Au sortir de l’ultime réunion de la Commission Exécutive du Comité International Olympique (CIO), qui a énoncé cette semaine une série de recommandations aux Fédérations Internationales concernant les athlètes russes et biélorusses, le Président Thomas Bach a réitéré son refus de toute forme d’ingérence gouvernementale.

Le CIO ne se laissera pas intimider et encore moins dicter son calendrier quant à une prochaine décision concernant la possible réintégration des athlètes russes et biélorusses dans l’optique des Jeux d’été de Paris 2024.
Si sur cette question, l’institution de Lausanne (Suisse) a formulé – via son instance exécutive – des recommandations à l’égard des Fédérations Internationales, elle se garde pour l’heure de dévoiler sa stratégie concernant le rendez-vous olympique de l’année à venir. Il n’empêche, des voix se sont d’ores et déjà élevées contre une participation des russes et des biélorusses lors de la prochaine édition des Jeux.
Aussi, tout en poursuivant la réflexion engagée depuis plus de quatre mois désormais, le CIO se refuse à voir déferler une ingérence gouvernementale de la part d’autorités politiques qui seraient en opposition face aux recommandations émises par l’institution sur la scène sportive.
Il y a peu, le Président Thomas Bach avait en ce sens eu l’occasion de répondre aux critiques du Chef de l’État ukrainien et de son Ministre des Sports, rappelant au passage le soutien accordé par le CIO à l’Ukraine au travers d’un fonds de solidarité piloté par l’ancienne gloire de l’athlétisme, Sergey Bubka.
Cette semaine, le patron de l’institution olympique est allé plus loin encore, en fustigeant ouvertement l’attitude des gouvernements occidentaux.
Ainsi, à l’issue de la dernière journée de la réunion de la Commission Exécutive à Lausanne (Suisse), jeudi 30 mars, Thomas Bach a en particulier affirmé :
Il est déplorable de voir que des gouvernements ne veulent pas respecter la volonté de la majorité des parties prenantes du Mouvement olympique, ni l’autonomie du sport.
Il est déplorable de voir que ces gouvernements ne traitent pas la question des doubles standards.
Nous n’avons pas vu un seul commentaire sur leur attitude à l’égard de la participation d’athlètes des pays des 70 autres guerres et conflits armés à travers le monde.

En dénonçant de manière aussi virulente – chose rare pour un Président du CIO – ce qui pourrait s’apparenter à une certaine hypocrisie des gouvernements occidentaux, Thomas Bach a tenu à remettre les pendules à l’heure.
Par ce propos – visant sans le moindre doute les Ministres et autres dirigeants internationaux qui ont pu pointer du doigt les travaux du CIO, ou qui ont essayé de s’immiscer de façon détournée dans la réflexion en cours – Thomas Bach réaffirme ainsi que le CIO est et restera maître de ses horloges concernant les décisions à venir sur la question russe et biélorusse.
Une annonce au sujet des JO 2024 devrait d’ailleurs intervenir en amont de la 140ème Session du CIO qui se réunira en octobre 2023 à Bombay (Inde).
Ces dernières années, l’institution olympique n’a en tout cas pas été épargnée par un indéniable accroissement de la pression politique, aujourd’hui sur la question russe et biélorusse, hier sur la tenue des Jeux d’hiver de Pékin 2022 et, peu avant, sur la stratégie à adopter autour de la crise sanitaire du Covid-19 et du report des Jeux d’été de Tokyo 2020.
Face à cette ingérence galopante dans les affaires olympiques, le CIO entend préserver son indépendance et protéger au mieux les autres composantes du Mouvement olympique. Que cela soit apprécié ou non de la part des gouvernements.
Avec son intervention remarquée, Thomas Bach réaffirme aussi en filigrane que les Jeux Olympiques sont la propriété exclusive du CIO et qu’en ce sens, il appartient à ce dernier d’en déterminer les règles. Cela peut en outre être interprété comme une forme d’avertissement vis-à-vis des autorités de pays organisateurs ou candidats à l’organisation des Jeux qui, tout en louant la vitrine exceptionnelle de l’événement, voudraient sensiblement tordre le bras de l’institution.
Ce commentaire me semble bien peu distancié. Le terme « d’ingérences gouvernementales dans la gestion du CIO » parait inapproprié, en tout cas excessif. L’autonomie et l’apolitisme du sport sont un leurre. Il n’y a pas d’objet plus politique que le sport en Russie, et le mouvement sportif russe est totalement inféodé au régime. Le CIO cherche surtout à éviter une scission au sein du mouvement sportif international, entre le bloc occidental et les pays démocratiques d’un coté, la Russie, la Chine, l’Inde et l’Afrique de l’autre. Il est disposé pour cela à passer outre les considérations éthiques ou morales qui inspirent l’Occident. La dénonciation de l’ingérence et l’affirmation de l’autonomie sont des instruments bien commodes pour masquer une démarche plus terre à terre.
Je comprends et partage votre propos, et je tiens à apporter les précisions suivantes.
Le CIO cherche effectivement à éviter une scission et, au-delà, à préserver ses intérêts. On le voit déjà sur la lutte menée avec l’IBA sur un tout autre sujet. Bien qu’en remodelage, le modèle olympique demeure soumis aux pays occidentaux et encore davantage si l’on regarde les dernières Olympiades et Jeux d’hiver, à des pays moins démocratiques selon nos standards occidentaux.
Concernant l’ingérence que j’évoque, c’est aussi à interpréter de manière globale lorsque l’on constate la pression accrue ces dernières années, comme je l’évoque en fin de propos, et comme on le perçoit aussi dans la confrontation qui a pu se produire récemment avec le Guatemala, l’Inde, quelques années avant l’Italie aussi et d’autres.