Le 04 novembre dernier, le Commissaire enquêteur a rendu son rapport relatif au projet d’extension du stade de Roland Garros (Paris XVIe). Les conclusions et avis concernant les trois permis de construire soumis à enquête publique entre le 10 juin et le 25 juillets ont également été présentés.
Particulièrement attendu, notamment par les opposants au projet, l’ensemble est favorable à la Fédération Française de Tennis (FFT) et à la Ville de Paris.
Soulignant que “l’enquête s’est déroulée sans incident notoire et dans des conditions très satisfaisantes”, Marie-Claire Eustache mentionne tout d’abord la réception de 1 045 courriers ainsi que d’une pétition mise en ligne depuis 2010 et totalisant quelques 58 478 signatures, dont 2 886 depuis l’ouverture de l’enquête publique.
Ces chiffres témoignent de l’intérêt porté au projet d’aménagement et de modernisation du site de la Porte d’Auteuil, tant par les partisans que par les opposants.
Le Commissaire enquêteur aborde ensuite le fondement de l’enquête publique préalable à la délivrance de trois permis de construire portant sur :
- Un permis de démolir pour le “triangle historique” qui caractérise l’emprise actuelle du stade,
- Un permis de démolir concernant l’aménagement prévu dans le jardin des Serres d’Auteuil. Cela concerne spécifiquement le futur Court n°1 semi-enterré (4 950 places),
- Un permis à titre précaire pour permettre la réalisation d’un bâtiment provisoire pour 23 mois afin d’accueillir l’ensemble du personnel chargé de l’organisation des tournois pendant les travaux de modernisation du site.
Abordant la problématique même de l’extension sur le site historique à Paris, Marie-Claire Eustache estime que “ce choix de rester dans la capitale, sur un site emblématique, a été pris et acté par les services de l’État et le Conseil de Paris.
Il n’y a donc pas lieu d’y revenir, même si de nombreuses associations et particuliers regrettent cette décision, qui est jugée de courte vue face à des sites concurrents du Grand Chelem qui disposent d’espaces plus conséquents”.
Une manière de balayer les critiques relatives au maintien dans Paris intra-muros.
Le Commissaire enquêteur estime par la suite que “la couverture partielle de l’A13 au Nord du site” est “une alternative séduisante mais ne pouvant réunir les conditions nécessaires à sa mise en œuvre”.
Proposé par le Collectif d’associations opposé au projet de la FFT et de la Ville de Paris, ce concept expose une couverture de l’A13 afin de maintenir en l’état la partie des Serres d’Auteuil qui cristallise depuis quatre ans les plus vives critiques.
Après avoir examiné l’ensemble des données à sa disposition, le Commissaire enquêteur estime que le projet de couverture partielle présente “des contraintes qui combinent une très grande complexité de mise en œuvre, à la fois technique et juridique.
Associés de surcroît à une fonctionnalité qui n’est pas optimale, à laquelle s’ajoute une longueur procédurale et un coût trop disproportionné pour être exclusivement porté par la FFT, ces contraintes apparaissent des freins sérieux, voire rédhibitoires pour envisager cette couverture autoroutière”.
Marie-Claire Eustache se base notamment sur les études techniques menées pour analyser le projet alternatif ainsi que sur les aspects environnementaux.
De fait, l’aménagement d’une couverture partielle de l’A13 présente des contraintes mais surtout des risques en matière de sécurité des biens et des personnes. Les études réalisées soulignent en outre que l’aménagement d’un tel ouvrage au dessus d’un axe autoroutier doit être différencié des aménagements déjà réalisés autour de Paris, sur le boulevard périphérique, notamment au niveau du Parc des Princes.
Le projet alternatif est également rendu caduque du point de vue environnemental. En effet, proposant d’étendre le stade de l’autre côté de l’autoroute, le concept se heurte toutefois au rapport présenté par M. Brodovitch à la Commission supérieure des sites perspectives et paysages (15 décembre 2011) et qui expose que :
“Le principe de réorganisation du site de Roland Garros doit être examiné sous l’angle de trois points de vigilance à respecter scrupuleusement : exclure définitivement tout franchissement du tournoi dans le Bois, au nord de l’avenue de la Porte d’Auteuil”.
Sans toutefois ignorer ce principe, le projet des opposants prévoit ainsi d’aménager le site dans le cadre du Bois de Boulogne pourtant protégé à bien des égards.
Ces différents éléments exposés ferment dès lors la possibilité de recourir à ce plan alternatif et maintiennent le projet officiel comme seule et unique solution pour le devenir du stade de Roland Garros et son rayonnement international.
Passé cette analyse, le Commissaire enquêteur dresse un satisfecit concernant le projet de futur Court n°1 des Serres d’Auteuil. Point clivant, le nouveau stade apparaît néanmoins comme une option viable du point de vue technique, historique et environnemental.
Ainsi, Marie-Claire Eustache expose que “l’implantation du Court semi-enterré entouré de nouvelles serres dans le jardin des Serres d’Auteuil a été travaillé en étroite collaboration avec les services de l’État compétents associés à la procédure pour garantir la préservation de la valeur patrimoniale du jardin, le maintien de sa qualité paysagère et des capacités d’accueil du public dans cet espace.
Le Court des serres n’impacte par l’ordonnancement du jardin ‘à la française’ des serres historiques inscrites de Formigé. Il va venir s’implanter sur un espace déjà bâti, prévu de l’être dès son origine, composé de serres chaudes et techniques qui, si elles faisaient partie de l’ensemble conçu par Formigé, n’avaient pas pour autant une fonction identique à celles des serres principales et leur disposition s’inscrivait clairement en fonction de support. Les serres chaudes et techniques vont être remplacées, pour partie, par de nouvelles serres sur le pourtour du court de tennis projeté.
[…] Son volume, ses profils, ses matériaux, ont été étudiés avec soin et précision pour en faire un contrepoint harmonieux et contemporain des serres historiques. Il ne s’agit ni de pastiche ni de provocation, simplement d’une version du XXIe siècle de techniques verrières et de conservation de plantes. Dans l’esprit tout à fait moderne et éclairé des réalisations de Formigé”.
En conclusions et au regard des divers éléments et données collectés, le Commissaire enquêteur a apporté un avis favorable au trois permis de construire, n’émettant qu’une seule réserve – pour ce qui est de la privatisation temporaire de l’espace du futur Court n°1 – et quelques recommandations mineures.
Avec cette nouvelle information, le projet d’extension et de modernisation du site historique de Roland Garros va donc pouvoir avancer de manière plus concrète et ce, après avoir déjà levé plusieurs obstacles au niveau de la justice administrative.
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