Avec la démission du Gouvernement Conte et la perspective éventuelle d’élections législatives anticipées, la mise en œuvre du projet olympique et paralympique de Milan-Cortina 2026 pourrait être en partie impactée.

Dès le lancement de la réflexion ayant entouré la candidature italienne à l’organisation des Jeux d’hiver, l’aspect institutionnel avait été pris en considération comme un élément non-négligeable.
Plus qu’ailleurs en effet, l’instabilité politique qui caractérise la péninsule depuis des décennies a pu inquiéter les porteurs du projet, ces derniers étant alors parfaitement conscients des risques pour une telle entreprise et gardant surtout le souvenir amer des revers infligés aux précédentes candidatures, à savoir Rome 2020 et Rome 2024.
Aussi, le Comité National Olympique Italien (CONI), par l’intermédiaire de son Président, Giovanni Malago, avait su faire preuve de diplomatie pour déminer les tensions et rivalités locales, tout en manœuvrant habillement avec le Gouvernement et les formations politiques de premier plan de l’autre côté des Alpes.
In fine, l’accord obtenu entre toutes les instances dirigeantes – au-delà des autorités nationales, les Régions, les Provinces et les Villes engagés – avait contribué à assurer le succès du projet italien face à la candidature suédoise paradoxalement affaiblie par les incertitudes politiques.

Aujourd’hui cependant, le Comité d’Organisation des Jeux de Milan-Cortina 2026 risque de devoir composer avec une instabilité nouvelle au plus au sommet de l’État, le Président du Conseil italien, Giuseppe Conte ayant annoncé dès hier soir son intention de démissionner.
Il faut dire que les dernières semaines ont été plus que périlleuses pour le Gouvernement Conte, avec le départ fracassant de la coalition du mouvement formé par l’ancien Président du Conseil, Matteo Renzi. Ce dernier, désormais à la tête du parti Italia Viva (IV) après avoir été l’un des leaders du Parti Démocrate, reproche en effet la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19 et les plans de relance de l’économie transalpine annoncés et portés par Giuseppe Conte.
Pour l’actuel locataire du Palais Chigi, l’enjeu des prochains jours est double.
Avec sa démission, il tentera ainsi d’obtenir à nouveau la confiance du Président de la République pour former une nouvelle équipe gouvernementale, avec le maintien du soutien actif du Parti Démocrate (centre-gauche) d’une part, et du Mouvement 5 Étoiles (antisystème) d’autre part. Si ce plan fonctionne correctement, Giuseppe Conte pourrait alors éviter à l’Italie de retourner aux urnes pour des élections législatives anticipées dont l’issue pourrait être désastreuse pour la coalition au pouvoir.
Le morcellement de la classe politique et l’absence de réelle alternative pourraient dès lors conduire la droite et l’extrême-droite à prendre les commandes du pays, avec en embuscade l’éternel revenant, Silvio Berlusconi – déjà Président du Conseil au milieu des années 1990 -, et Matteo Salvini, qui fut un temps Vice-Président du Conseil et Ministre de l’Intérieur au sein du premier Gouvernement formé par Giuseppe Conte.
Bien que ces deux figures de la politique italiennes n’auraient aucun intérêt à affaiblir directement le projet olympique et paralympique – ne serait-ce que pour l’image du pays sur la scène sportive internationale – le cumul relatif à la tenue d’élections, aux incertitudes de la vie politique, mais également à la lourdeur administrative déjà relevée, pourrait avoir pour conséquence de retarder la mise en œuvre des premiers chantiers, alors qu’un Décret à un milliard d’euros a récemment été signé par la Ministre des Infrastructures et des Transports pour moderniser les installations des Régions hôtes des JO 2026.

Dans les mois à venir, le Comité d’Organisation des Jeux de Milan-Cortina 2026 devra, là-encore sur le front politique et institutionnel, faire preuve de vigilance concernant l’enclenchement des travaux sur les sites à construire ou à réhabiliter, notamment du côté de Milan où une Commission Municipale de suivi des préparatifs a d’ailleurs été installée la semaine dernière.
Présidée par un proche de Matteo Salvini, ladite Commission va en particulier devoir coordonner la question du nouveau stade de la cité lombarde, mais également les problématiques autour des chantiers de deux arénas destinées à accueillir le hockey-sur-glace et le hockey-sur-luge et, pour l’une d’elle, la Cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques.
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