En s’adressant directement au Président du Comité International Olympique (CIO), les porteurs du projet de candidature de Salt Lake City (Utah, États-Unis) entendent aujourd’hui se positionner comme de solides partenaires d’un Mouvement Olympique confronté à des défis majeurs.

Hôte des Jeux d’hiver de 2002, la ville de Salt Lake City entend incarner une option crédible pour un Mouvement Olympique confronté depuis plusieurs années à une baisse du nombre de candidatures et faisant face aujourd’hui au défi du report des Jeux de Tokyo 2020 et aux répercussions liées à la crise sanitaire du Covid-19.
Aussi, après avoir été désigné en 2018 comme candidature américaine pour une édition hivernale restant à déterminer, et huit mois après l’instauration d’un Comité préparatoire, deux courriers ont récemment été adressés au Président du Comité International Olympique (CIO) afin d’exprimer d’une part l’engagement des autorités sportives, et d’autre part, la détermination de Salt Lake City et de sa région, à être des partenaires de l’institution de Lausanne (Suisse) pour les années à venir.
Ainsi, dans une lettre datée du 30 octobre 2020, Susanne Lyons, Présidente du Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC), et Sarah Hirshland, Directrice Générale dudit Comité, martèlent leur soutien à l’égard du projet porté par la principale ville de l’Utah, tout en prenant bien soin de rappeler la priorité – en tant que partenaire d’organisation – des Jeux d’été de Los Angeles 2028.
Évoquant à la fois l’espoir et l’inspiration pour qualifier le rôle essentiel qu’a – et que peut avoir à l’avenir – le Mouvement Olympique dans une période troublée, les deux dirigeantes estiment dès lors que :
L’USOPC, comme le Mouvement Olympique, s’adapte au changement, mais nous restons engagés à poursuivre le dialogue avec le CIO pour explorer la possibilité d’accueillir de futurs Jeux d’hiver à Salt Lake City, dans l’Utah.
Le moment viendra pour toutes les parties prenantes, et nous restons avant tout engagés en première ligne dans le succès des Jeux de Los Angeles 2028, mais nous comprenons également la puissance de l’héritage de l’Utah et les avantages et programmes continus qui y sont apportés.
L’histoire de Salt Lake City est un témoignage de la puissance des Jeux, un modèle d’héritage en action et un exemple d’opportunités pour les régions hôtes.
A cet égard, c’est notre honneur de présenter cette lettre comme une expression de notre engagement continu envers le Mouvement Olympique et de soutien à Salt Lake City et à l’Utah en tant qu’hôtes potentiels de futurs Jeux d’hiver.

Certes, le but de cette lettre n’est pas de positionner Salt Lake City sur une échéance précise – 2030 ou 2034 – mais bien de consolider les discussions déjà engagées avec le CIO, en réitérant l’appui dont bénéficie à ce jour la candidature qui, du fait de nombreux atouts, peut aisément constituer un projet clé en main si d’aventure, les autres territoires intéressés par les prochains créneaux disponibles venaient à se rétracter.
En effet, alors que Sapporo (Japon) a longtemps fait figure de favorite pour décrocher la timbale des Jeux de 2030, le contexte actuel – avec l’annonce du report des Jeux de Tokyo 2020 et surtout la gestion du surcoût d’organisation de ces derniers – est de nature à retarder le projet, voire même à éteindre la flamme de la Ville Hôte des JO 1972.
Car même si le Comité Olympique du Japon (JOC) ne renonce pas à ce stade, le positionnement du Gouvernement de Yoshihide Suga aura une importance capitale dans les mois qui viennent. Ce dernier – considérant la participation financière sans nul doute rehaussée de plusieurs milliards de dollars pour les JO 2020, et prenant compte une opinion publique douchée par les aléas du report – pourrait rendre caduque la poursuite d’une nouvelle candidature du pays, tout du moins à court terme.
Outre Sapporo, la candidature éventuelle de Pyrénées-Barcelone (Espagne) est elle-aussi dans l’incertitude, ce qui pourrait, le cas échéant, profiter au projet américain.
En raison de la crise sanitaire et des efforts menés par les autorités espagnoles pour endiguer la propagation du virus, les porteurs du projet notamment pensé autour de l’héritage de la Ville Hôte des Jeux d’été de 1992, ont en effet récemment fait savoir que des discussions plus approfondies auraient lieu ultérieurement.
De la même manière, une étude plus poussée d’une éventuelle candidature de Vancouver (Canada) a été décalée au printemps 2021 à l’issue d’un vote du Conseil Municipal organisé au début du mois de novembre, le Maire de la Ville Hôte des JO 2010 préférant pour l’heure donner la priorité à la lutte contre le Covid-19.
Pour Salt Lake City, la voix semble donc plus dégagée que jamais pour prétendre à accueillir les Jeux de 2030 et à succéder ainsi à Milan-Cortina (Italie) où aura lieu l’édition 2026.
Néanmoins – et la mention exposée par les deux dirigeantes de l’USOPC est là pour le rappeler – l’institution américaine demeure aujourd’hui focalisée sur la réussite des préparatifs de LA 2028, une réussite qui tiendra pour partie dans la mise en œuvre d’un ambitieux programme marketing à 5 milliards de dollars, dont la moitié projetée pour les caisses du Comité d’Organisation.
Or, au regard du chevauchement possible avec un projet hivernal à réaliser seulement deux ans plus tard – et avec déjà l’organisation prochaine de la Coupe du Monde de football 2026 – l’application d’un tel programme pourrait s’avérer délicate, même aux États-Unis.
L’échéance de 2034 pourrait dès lors apparaître comme un objectif plus raisonnable pour Salt Lake City et ses partenaires institutionnels.

Quoiqu’il en soit, la ville dispose d’atouts majeurs, avec en particulier les sites hérités de 2002 et qui continuent d’être utilisés à l’instar de l’Anneau de vitesse, des tremplins de saut à ski ou encore des équipements de biathlon. Cet argument de la richesse des infrastructures existantes est d’ailleurs évoqué dans le courrier adressé par l’USOPC à Thomas Bach :
L’évolution de l’Agenda 2020 et la Nouvelle Norme font de Salt Lake City et de l’Utah un candidat idéal pour accueillir les Jeux.
La plupart des sites des Jeux de 2002 sont pleinement utilisé, et avec de nombreux équipements déjà modernisés ou étendus pour soutenir le sport d’élite et des programmes communautaires, les futurs Jeux de Salt Lake City pourront davantage se concentrer sur l’innovation plutôt que sur les grands projets d’infrastructures.
Et comme pour prouver encore plus la détermination des États-Unis à poursuivre une coopération dynamique et à épauler le Mouvement Olympique dans un futur proche, le Comité préparatoire à une candidature de Salt Lake City a lui-aussi fait parvenir une lettre au Président du CIO.
Reprenant d’ailleurs l’argument de la qualité des sites développé par l’USOPC, ledit Comité va plus loin, en abordant la question du soutien institutionnel et populaire, et en évoquant également le maintien, en cette année si singulière, d’activités sportives sur le territoire de l’Utah avec un régime sanitaire adapté.
Comme il est ainsi exposé dans cette missive également datée du 30 octobre 2020 :
Nous avons un soutien politique à tous les niveaux et nos citoyens sont enthousiastes à l’idée d’accueillir une nouvelle édition des Jeux, avec plus de 80% d’avis favorables. En mars dernier, le Gouverneur et le Congrès de l’Utah ont adopté un projet de loi, sans aucune opposition, pour soutenir la candidature.
[…] Au cours des derniers mois, notre État est resté actif dans le domaine du sport, pour préparer en toute sécurité le retour à la compétition des ligues de sports professionnelles. Les athlètes de sports d’hiver ont même pu continuer à s’entraîner ici durant l’été.

Face à ce degré d’engagement, le Président du CIO – actuellement en visite au Japon dans le cadre de la revue de projet de Tokyo 2020 – a adressé une lettre de remerciement aux porteurs de l’ambition olympique et paralympique américaine.
Dans ce courrier en date du 03 novembre 2020, Thomas Bach a tenu à saluer l’état d’esprit autour du projet et l’implication large des acteurs institutionnels. Comme il l’a affirmé :
Le Mouvement Olympique garde de bons souvenirs des Jeux Olympiques de Salt Lake City 2002 qui se sont déroulés pendant une période difficile pour le monde. Les Jeux nous ont tous apporté de l’espoir, les athlètes se réunissant en paix, offrant des performances de haut niveau dans des sites de classe mondiale.
L’Utah a continué d’accueillir de nombreuses compétitions et des événements, accueillant non seulement des athlètes nationaux et internationaux venus s’entraîner dans des sites bien entretenus, mais encourageant également le sport amateur.
Il est aussi prometteur de voir que ce projet visant à amener de futurs Jeux à Salt Lake City bénéficie d’un soutien politique à tous les niveaux et d’un soutien populaire aussi élevé.
Désormais, le Comité préparatoire à une candidature de Salt Lake City va poursuivre ses discussions avec la Commission de Futur Hôte présidée par Octavian Morariu qui avait, en janvier dernier, exposé l’état d’avancement des échanges avec les candidats déclarés à travers le monde.
En parallèle des discussions entre les parties, une visite à Lausanne est même envisagée par le Comité préparatoire pour aller directement à la rencontre des responsables olympiques, lorsque bien sûr, les conditions sanitaires le permettront.
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