A la veille d’une réunion de la Commission Exécutive du Comité International Olympique (CIO) qui aurait pu prendre la décision de sanctionner l’Italie dans la perspective des Jeux de Tokyo 2020, les autorités gouvernementales ont décider de faire marche arrière concernant la réforme de 2018 sur la gouvernance du sport qui devait réduire l’autonomie du Comité National Olympique Italien (CONI).

A moins de six mois de l’ouverture programmée des Jeux d’été de Tokyo 2020, l’Italie s’est sans aucun doute évitée de justesse une sanction olympique qui aurait pu amener à l’exclusion du pays, en privant les athlètes transalpins de l’hymne et du drapeau.
Réuni ce mardi matin pour entériner la démission du Gouvernement de Giuseppe Conte, le Conseil des Ministres a en effet approuvé en urgence un Décret modifiant le contenu de la réforme de 2018 relative à la nouvelle gouvernance du sport.
Au travers d’un document de deux pages, le Ministre chargé des Politiques de la Jeunesse et des Sports, Vincenzo Spadafora, redonne en quelque sorte l’autonomie jusqu’alors menacée du CONI, tant au niveau de la gestion des salariés, que de l’usage de divers bâtiments destinés à l’administration du Comité ou aux sessions d’entraînements des athlètes italiens en vue des grands événements sportifs. Ledit document permet de surcroît d’éloigner la menace olympique qui planait au-dessus de la péninsule, à la suite des avertissements multiples et répétés de l’instance olympique de Lausanne (Suisse), relayés en Italie par le Président du CONI, Giovanni Malago.
Ce dernier, membre du CIO depuis 2019, s’était d’ailleurs récemment inquiété des conséquences possibles du maintien en l’état du texte législatif débattu il y a plus de deux ans, texte qui avait depuis lors été considéré comme une marque d’ingérence gouvernementale dans le domaine du sport et plus encore, dans la gestion même des affaires du Comité National Olympique.
Comme il l’avait ainsi déclaré dans une interview parue dans le courant du mois de décembre 2020 :
La situation est de plus en plus complexe, la question n’est pas réglée et une nouvelle lettre a été envoyée par le Président Bach au Président Conte. Nous sommes arrivés dans une impasse, les promesses ont été rejetées et si la situation n’est pas rapidement résolue, nous n’éviterons pas une sanction du CIO.
Le Gouvernement doit intervenir : il est clair qu’il n’y a pour l’instant que trois instruments réglementaires pour résoudre ce problème, à savoir la Loi de finances, le Milleproroghe [Décret adopté en urgence par le Conseil des Ministres] ou un Décret-Loi.
In fine, c’est donc bien un Milleproroghe qui a été adopté ce matin par le Conseil des Ministres.
Informé de cette décision d’urgence par Giovanni Malago, le Président du CIO, Thomas Bach, a immédiatement fait part de sa satisfaction.
Ce mercredi, le sujet devrait en tout cas être évoqué lors de la réunion de la Commission Exécutive qui traitera en outre des préparatifs des Jeux reportés de Tokyo 2020, ainsi que ceux des échéances futures, dont celle de Milan-Cortina 2026.

Malgré l’éclaircie apparue aujourd’hui, la menace politique pourrait cependant perdurer en Italie, à maintenant cinq ans de la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2026.
La démission actée ce jour du Gouvernement de Giuseppe Conte pourrait en effet avoir un impact sur les préparatifs de l’attelage Milan-Cortina qui célébrait aujourd’hui, hasard du calendrier, le 65e anniversaire de l’ouverture des Jeux d’hiver de Cortina d’Ampezzo 1956.
Dans le meilleur des cas, le Président de la République, Sergio Mattarella, renouvellera dans les jours à venir sa confiance à l’égard du Président du Conseil sortant, chargeant ce dernier de former une nouvelle équipe gouvernementale. Dans le scénario le plus pessimiste toutefois, la tenue d’élections législatives anticipées pourrait potentiellement parasiter le projet olympique et paralympique déjà mis à rude épreuve par la bureaucratie italienne.