C’est aujourd’hui que la ville de Toronto doit examiner le rapport de faisabilité réalisé par le cabinet spécialisé Ernst & Young.
A partir de 10h30 (heure locale) soit 16h30 en France, le Conseil Municipal de Toronto va donc se pencher sur les conditions d’une éventuelle candidature aux Jeux Olympiques d’été de 2024.
Après ses échecs pour les Olympiades 1996 et 2008, la cité canadienne pourrait être tentée par l’aventure olympique, surtout après l’obtention et l’organisation à venir des Jeux Panaméricains de 2015. Ces derniers pourraient de fait servir de tremplin à une candidature olympique.
Dans le détail, le Directeur Municipal et le Directeur Général au développement économique et à la culture précisent que “le rapport donne un aperçu des conditions de faisabilité en vue d’accueillir les JO d’été de 2024. Les questions examinées dans le rapport sont les suivantes” :
- Calendrier du processus de sélection des Villes Candidates ;
- Position de Toronto par rapport aux autres villes potentiellement candidates dans le monde ;
- Impact des précédentes décisions du Conseil Municipal et leur incidence sur une éventuelle candidature ;
- Retombées économiques potentielles pour la ville après la tenue des Jeux ;
- Création d’emplois liée à l’organisation des Jeux dans la ville ;
- Sites qui peuvent être utiles pour accueillir cet événement international majeur ;
- Projets d’aménagements annexes à la tenue des JO ;
- Problématiques liées aux transports et aux infrastructures ;
- Estimation du coût économique et des besoins nécessaires à la préparation des documents officiels pour le dépôt d’une candidature ;
- Résumé des avantages et des inconvénients liés à une candidature et à l’organisation des Jeux Olympiques.
Pour le cabinet Ernst & Young, le coût d’une candidature canadienne est estimé entre 50 et 60 millions de dollars canadiens (33,5 à 40,2 millions d’euros), soit dans la moyenne actuelle des dossiers olympiques. Concernant la planification et l’organisation des Jeux, le cabinet spécialisé table cette fois sur un investissement compris entre 3,3 et 6,9 milliards de dollars canadiens soit 2,2 à 4,6 milliards d’euros.
Selon les concepteurs du rapport de faisabilité, “la tenue des Jeux Olympiques peut permettre de renforcer et de consolider la marque mondiale de Toronto en tant que place financière et culturelle majeure mais aussi en tant que centre important pour le sport.
L’étude de faisabilité indique aussi que cette vision accrue offrirait des possibilités non-négligeables pour le commerce et les relations extérieures de la ville.
Les Jeux seraient également un catalyseur pour stimuler la création d’emplois, le développement commercial et l’attractivité des investissements tout en permettant un accroissement des activités liées au tourisme.
Accueillir les Jeux Olympiques est également l’occasion d’entreprendre une rénovation urbaine majeure et un investissement dans les infrastructures ce qui contribueraient à la croissance économique et à la création d’emplois”.
L’héritage global des Jeux pourrait alors se concrétiser par des retombées économiques chiffrées entre 4,7 et 10,1 milliards de dollars (3,17 à 6,8 milliards d’euros).
Le rapport a aussi étudié l’implantation des infrastructures nécessaires aux Jeux, en sachant qu’il serait impératif de construire en priorité un Stade Olympique de 80 000 places, un Centre Aquatique et un Village Olympique, soit les trois plus grands équipements olympiques.
Les deux premières installations devraient en outre être distantes au maximum, “de 35 à 40 minutes du Village Olympique”. Des Jeux à Toronto auraient d’ailleurs pour cadre principal, la périphérie de la ville, compte tenu du “nombre restreint de sites dans la ville intra-muros”.
Dès lors, le Parc Olympique “devrait être raisonnablement isolé des quartiers voisins qui seraient impactés par l’ampleur et la durée de l’événement, mais devrait toutefois être proche des moyens de transports adéquats pour les athlètes, les entraîneurs, les officiels, les médias et les visiteurs du monde entier”.
Par conséquent, “quatre sites potentiels ont été évalués : Woodbine Racetrack ; Downsview Park / York University ; Exhibition Place / Ontario Place ; The Port Lands”.
Ce dernier site est toutefois considéré “comme la meilleure option pour l’implantation du Parc Olympique.
Port Lands est assez vaste pour accueillir les principaux sites. Il dispose de 162 hectares et se trouve à proximité du centre-ville, des hôtels et des autres commodités.
C’est en outre un site compact qui limiterait les perturbations sur le reste de la ville et faciliterait les mesures de sécurité.
Il est également le site qui offrirait le plus fort héritage en termes de rénovation urbaine et de revitalisation après les Jeux”.
A l’image du site de l’East End de Londres, “un investissement important [devra être réalisé] pour lutter contre les inondations, permettre une décontamination des sols et une amélioration des dessertes des transports”.
Néanmoins, deux éléments pourraient handicaper une éventuelle candidature du Canada.
Ainsi, la très forte concurrence internationale – à commencer par le possible alignement des États-Unis où plusieurs villes se sont d’ores et déjà positionnées – et le temps relativement restreint avant le dépôt du dossier auprès du Comité Olympique du Canada (COC), sont de nature à écarter l’idée d’une candidature pour 2024.
Le rapport de faisabilité dresse ainsi une liste importante de villes intéressées par l’échéance olympique de 2024 :
- Berlin (Allemagne) ;
- Doha (Qatar) ;
- Durban (Afrique du Sud) ;
- Guadalajara (Mexique) ;
- Istanbul (Turquie) ;
- Kiev (Ukraine) ;
- Madrid (Espagne) ;
- Nairobi (Kenya) ;
- Paris (France) ;
- Saint-Pétersbourg (Russie)
Concernant le calendrier, la ville devrait présenter son projet au COC d’ici à septembre 2015.
Mais comme l’indique le rapport de faisabilité, “pour respecter ce délai, le processus de pré-candidature devrait être initié dès que possible et complété par un examen du Conseil Municipal au plus tard, début 2015.
Relever ce challenge paraît compliqué du fait des échéances électorales qui auront lieu dans les trois ordres de gouvernement au cours des deux prochaines années ainsi que par la préparation des Jeux Panaméricains de 2015″.
Dans le cadre d’une candidature, Toronto devrait en effet obtenir l’accord des différents échelons gouvernementaux, à savoir le Gouvernement canadien, le Gouvernement de l’État de l’Ontario ainsi que le Conseil Municipal. Ce soutien est d’autant plus important que les coûts d’organisation seraient “répartis entre les trois ordres de gouvernement” en cas de désignation par le Comité International Olympique (CIO).
Un autre élément devra aussi être pris en compte par les partisans d’une candidature olympique : l’adhésion populaire. Car même si le projet présenté s’avère ambitieux et réaliste, le soutien de la population sera primordial pour la réussite de la candidature et plus tard, des Jeux.
Et les Canadiens demeurent sceptiques quant à l’opportunité de l’accueil d’un tel événement, surtout depuis le fiasco des Jeux de Montréal 1976 et les divers problèmes liés à ces derniers, à commencer par l’importante dette – dont les autorités ont mis trente ans à la financer – mais également la question de la reconversion et de l’héritage du Stade Olympique.
Toronto 2024,c’est non. Ils ont refusés par soucis d’économie. Une rivale de moins pour Paris.
Exact. N’ayant pu rédiger un article hier soir, ce sera fait dans la matinée 😉