En Australie, Thomas Bach évoque le futur du modèle olympique

En ce début du mois de mai 2019, l’Australie est indéniablement le lieu de rencontre des principaux décideurs sportifs internationaux.

A l’occasion du SportAccord Summit, pas moins de 1 500 représentants d’organisations sportives et de structures d’influence sont en effet annoncés à Gold Coast, dans la région du Queensland, du 05 au 10 mai. Parmi les décideurs présents sur place, nombre de membres du Comité International Olympique (CIO), au premier rang desquels, le Président Thomas Bach.

Intervention de Thomas Bach, Président du CIO, à la tribune de l’Assemblée Générale du Comité Olympique d’Australie, samedi 04 mai 2019 (Crédits – CIO / Greg Martin)

Ce dernier a d’ailleurs profité de sa venue au SportAccord Summit pour effectuer une intervention – inédite pour un Président du CIO – devant l’Assemblée Générale du Comité Olympique d’Australie (AOC), ce samedi 04 mai.

Thomas Bach est notamment revenu sur les dernières mutations entreprises par l’institution au cours des années passées, tout en traçant les perspectives de développement de ladite institution et sa vision du modèle des Jeux.

Devant les membres de l’AOC, le Président du CIO a ainsi affirmé :

Nous avons réformé le processus de candidature aux Jeux Olympiques. Avec l’Agenda olympique 2020, nous avons tourné la page. Avec l’Agenda Olympique 2020, nous révolutionnons l’organisation des futurs Jeux Olympiques.

Dans le passé, nous demandions aux hôtes potentiels comment ils changeraient leur ville afin de l’adapter aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, nous leur demandons comment nous pouvons adapter les Jeux pour répondre au mieux aux besoins à long terme de leur ville ou de leur région.

Nous pouvons déjà voir les résultats positifs des réformes. Paris et Los Angeles, les Villes Hôtes des Jeux de 2024 et 2028, prévoient d’utiliser un nombre record d’installations existantes ou temporaires. Plus de 90% des installations sont déjà en place. Ces réformes ont créé un élan.

A ce jour, nous n’avons même pas élu la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 2026 mais nous avons déjà des manifestations d’intérêts de nombreuses villes ou régions pour les Jeux d’hiver de 2030 et même pour les Jeux d’été de 2032, treize ans en avance.

Cela montre la pertinence croissante et l’attrait mondial des Jeux Olympiques.

Il n’empêche, malgré ce discours optimiste avec la projection mentionnée de territoires à moyen et long terme, le Président Thomas Bach reste prudent quant à l’efficacité des réformes engagées par le CIO, que ce soit au niveau de l’Agenda 2020 ou de la Nouvelle Norme.

Aussi espère-t-il que les années à venir permettront de bâtir un nouveau modèle olympique, toujours plus vertueux pour les Villes Hôtes mais également pour les Villes Candidates.

Nous avons maintenant le défi de gérer ces expressions d’intérêts.

Si de nombreux candidats débutent le processus et apparaissent bien au premier abord, il y a finalement trop de perdants. C’est pourquoi nous devons nous concentrer sur le meilleur hôte possible pour les athlètes sans créer trop de perdants.

Afin de lutter contre les défections de candidatures au milieu des processus de sélection et afin de redonner l’envie à des villes qui se sont précédemment retirées ou qui ont été éliminées, le CIO entend donc faire évoluer ses réformes.

Pour mettre en application cette volonté, la Commission Exécutive du CIO a instauré un Groupe de travail chargé de penser un nouveau modèle de processus de candidature, prenant les bons éléments de l’actuel – dialogue constant entre les parties notamment – et apportant des ajustements utiles et pertinents.

Ce Groupe de travail – présidé par John Coates, Président de l’AOC et par ailleurs Président de la Commission de Coordination des Jeux de Tokyo 2020 – doit rendre son rapport dans les semaines qui viennent, ce qui coïncidera avec la tenue de la Session du CIO entre le 24 et le 26 juin 2019, Session qui examinera les conclusions du rapport et procédera aussi à l’élection de la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 2026.

Thomas Bach, Président du CIO et John Coates, Président du Comité Olympique d’Australie et membre du CIO (Crédits – CIO / Greg Martin)

La venue de Thomas Bach en Australie intervient à un moment où une candidature du pays se dessine dans l’optique des Jeux d’été de 2032, avec la région du Queensland et la ville de Brisbane en tête d’affiche.

Rien d’étonnant dès lors à ce que le Président du CIO fasse mention de la réflexion en cours et de l’étude de faisabilité récemment présentée.

Interrogé sur la possibilité d’une candidature de l’Australie, dix-neuf ans aujourd’hui après les Jeux de 2000 organisés par Sydney, Thomas Bach a salué l’engagement des autorités sportives et le travail d’ores et déjà réalisé.

La candidature en est encore au tout premier stade, mais d’après ce que l’étude de faisabilité m’a laissé entrevoir, elle semble assez impressionnante.

Elle a tenu compte des réformes engagées dans le cadre de l’Agenda olympique 2020, à savoir aucun besoin d’entreprendre de grands projets d’infrastructure et utilisation de nombreux sites existants.

Mais le plus important est que la population veuille les Jeux, veuille accueillir les délégations des 206 Comités Nationaux Olympiques du monde entier.

Présentation de l’étude de faisabilité pour une candidature de Brisbane et du Queensland pour les Jeux d’été de 2032 (Crédits – Mayor Karen Williams / Compte Twitter)

Sur ce point particulier de l’opinion publique, force est de constater qu’un nécessaire travail de conviction devra être mené au plus tôt par les porteurs d’une candidature du Queensland.

Dans un sondage réalisé au début du mois d’avril 2019 par l’institut YouGov Galaxy pour le Courier Mail, l’appui populaire semble aujourd’hui de mise, mais les précisions qui seront apportées au fil des mois et des années autour du projet pourront avoir un impact dans un sens ou dans l’autre.

A l’échelle du Queensland, 45% des citoyens se prononcent à ce stade en faveur d’une candidature, contre 27% qui rejettent cette perspective et 16% qui ne se prononcent pas. Un élément de l’enquête est à souligner, car il pourrait avoir son importance le cas échéant : sur la seule tranche d’âge des 18-34 ans – ce qui englobe les jeunes qui n’ont pas connu les Jeux de Sydney 2000 – 55% des personnes interrogées se montrent favorables à l’idée d’accueillir l’événement planétaire dans le Queensland.

Scott Morrison, Premier Ministre australien sortant et candidat à sa propre succession (Crédits – Scott Morrison / Page officielle Facebook)

Au-delà du critère populaire, les porteurs d’une candidature devront aussi composer avec les acteurs politiques et institutionnels, à la fois au niveau local et fédéral.

Le 18 mai prochain, les élections fédérales marqueront d’ailleurs une première étape. Les citoyens australiens seront alors appelés aux urnes pour renouveler l’intégralité des 151 sièges de la Chambre des Représentants et 40 des 76 sièges du Sénat. A l’issue du scrutin, le nouveau locataire de The Lodge – la résidence officielle du Premier Ministre – sera connu.

Le dernier sondage en date, réalisé par l’institut Newspoll entre les 02 et 05 mai 2019, donne une légère avance à la Liberal-National Coalition (L-NC), alliance de centre-droit menée par le Premier Ministre sortant, Scott Morrison, qui recueille 38% des intentions de vote, contre 36% à l’Australian Labor Party (ALP) conduit par le leader de l’opposition, Bill Shorten.

Quelque-soit l’issue du scrutin, la candidature du Queensland devra obtenir, outre l’appui gouvernemental, le plein soutien des autorités locales, dans l’optique de présenter un projet et des garanties financières au CIO.

Selon les données de l’étude de faisabilité, l’organisation des Jeux de 2032 nécessiterait 5,3 milliards de dollars australiens (3,32 milliards d’euros), largement amortie par la contribution espérée du CIO – 1,7 milliard de dollars ; 1,67 milliard d’euros – et des revenus divers incluant la billetterie et le programme des sponsors (2,7 milliards de dollars ; 1,69 milliard d’euros). L’effort des autorités pourrait dès lors se monter à 900 millions de dollars, soit quelques 565 millions d’euros.

_________________________

Indépendante, la plateforme d’information « Sport & Société » fonctionne grâce au soutien de ses lecteurs.

Laisser un commentaire