candidature.
- Par rapport à la venue de la Maire de Paris hier, quelle a été votre impression au regard de son implication et de son engouement ?
J’ai vraiment été bluffée ! Je l’ai trouvé géniale du fait de sa disponibilité, de son implication et du message qu’elle a pu délivrer. L’ouverture qu’elle peut avoir et cette envie de se mettre au soutien du monde sportif et du Comité de Candidature sont inspirants.
- Est-ce que vous avez déjà pu constater une différence par rapport aux précédentes candidatures de Paris, et notamment celle de Paris 2012 ?
Pour cette nouvelle candidature on observe que les sportifs sont concertés et que certaines décisions ont été prises après les retours de sportifs ; comme ce fut le cas pour le choix des sites.
Comme l’a dit la Maire de Paris, elle est là lorsque le monde sportif a besoin d’elle, elle se met vraiment à disposition de la candidature.
C’est un message qui est porté, à la fois par les sportifs, par les politiques et par la population, avec la mise en place d’une concertation avec des réunions thématiques. De tels rendez-vous ont d’ailleurs été organisés récemment dans le département de la Seine-Saint-Denis au niveau de la Région Île-de-France.
C’est important qu’il y ait une participation massive de tous ceux qui veulent s’exprimer afin que chacun se sente concerné et puisse se mobiliser pour ce projet. C’est aussi une différence par rapport à Paris 2012 d’une part, et d’autre part, au regard de l’héritage qui est proposé.
Si nous remportons les Jeux, il y aura un héritage certain pour la jeunesse, pour le département du 93, pour la ville de Paris, mais aussi pour toute la société avec des changements majeurs en matière de sport/santé ou de perception/acceptation du handicap.

- Au niveau du projet, quel est votre point de vue concernant la proposition d’implantation et d’aménagement du Village des Athlètes, sachant que le Comité International Olympique (CIO) accorde une importance nouvelle à l’implication des sportifs dans le choix des sites, et particulièrement de cet équipement ?
C’est un choix qui a été fait suite aux retours des sportifs, qui ont eu en leur possession un questionnaire. Ce document a permis de prendre des décisions sur l’emplacement du Village Olympique et paralympique. Tous les points importants qui ont été remontés par les sportifs et le Comité a ensuite pris en compte leurs avis.
La proposition retenue à l’Île Saint-Denis était mon souhait. J’ai donc été contente de ce choix pour ce territoire que je connais bien pour y avoir grandi. Ce qui est aussi positif c’est son emplacement : 80% des athlètes seront à moins de 30 minutes des sites de compétitions.
Cette prise en considération du choix des sportifs a été importante pour nous et je pense aussi que ce retour a été d’une grande richesse pour l’élaboration du dossier technique.
- Concernant encore l’implication des sportifs, quel message – selon vous – veut envoyer Paris 2024 à l’égard du CIO et des autres Villes Candidates ?
Le message, c’est que les sportifs sont présents. Ils sont mobilisés, ils portent une parole à travers le territoire français et à l’échelle internationale. On voit vraiment cette volonté des sportifs de mener des actions un peu partout pour sensibiliser la population le plus largement possible.
Les sportifs sont auprès de cette candidature et acteurs de celle-ci. C’est l’un des points forts que nous avons et qui renforce la candidature.
- Quel regard avez-vous quant à la place des femmes et notamment des anciennes sportives au sein des postes stratégiques des candidatures aux JO 2024, à l’image – outre de Paris -, de Janet Evans pour Los Angeles ou Diana Bianchedi pour Rome ?
La diversité et la parité sont importantes.
Pour cette campagne il y a plus de femmes au sein du Comité de Candidature Paris 2024 mais aussi dans le Comité des Athlètes désormais finalisé.
Lors de la Convention SportAccord, j’étais présente aux côtés de la Maire de Paris. C’est un signal fort qui est envoyé.
Pour ce qui est de la France, nous avons de nombreuses actions qui visent à promouvoir le sport au féminin (« Les Quatre Saisons », etc…), des relais médiatiques aussi, des événements 100% féminin. Nous avons donc cette volonté, ici en France, de mettre en avant le sport féminin, et que des femmes puissent intégrer des postes-clés.

- En ce qui concerne votre propre implication dans la candidature de Paris 2024, avez-vous déjà idées relatives au rôle que vous pourriez avoir au cours des mois à venir ? Cela peut passer par des interventions devant des étudiants, dans le cadre d’entreprises, auprès de collectivités, etc…
Je prends déjà des initiatives de mon côté, de mon propre chef : j’interviens par exemple auprès de jeunes dans les écoles. Forcément avec mon implication au sein de Paris 2024, ce type d’action va se poursuivre dans le temps. Au mois de mai il y aura ainsi une intervention dans un lycée d’Île-de-France, à Saint-Denis.
Oui, des actions comme celle-ci, il y en aura encore tout au long de l’année.
De toute façon, c’est pour moi une priorité ; afin de faire passer un message en direction de la jeunesse ; elle qui a besoin d’avoir une part de rêve et de s’impliquer pour les Jeux.
- On a l’impression que Paris 2024 à la volonté de proposer un projet tourné vers la jeunesse. Pensez-vous que cette problématique sera déterminante dans le choix de la Ville Hôte des JO 2024 ?
En tous cas, elle contribuera à ce choix. Il est essentiel de montrer l’héritage qui sera laissé à cette jeunesse, les projets éducatifs et pédagogiques qui seront aussi actionnés, l’engagement auprès du 93 qui est un département qui a besoin d’avoir un nouveau visage et de nouvelles ambitions.
Cette candidature laissera un héritage important à cette jeunesse ; nous y travaillons. Cela sera d’autant plus le cas si nous obtenons les Jeux. Les jeunes pourront se projeter, avoir des objectifs. C’est primordial !
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