La politique italienne a régulièrement fait la Une des quotidiens transalpins en raison de son instabilité chronique et de ses scandales à répétition. Les réformes engagées (place du Sénat dans la vie institutionnelle…) par le Président du Conseil, Matteo Renzi, ont néanmoins pour objectif premier d’acter un changement notable à l’échelle nationale.
Aujourd’hui, la politique locale pourrait bien être un indicateur de la santé démocratique italienne. Cet élément n’est d’ailleurs pas négligeable pour l’image de l’Italie sur la scène politique et diplomatique internationale. Il pourrait également impacter le devenir de la candidature de Rome à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024.
En février 2014, “Sport & Société” s’interrogeait déjà sur “la politique italienne comme faiblesse majeure d’une éventuelle candidature aux JO”.
Un an et demi plus tard, c’est sous le ciel de Rome que les regards se tournent. Si l’arrivée de Matteo Renzi au Palazzo Chigi a permis de restaurer une stabilité bienvenue, il n’en est pas de même au niveau local.

Ainsi, le Maire de la “Ville Éternelle” avait récemment annoncé son intention de démissionner du poste qu’il occupait depuis juin 2013 et ce, au regard du scandale relatif à ses notes de frais supposées.
Quelques jours plus tard, soit jeudi 29 octobre, Ignazio Marino semblait néanmoins en position de rester le maître du Capitole, conformément à ce que prévoit la législation italienne. En effet, après l’annonce d’une démission, un élu municipal dispose de vingt jours durant lesquels il peut faire marche arrière.
Ce changement de stratégie – en dépit du manque de soutien de la part du Parti Démocrate (PD) du Président du Conseil Italien – a sans nul doute été opéré à la suite de la mobilisation des partisans du Maire démissionnaire, devant le Capitole.
Mais la semaine dernière toujours, un nouveau rebondissement est survenu dans les couloirs du pouvoir romain.
De fait, 26 des 48 élus municipaux ont démissionné vendredi soir, ce qui a eu pour conséquence immédiate d’entraîner la démission forcée du Maire. En vertu du règlement municipal, une telle décision conduit en effet à la déchéance des institutions locales.

Pour palier à ce vide institutionnel, un Commissaire Préfectoral va assurer l’intérim jusqu’à la tenue d’élections municipales – à hauts risques pour la candidature aux JO – au printemps 2016. Préfet de Milan, Francesco Paolo Tronca arrive donc dans la capitale avec le défi d’assainir une gestion tant décriée.
“Je ne parlerais pas d’un quelconque modèle milanais qui pourrait s’appliquer ailleurs.
[…] Nous devons tirer le meilleur de cette expérience et l’adapter à une autre réalité, à savoir celle de Rome” a notamment affirmé Francesco Paolo Tronca après sa nomination par le Conseil Italien, ce dimanche.
Cette tutelle politique vient s’ajouter à la tutelle économique qui planait déjà sur la capitale italienne. Depuis cet été, les finances de la ville avaient ainsi été placées sous la tutelle préfectorale en raison des divers scandales – dont le plus marquant n’est autre que “Mafia Capitale” – et d’un endettement démesuré (1,2 milliard d’euros de déficit structurel).

Désormais, la ville de Rome va se préparer à vivre deux échéances majeures. Deux échéances aux contours bien différents.
Le 05 novembre tout d’abord, la ville connaîtra le début du procès fleuve de “Mafia Capitale” où de nouvelles révélations pourraient être susceptibles d’affaiblir encore davantage le positionnement de Rome sur la scène nationale. Le 08 décembre ensuite, la ville commencera à vibrer au rythme du Jubilé de la Miséricorde décrété par le Pape François.
Pour cette occasion, et durant un an, environ 30 millions de personnes – pèlerins et touristes – sont attendues à Rome et au Vatican.

Au cours de l’année à venir, l’équipe de la candidature olympique et paralympique aura en tous cas la lourde tâche de se démarquer des scandales et de la crise politique romaine.
Le Président du Comité Olympique Italien (CONI), Giovanni Malago, s’est d’ores et déjà refusé à entrer dans l’arène politique et la candidature a décidé d’instaurer un “Conseil de la légalité et de la transparence”. L’intitulé permet à lui-seul de prendre conscience des défis qui attendent Rome 2024.
Il y a quelques jours, la Directrice Générale de la candidature, Claudia Bugno, expliquait dans une interview exclusive pour “Sport & Société”, que “le scandale [Mafia Capitale] pourrait être considéré comme le déclencheur d’un nouveau départ pour la Ville et pour les institutions locales”.
Il est à espérer en effet que Rome soit en mesure de relever la tête dans les mois qui viennent. Il en va de la crédibilité de la “Ville Éternelle” et, d’une certaine manière aussi, de la candidature aux JO 2024.
4 pensées