Souhaité par l’ancien Maire de Rome, Walter Veltroni, pour accueillir les Championnats du Monde de Natation 2009, l’immense complexe sportif “Città dello Sport” est aujourd’hui un projet à l’abandon, une véritable coquille vide.
Symbolisées par une architecture époustouflante, les deux arènes devaient permettre d’implanter à proximité de l’Université de Rome à Tor Vergata, un centre aquatique et une salle multifonctionnelle d’envergure nationale et internationale.
Néanmoins, les retards et le manque de financements – publics et privés – ont considérablement ralenti le projet jusqu’à mettre un terme à l’ambition d’organiser les Mondiaux de Natation. Ainsi, en lieu et place de ce site futuriste, les compétitions 2009 se sont déroulées au cœur du complexe aquatique du Foro Italico, le Parc Olympique des Jeux de Rome… 1960.
Depuis, le projet a été relancé à l’occasion de la candidature de la capitale italienne à l’organisation des JO 2020 mais là-encore, les déboires économiques de la ville et du pays ont contraints les autorités à arrêter le financement d’un projet dont le coût a augmenté de manière constante au fil des ans.
D’un coût global de 60 millions d’euros à l’origine, le projet a ensuite connu une hausse massive entre 2005 et 2009 pour atteindre le chiffre de 660 millions d’euros. D’ores et déjà, entre 250 et 400 millions d’euros auraient été dépensés, dont une bonne partie en provenance de l’État et des collectivités locales.
Il faut dire que le concept initial de Santiago Calatrava a été revu et corrigé à plusieurs reprises, illustrant une folie des grandeurs de la part des autorités.
Pour exemple, la salle multifonctionnelle devait accueillir à l’origine quelques 8 000 spectateurs. Pour le projet olympique de Rome 2020, les concepteurs avaient choisi d’accroître cette capacité pour la porter à 15 000 sièges. Il en fut de même pour la piscine olympique extérieure, dont la capacité initiale était de 3 000 places, et pour la piscine intérieure de 4 000 places. Or, l’organisation d’un événement comme les JO, nécessite l’aménagement d’un site de 17 000 à 20 000 places.
Aujourd’hui, pour relancer ce gigantesque projet inachevé, certains imaginent l’utilisation de l’une des ailes – la piscine olympique – en une immense verrière pour l’aménagement d’un jardin botanique. Avec ses dimensions et sa hauteur, l’infrastructure pourrait d’ailleurs devenir la plus grande du genre dans le monde.
L’autre aile serait pour sa part maintenue en qualité d’équipement sportif de premier plan, avec l’achèvement des gradins et des installations de la salle multifonctionnelle (basketball, handball…).
Cette réorientation du projet initial permettrait dès lors de diviser par deux le coût des travaux. Une approche non-négligeable pour le financement global et en particulier pour les deniers publics.
Toutefois, une éventuelle candidature de Rome aux Jeux d’été de 2024 est de nature à relancer le projet dans son intégralité. La qualité technique du dossier pourrait alors écarter les questions liées aux dépenses abyssales.
Mais la mauvaise santé financière de Rome et les économies envisagées par le Président du Conseil Italien, Matteo Renzi, sont deux éléments à prendre en compte. Ces derniers peuvent en effet enterrer, de manière définitive, soit le projet de “Città dello Sport”, soit le projet olympique de Rome 2024.
A moins que les mesures drastiques du nouveau gouvernement ne constituent finalement un frein inéluctable aux deux projets. En somme, un immense gâchis.
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