JO 2022 : Avantage Oslo, mais rien n’est joué

Sans surprise, avec seulement trois Villes Requérantes à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 2022, la Commission exécutive du CIO a décidé de faire confiance aux trois prétendantes pour débuter la phase des candidatures.

CIO - représentants des Villes Candidates aux JO 2022

Ce choix, qui répond à une pénurie de candidatures, n’est pas sans rappeler celui effectué pour les JO 2018. L’institution olympique avait alors maintenu en place les candidatures de Munich (Allemagne), PyeongChang (Corée du Sud) et Annecy (France).

Cette dernière aurait toutefois pu ne pas figurer sur la « short list » au regard de sa faiblesse technique. Néanmoins, le peu de candidatures a sans doute peser en faveur d’un repêchage du dossier tricolore.

Aujourd’hui, les trois candidatures retenues – Oslo (Norvège), Almaty (Kazakhstan) et Pékin (Chine) – ont obtenu le statut de Villes Candidates, ce qui ouvre la possibilité à une promotion accrue et à des moyens plus conséquents jusqu’à l’élection finale, qui interviendra le 31 juillet 2015.

Oslo 2022 - Applicant City

Oslo obtient la meilleure appréciation générale, notamment au niveau de son expérience des grands événements sportifs.

Ainsi, le groupe du travail du CIO note que la Norvège « possède de vastes connaissances et une grande expérience dans l’organisation des épreuves de sports d’hiver inscrits au programme olympique, en particulier les épreuves en extérieur.

Qui plus est, la Norvège a une grande expérience de la tenue de manifestations multisportives dans les disciplines olympiques des sports d’hiver aussi bien en intérieur qu’en extérieur (notamment les Jeux Olympiques d’hiver de 1994).

Au cours des dix dernières années, 10 des 15 disciplines olympiques du plus haut niveau international ont été accueillies en Norvège ».

Cette riche expérience vaut d’ailleurs l’excellente note de 9,5/10 pour la candidature d’Oslo 2022, ce qui place celle-ci en tête des trois prétendantes sur ce domaine.

Oslo recueille également les faveurs du groupe de travail concernant le concept des Jeux (8/10). Ce dernier se caractérise par l’implantation de « 11 sites sur 14 à Oslo [ce qui] faciliterait la tenue d’événements de grande envergure dans le paysage de la ville, les sites des sports de glisse et de ski alpin se trouvant quant à eux à Lillehammer ».

Concrètement, 64% des sites existent d’ores et déjà, ce qui est un point non négligeable pour convaincre le CIO mais aussi l’opinion publique norvégienne et les autorités politiques du pays.

Autre point fort pour Oslo 2022, la question environnementale (9/10).

En effet, le groupe du travail du CIO rappelle tout d’abord que « la Norvège dispose d’un système de planification environnementale sophistiqué dans toutes les villes et municipalités ».

Les experts estiment en outre que « les Jeux Olympiques d’hiver à Lillehammer en 1994 ont représenté un tournant en matière de gestion environnementale dans l’histoire des Jeux Olympiques.

Suivant cette philosophie, la durabilité et l’héritage sont des éléments clés du concept des Jeux de 2022 à Oslo.

Une évaluation environnementale stratégique a influencé le choix des emplacements des sites, les critères de conception et l’utilisation de l’héritage ».

En revanche, le soutien institutionnel et public vis-à-vis de la candidature norvégienne est un élément pouvant affaiblir la perception du projet olympique d’Oslo 2022.

Ainsi, le groupe de travail souligne qu’il ressort « d’un sondage d’opinion commandé par le Comité de Candidature début 2014 que la population norvégienne soutient le projet olympique à 36%.

Le sondage du CIO effectué à Oslo et dans les municipalités voisines indique que 36% des personnes interrogées sont en faveur de l’organisation des Jeux à Oslo et 50% contre ».

Almaty 2022 - logo

Du côté de la candidature kazakh, Almaty décroche une mention correcte sur son concept.

Le groupe de travail pour 2022 estime notamment que « la candidature est en adéquation avec les plans de développement à long terme de la ville et du pays visant à poursuivre le développement de l’infrastructure régionale d’Almaty.

Elle s’appuie par ailleurs sur l’héritage laissé par l’accueil des Jeux Asiatiques d’hiver en 2011 et sur le fait que la ville ait été choisie comme organisatrice de l’Universiade d’hiver en 2017″.

S’appuyant sur 58% de sites existants, le projet olympique d’Almaty bénéficie d’ores et déjà d’un soutien politique conséquent, les plus hautes autorités du Kazakhstan soutenant la candidature.

Pour le groupe de travail, « Almaty présente un concept relativement compact pour les sites en ville et en montagne, tous les sites en montagne se trouvant à l’est et au sud de la ville.

Depuis le centre proposé des Jeux (Village Olympique), tous les sites en ville se trouvent dans un rayon de 20 km, et les sites en montagne se trouvent dans un rayon de 32 km ».

Pour son concept, la candidature kazakh obtient la note de 7,25/10, soit légèrement moins que sa concurrente norvégienne.

A l’inverse de cette dernière, Almaty obtient un faible 5,75/10 en ce qui concerne son expérience en matière d’organisation de grands événements sportifs.

Car malgré l’accueil des Jeux Asiatiques d’hiver 2011 et l’organisation à venir de l’Universiade 2017, la cité a « une expérience très limitée s’agissant de l’organisation d’épreuves de Coupe du Monde ou de Championnats du Monde en sports d’hiver ».

Autre point faible pour Almaty (5,5/10), la question sanitaire et environnementale. En effet, devant faire face à des pics de pollution récurrents, la ville doit être en capacité de mettre en œuvre un plan de modernisation de ses installations et une véritable politique en faveur de la protection environnementale.

En attendant, le groupe de travail pointe le fait que « la qualité de l’air dans la ville d’Almaty est mauvaise selon diverses sources, principalement en raison des émissions des véhicules, même si la composante industrielle n’est pas à négliger.

La situation est exacerbée par l’utilisation des carburants de faible qualité qui entraînent des émissions d’autres substances toxiques.

Le dossier de la ville requérante indique que l’eau potable provient de sources naturelles (rivières et lacs de montagne alimentés par des glaciers), qu’elle fait l’objet d’une surveillance régulière et qu’elle est sûre.

Cependant, les données fourniers ne correspondent pas aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé ».

Misant sur le soutien du gouvernement, les partisans de la candidature olympique espèrent aussi un appui économique important. Toutefois, le groupe de travail du CIO met en garde le Comité de Candidature contre un éventuel excès d’optimisme (5,625).

En effet, « compte tenu de la taille de l’économie et du fait que cette dernière dépend du pétrole, il pourrait s’avérer difficile de supporter les investissements importants prévus pour les sites de compétition et autres nécessaires à l’accueil des Jeux, à moins que le gouvernement n’apporte un soutien sans précédent et que l’économie ne soit solide ».

Au cours des prochaines semaines, nul doute que la candidature d’Almaty devrait entreprendre une intense campagne promotionnelle afin de défendre ses idéaux, auprès de sa population mais aussi auprès de l’opinion publique internationale.

Le CIO souligne sur ce point (7,25/10) qu’il ressort « d’un sondage d’opinion commandé par le Comité de Candidature que la population kazakhe soutient le projet olympique à 65%.

Le sondage du CIO […] indique que 66% des personnes interrogées en faveur de l’organisation des Jeux à Almaty et 13% contre ».

Contrairement à ce qui apparaissait au cours des derniers mois, Almaty ne semble donc pas avoir le statut de favorite dans la course olympique. Les faiblesses constatées par le groupe de travail pourraient d’ailleurs pénaliser durablement la candidature et de fait, repousser à l’échéance 2026, les chances réelles de succès.

Pékin 2022 - logo

Pour Pékin, les défis ne sont pas les mêmes mais demeurent néanmoins majeurs. Malgré son expérience et l’accueil des JO d’été 2008, la capitale chinoise et plus largement, le pays dans son ensemble, sont aujourd’hui novices en matière de sports d’hiver.

Dès lors, il n’est pas étonnant que « Pékin a pour ambition de dynamiser les sports d’hiver en optimisant l’utilisation des sites existants dans la ville, et en accélérant le développement des sports d’hiver pratiqués en extérieur dans la région montagneuse située au nord de la ville.

Pékin 2022 indique qu’avec un marché potentiel de plus de 300 millions de personnes vivant à Pékin et dans la province alentour du Hebei, l’accueil des Jeux Olympiques d’hiver serait l’occasion de développer les sports d’hiver en République Populaire de Chine, les Jeux servant de catalyseur pour le développement accéléré d’installations de sports d’hiver de haute facture ».

Soucieux de s’engager sur la question de l’héritage olympique, le Comité de Candidature s’appuie aujourd’hui sur 54% de sites existants. Comme le souligne le groupe de travail, « 46% seraient des sites permanents supplémentaires, construits uniquement si Pékin se voyait octroyer l’organisation des Jeux ».

Contrairement à ces concurrentes, Pékin mise sur l’utilisation de trois noyaux de compétitions, ce qui soulève des interrogations supplémentaires (6,5/10) et de surcroît, un risque accru de dérapage des dépenses liées aux JO et d’accessibilité pour les spectateurs.

Dans le domaine de l’expérience sportive (7,25), le groupe de travail rappelle sans surprise que « la République Populaire de Chine possède une très bonne expérience de l’organisation de manifestations multisports (Jeux Olympiques de 2008, Universiade 2011, Universiade d’hiver 2009, Jeux Asiatiques 2010, Jeux Asiatiques d’hiver 2007, Jeux Asiatiques de la Jeunesse 2013 ainsi que les prochains Jeux Olympiques de la Jeunesse d’été à Nanjing. […]

Toutefois, d’une manière générale, Pékin manque d’expérience dans l’organisation des épreuves de sports d’hiver pratiqués en extérieur ».

Le groupe de travail s’interroge par ailleurs sur l’engagement environnemental des autorités chinoises et du Comité de Candidature de Pékin 2022.

En effet, « bien que Pékin et le gouvernement chinois aient déjà investi considérablement dans de nouvelles infrastructures et technologies produisant peu de carbone, l’expansion de la ville, le taux de motorisation et la production industrielle continuent de devancer les mesures de protection de l’environnement ».

En outre, le groupe de travail du CIO fait part de sa perplexité concernant les mesures envisagées par le Comité de Candidature (6/10).

« L’utilisation de sites existants à Pékin limite les impacts potentiels mais cela est contrebalancé par la nécessité de construire de nouveaux sites et infrastructures dans les zones de montagne ainsi que pour relier celles-ci.

De grandes initiatives sont proposées concernant la suppression / le nettoyage des sources de pollution industrielle, l’introduction de technologies propres et la réduction du nombre de véhicules à moteur, ainsi qu’une intensification des efforts de boisement et de protection des sources d’eau.

Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre des principaux efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre la pollution et sont donc beaucoup plus vaste qu’un programme purement lié aux Jeux.

Aussi est-il difficile d’évaluer la déclaration faite par le Comité de Candidature concernant toutes les améliorations supplémentaires qui pourraient être attribuées aux Jeux ».

A l’image de la candidature aux JO 2008, Pékin affiche un taux d’adhésion populaire exceptionnel. Il s’agit d’ailleurs de la meilleure mention attribuée par le groupe de travail à Pékin 2022 (8,5/10).

Que ce soit dans le cadre du sondage d’opinion commandé par le Comité de Candidature en janvier dernier (95% en Chine, 92% à Pékin et même 99,5% à Zhangjiakou) ou dans le sondage mené par le CIO (77% à Pékin et ses environs), la candidature semble séduire et convaincre une écrasante majorité de la population.

En définitive, les trois candidatures présentées au CIO disposent de qualités majeures mais aussi de points faibles qui sont de nature à handicaper chacune d’entre-elles.

Oslo, Almaty et Pékin doivent désormais faire leur preuve et démontrer qu’elles ont la capacité et l’envie d’organiser et d’accueillir les Jeux Olympiques d’hiver en 2022.

Aucune n’est aujourd’hui assurer de remporter la mise. Aucune ne se trouve non plus sur le bord du chemin. La prochaine étape est fixée au 07 janvier 2015. A cette date, les trois Villes Candidates devront fournir les garanties financières ainsi que le Dossier de Candidature au siège du CIO à Lausanne (Suisse).

Notes globales

Oslo = 8,14/10

Almaty = 6,27/10

Pékin = 7,48/10

Illustrations :
– Représentants des candidatures de Pékin (à droite), Oslo (au centre) et Almaty (à gauche) lors de l’annonce des Villes Candidates (Crédits – CIO / Flickr)
– Logos des Villes Candidates

9 pensées

  1. Maintenant, tout dépend de l’avenir de la candidature d’Oslo. Clairement, elle fait sensation, tant en terme technique que symbolique et sportif. Le CIO n’a pas fait de JO en Scandinavie depuis 1994 avec Lillehammer, déjà en Norvège. 28 ans entre les deux Jeux d’hiver, c’est suffisant pour être crédible. Sans parler des appréciations générales, qui montrent assez bien que le CIO aurait presque déjà fait son choix.

    Bien évidemment, difficile d’obliger une nation qui n’en veut pas ! Si le gouvernement s’obstine à refuser son appui, et ainsi à ne pas donner les garanties pour le dossier, ça en sera fini de Oslo 2022… Et le CIO perdra SA favorite… Réduisant du coup à deux le nombre de finalistes… Ce qui redistribuera les cartes au sein des membres du CIO pour savoir qui pourra être élue ville hôte ! Un longue succession de choses qui ne feront probablement pas toujours bonne presse au CIO.

    Après, qui de la Chine ou du Kazakhstan pourrait être choisie, c’est une autre question. Techniquement Beijing 2022 est meilleure, avec aussi certaines infrastructures déjà existantes à Pékin (héritage de 2008, ce qui est une bonne réutilisation, mais en même temps, l’héritage laissait justement à désiré, donc ça ne pouvait pas mieux tomber…), et un projet marketing ambitieux et prometteur… Mais son défaut n°1, c’est Pyeongchang 2018 (avec un combo Tokyo 2020).

    À côté, il y a Almaty, qui serait sans doute une meilleure idée sur le plan de la vision, de l’expansion du CIO à d’autres pays, de l’innovation… Là le défaut c’est plutôt la crédibilité du pays à prétendre à l’organisation de JO, alors que la pays n’a organisé que peu d’événements face à ses concurrentes.

    Et les deux pays ont un gros problème avec la pollution ! Pékin avait déjà dû y faire face pour 2008, et les choses ne se sont pas beaucoup amélioré depuis, même si au moins aujourd’hui, tout le monde (même les Chinois et leurs médias) en est conscient et en parle de façon critique. À ce jeux là, les résultats d’Almaty sont franchement catastrophique si on lit le rapport du CIO… Pékin aurait alors plus ses chances…

    Mais ces questions là ne seront au cœur du problème que SI (et uniquement SI) Oslo doit se désister de la course… Si elle reste, elle sera élue c’est quasi-certain. Si elle perd… impossible de dire à l’heure actuelle qui de Pékin ou Almaty sera la gagnante…

Laisser un commentaire