Bien qu’il faille encore attendre la publication des projets – ou tout du moins des ébauches de projets – des six Villes Requérantes à l’organisation des Jeux Olympiques d’été 2020, il est possible de donner dès à présent impressions et critiques sur les atouts et faiblesses des candidats.
Les six candidatures se sont lancés dans une compétition acharnée qui arrivera à son terme en Septembre 2013, voir quelques mois avant, si l’une ou plusieurs d’entre elles ne sont pas retenues parmi les Villes Candidates.
Selon moi, favoris, outsiders et retardataires sont identifiables.
Vous trouverez mon avis sur chaque candidature si dessous, selon un ordre qui reflète mon classement, sur la base des expériences olympiques passées des villes et des qualités techniques déjà avancées par les Comités Nationaux Olympiques.
1 – ROME
Le +
Sur le plan technique, Rome (Italie) a incontestablement pris une longueur d’avance sur ses concurrentes, en officialisant très tôt sa candidature (courant 2010) et en dévoilant un ambitieux projet olympique, alliant réutilisation de certains sites construits à l’occasion des Jeux Olympiques 1960 et construction d’équipements performants pour redynamiser la capitale italienne.
Le –
Rome pourrait cependant souffrir des dernières mesures économiques adoptées par le Gouvernement de Silvio Berlusconi. En effet, la situation économique de la péninsule ne laisse pas présager un plein soutien des autorités politiques et économiques du pays. Ce manque de soutien avait déjà pénalisé la candidature de l’Italie dans la course à l’organisation de l’Euro 2016 de Football.
2 – TOKYO
Le +
Forte de son expérience passée (hôte des Jeux 1964), Tokyo (Japon) présentera à n’en pas douter, un remarquable dossier de candidature, comme elle avait su le faire pour les Jeux 2016, en adressant au monde olympique un message fort : celui de la réelle prise en compte des notions de développement durable au sein de l’institution olympique et des compétitions affiliées. Le projet 2016 de la capitale japonaise s’appuyait sur l’héritage des JO 1964 ainsi que sur un programme environnemental intéressant.
Le –
La communication autour de la candidature de Tokyo, à paru pour certains décalée, quelques semaines après le séisme et le tsunami qui ont dévasté une partie du Japon, causant la mort de milliers de personnes.
Le faible soutien populaire pour la candidature 2016 avait été fatale à la capitale japonaise. Espérons que l’engouement sera plus élevé pour cette nouvelle tentative.
3 – MADRID
Le +
Madrid peut aussi compter sur l’expérience olympique mais du point de vue exclusivement de ses échecs. Grande rivale de Barcelone, la capitale espagnole n’est jamais, contrairement au poumon économique ibérique, parvenu à décrocher l’organisation des Jeux Olympiques et ce, malgré deux tentatives (2012 et 2016) dont la dernière qui avait suscité la surprise, lorsque Madrid accéda à la finale dans le processus de désignation, face à Rio (Brésil).
Le –
Comme pour Rome, la capitale espagnole pourrait, au fil de la procédure de désignation de la Ville Organisatrice, souffrir de la situation économique actuelle, l’Espagne venant de voter une série de mesures d’austérité et le Maire de Madrid ayant d’ores et déjà annoncé son intention de diviser par deux le budget de candidature par rapport à celui du projet 2016.
4 – ISTANBUL
Le +
La combativité pourrait être le qualificatif le plus juste à attribuer à la cité turque. Au total, Istanbul aura déposé pas moins de cinq candidatures olympiques – celle de 2020 inclue – ce qui constitue un record de participation, au même titre que la ville suédoise d’Are, candidate malheureuse aux JO d’hiver malgré un statut régulier de favorite, notamment contre Lillehammer, hôte des Jeux 1994.
La ville peut aussi compter sur l’existence d’un grand stade de 75 000 places, l’Atatürk, ainsi que sur sa profonde mutation urbaine engagée depuis plusieurs années, à l’image du complexe “Méridien”, l’un des premiers éco-quartiers de Turquie.
Le –
Malgré ses candidatures successives, Istanbul n’a pas concrétisé entièrement ses promesses olympiques. Après l’échec de 2008 et 2012, la ville n’a pas mené à bien son projet de complexe multisports affilié au stade Atatürk, ce qui pourrait lui être reproché par certains membres du CIO. Sur ce point, le parallèle avec PyeongChang (Corée du Sud) est flagrant : candidate pour les JO d’hiver 2010 et 2014, la ville a, au delà de ses cuisants revers, mis en place un plan de construction sans précédent dans le pays, afin de faire émerger un complexe sportif d’envergure pour 1,4 milliard d’euros. Cette réalisation a été l’un des points positifs du dossier de candidature pour les JO 2018. Cette persévérance a payé le 06 Juillet dernier, les cardinaux du CIO attribuant à une écrasante majorité l’organisation des Jeux d’hiver 2018 à PyeongChang.
5 – DOHA
Le +
Si elle a décidé de retenter sa chance, nul doute que Doha sera un sérieux candidat pour décrocher le sésame olympique. Recalé au stade de la “short list” pour les Jeux d’été 2016, le Qatar avait pourtant offert un dossier technique de grande qualité – comme je l’ai récemment rappelé – mais aussi l’envie de devenir le premier pays moyen-oriental à accueillir la compétition sportive.
Le –
Les conditions météorologiques pourraient, une fois de plus, handicaper la candidature de Doha.
En 2008, le CIO n’avait pas retenu le Qatar au motif de ses températures élevées (45 degrés) durant la période Juillet-Août, période traditionnelle pour organiser les JO.
Toutefois, et sûrement dans une volonté de partager l’Olympisme à de nouveaux pays, après avoir ouvert la voie avec Rio 2016 et PyeongChang 2018, le CIO a accepté de déroger à la tradition, en permettant au Qatar d’organiser les Jeux entre fin Septembre et fin Octobre. Cependant, des garanties tenant à certaines compétitions et au bien être des athlètes, des officiels et du public, doivent encore être apportées par l’Emirat.
6 – BAKOU
Le +
Après l’échec de la candidature pour 2016, l’Azerbaïdjan a entrepris, grâce à l’économie du pétrole et du gaz, la construction de plusieurs installations sportives ainsi que l’aménagement d’un stade de 60 000 places, en Juin dernier.
Le –
Face à la mégapole Tokyo et aux métropoles Rome et Madrid, la candidature de Bakou devrait à priori avoir peu de chances de continuer l’aventure olympique au delà de la désignation des Villes Candidates (la fameuse “short list”), sauf à présenter un projet de haut niveau et des garanties d’organisation exceptionnelles.
Illustrations :
– Projet du Village Olympique de Tokyo 2016
– Vue du Stade Atatürk à Istanbul
– Projet du Village Olympique de Doha 2016