Les 08 et 09 décembre, le Comité International Olympique (CIO) présentera son projet de réforme Agenda 2020 au travers des 40 mesures recommandées par la Commission exécutive il y a quelques semaines. Sauf surprise, le texte devrait être adopté par la Session extraordinaire de l’institution réunie à Monaco.
Ce mardi, Thomas Bach, Président du CIO, a dévoilé la liste des 40 propositions comme une feuille de route stratégique à destination du Mouvement olympique.
Selon lui, la présentation des “20+20 propositions” marque “le point d’orgue d’une année de débats et d’échanges ouverts, transparents et vastes entamés à la mi-2013.
Ces 40 recommandations sont comme les pièces d’un puzzle. Lorsque vous les mettez ensemble, apparaît l’image du CIO préservant le caractère unique des Jeux Olympiques et renforçant la place du sport dans la société.
Au cours de l’année passée, nombreux sont ceux qui m’ont demandé pourquoi il y avait un désir de changements. Après tout, les Jeux Olympiques, le CIO et le Mouvement olympique ont remporté bien des succès et nous sommes dans une très bonne position.
Ma réponse est que nous sommes maintenant en position d’insuffler le changement nous-mêmes plutôt que d’y être contraints. Nous devons prendre les devants avec l’Agenda olympique 2020. Nous avons là l’opportunité de le faire et nous devons saisir ce moment.
Le temps du changement, c’est maintenant !”.
Parmi les principales thématiques abordées lors des débats, la modification de la procédure de candidature olympique est sans doute l’une des plus emblématiques.
Reposant sur le constat d’un coût sans cesse plus élevé des dossiers de candidature et d’une surenchère entre les Villes Requérantes puis entre les Villes Candidates, le CIO souhaite désormais faire de la procédure non pas un contrat mais une invitation aux villes. Ces dernières devront apporter des éléments pertinents techniquement sur les plans économiques, sociaux, environnementaux, mais aussi sportifs. L’expérience des athlètes sera ainsi valorisée et recherchée dans le cadre des candidatures et des projets à venir.
Les notions d’héritage olympique et de développement durable des installations devraient par conséquent être renforcées.
Autre élément novateur et qui correspond à une nécessité de partager les coûts et les frais d’organisation, le CIO pourrait désormais autoriser l’accueil de compétitions dans un pays autre que celui désigné pour organiser l’événement. Hormis le cas très exceptionnel des épreuves équestres des Jeux de Melbourne 1956 – qui se sont déroulées à Stockholm (Suède) – cette dérogation organisationnelle n’a jamais été un principe en soit bien qu’inscrit dans le marbre de la Charte olympique.
Le lancement d’une chaîne de télévision olympique est également l’un des axes forts de la réforme envisagée. Le CIO désire ainsi assurer une médiatisation des sports et des athlètes olympiques 365 jours par an, autrement dit, bien au-delà de la période stricto-sensu des Jeux qui se déroulent par intervalle de deux ans (JO d’hiver / JO d’été). Outil de diffusion à grande échelle, la chaîne olympique pourrait aussi être une vitrine promotionnelle offerte aux Villes Candidates.
Régulièrement critiqué pour sa gestion et son fonctionnement interne, le CIO prévoit par ailleurs une refonte de sa gouvernance avec le respect des Principes universels de base de la bonne gouvernance, l’amélioration de la transparence des comptes ainsi que la vérification des états financiers de l’institution conformément aux Normes internationales d’information financière (IFRS).
Liste des 40 recommandations olympiques :
- 1 – Positionner la procédure de candidature en tant qu’invitation
- 2 – Évaluer les Villes Candidates en analysant les principaux risques et opportunités
- 3 – Réduire le coût de candidature
- 4 – Inclure la durabilité dans tous les aspects des Jeux Olympiques
- 5 – Inclure la durabilité dans le fonctionnement quotidien du Mouvement olympique
- 6 – Coopérer étroitement avec d’autres organisateurs de manifestations sportives
- 7 – Renforcer les relations avec les organisations régissant le sport pour les personnes aux capacités différentes
- 8 – Forger des relations avec les ligues professionnelles
- 9 – Établir un cadre pour le programme olympique
- 10 – Passer d’un programme basé sur des sports à un programme basé sur des épreuves
- 11 – Favoriser l’égalité des sexes
- 12 – Réduire le coût des Jeux Olympiques et renforcer la flexibilité de leur gestion
- 13 – Maximiser les synergies avec les parties prenantes du Mouvement olympique
- 14 – Renforcer le 6e principe fondamental de l’Olympisme
- 15 – Changer d’approche en faveur de la protection des athlètes intègres
- 16 – Mettre à profit le fonds de 20 millions de dollars du CIO pour la protection des athlètes intègres
- 17 – Honorer les athlètes intègres
- 18 – Renforcer le soutien aux athlètes
- 19 – Lancer la chaîne olympique
- 20 – Engager des partenariats stratégiques
- 21 – Renforcer la capacité d’influence du CIO
- 22 – Diffuser une éducation fondée sur les valeurs olympiques
- 23 – Interagir avec les communautés
- 24 – Évaluer le programme Sport pour l’espoir
- 25 – Revoir le positionnement des Jeux Olympiques de la Jeunesse
- 26 – Allier davantage le sport et la culture
- 27 – Respecter les principes de base de la bonne gouvernance
- 28 – Soutenir l’autonomie
- 29 – Accroître la transparence
- 30 – Renforcer l’indépendance de la Commission d’éthique du CIO
- 31 – Assurer la conformité
- 32 – Renforcer l’éthique
- 33 – Associer davantage les sponsors aux programmes “Olympisme en action”
- 34 – Développer un programme mondial de licences
- 35 – Favoriser l’engagement des partenaires TOP avec les Comités Nationaux Olympiques (CNO)
- 36 – Accroître l’accès à la marque olympique à des fins non commerciales
- 37 – Étudier la limite d’âge pour les membres du CIO
- 38 – Mettre en place une procédure de recrutement ciblée
- 39 – Favoriser le dialogue avec la société et au sein du Mouvement olympique
- 40 – Réviser le domaine de compétence et la composition des Commissions du CIO
Signe de l’implication des athlètes dans la réflexion globale de réforme, plusieurs médaillés olympiques ont pu participé à la table-ronde finale de présentation de la feuille de route stratégique :
Claudia Bokel – Allemagne – Escrime – Médaillée olympique d’argent; membre du CIO, présidente de la commission des athlètes du CIO
Vincent Defrasne (ci-dessus) – France – Biathlon – Médaillé olympique d’or et double médaillé de bronze; athlète modèle aux Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ)
Susana Feitor – Portugal – Marche – A participé à cinq éditions des Jeux Olympiques; membre de la commission des athlètes du CNO portugais et formatrice pour le programme de suivi de carrière des athlètes du CIO
Jessica Fox – Australie – Canoë – Médaillée olympique d’argent; médaillée d’or aux JOJ; jeune ambassadrice aux JOJ
Jade Jones – Grande-Bretagne – Taekwondo – Médaillée olympique d’or; médaillée d’or aux JOJ
Stéphane Lambiel – Suisse – Patinage artistique – Médaillé olympique d’argent; athlète modèle aux JOJ
Marsha Marescia – Afrique du Sud – Hockey – triple olympienne; athlète modèle
Kaveh Mehrabi – Iran – Badminton – olympien (Jeux Olympiques de 2008 à Beijing); membre du comité des sportifs de l’AMA
Koji Murofushi – Japon – Lancer du marteau – Médaillé olympique d’or et d’argent; directeur des sports de Tokyo 2020
Maria Höfl-Riesch – Allemagne – Ski – triple médaillée olympique d’or et médaillée olympique d’argent
Jean-Michel Saive – Belgique – Tennis de table – septuple olympien; président de la commission des athlètes des Comités Olympiques Européens
Illustrations : Crédits – IOC Media / Flickr
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