Engagée dans la course à l’organisation des Jeux d’hiver de 2026, Stockholm (Suède) est aujourd’hui confrontée à une réticence des citoyens et à une défiance des autorités publiques.
Au regard de ce double constat, la candidature de la capitale suédoise doit parvenir à inverser durablement la tendance pour espérer survivre face à sa rivale italienne au cours des semaines et des mois à venir. Après le retrait de Calgary (Canada) consécutif à une consultation populaire, le dossier de Stockholm va indéniablement être scruté avec la plus grande attention, tant par les partisans de la candidature que par les opposants.
Aussi, la candidature nordique a choisi de passer à l’offensive, en particulier en accentuant sa présence et sa communication sur les réseaux sociaux. Cela passe bien sûr par l’installation – depuis quelques semaines déjà – d’un site Internet et de comptes sur les diverses plateformes actuelles comme Facebook, Twitter ou encore LinkedIn.
Durant les derniers jours, et en lien direct avec le retrait de la candidature de Calgary, Stockholm a multiplié ses publications pour mettre l’accent sur les atouts du projet suédois et sur sa sécurité vis-à-vis de l’utilisation des deniers publics.

De fait, Richard Brisius, Président du Comité de Candidature, a d’abord salué la candidature canadienne et l’engagement des partisans de cette dernière. Dans un bref communiqué, le leader de Stockholm 2026 a ainsi affirmé :
Je connais bien nos collègues du Canada. Nous faisons partie de la même famille olympique et je sais à quel point ils ont travaillé dur et ont fait de leur mieux pour informer le public sur la manière dont ils organiseraient les Jeux Olympiques et Paralympiques.
C’est dommage pour ceux qui ont travaillé si dur pour que le rêve de faire de ces Jeux d’hiver une réalité au Canada. J’espère qu’ils continueront à travailler pour que cela soit possible à l’avenir.
Immédiatement après ce propos, Richard Brisius a ensuite évoqué la teneur des discussions avec les parties prenantes au projet suédois, tout en mettant en exergue les qualités dudit projet.
En affichant une telle confiance, le patron de la candidature suédoise entend – implicitement – souligner que les faiblesses de Calgary 2026 ne seront pas celles de Stockholm 2026 :
Nous avons eu de bonnes interactions avec toutes les parties concernées, y compris les entreprises, la société civile, la classe politique et le mouvement sportif.
Nous pensons que nous construisons plus de compréhension autour du projet et que les gens réalisent que celui-ci sera bénéfique à la fois pour la Suède et pour le Mouvement Olympique.
Notre concept est incroyable et nous avons une opportunité unique de créer et d’amener les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver en Suède. Nos chances sont toujours très bonnes.

Outre ce propos qui peut paraître amical mais qui est surtout stratégique, à l’égard des porteurs du projet de Calgary, le Comité de Candidature de Stockholm 2026 a également diffusé deux documents ayant pour objectif principal de lever les doutes sur la solidité du projet suédois.
Ainsi, le site Internet du Comité a publié une interview de Christophe Dubi, personnage-clé du CIO en sa qualité de Directeur exécutif des Jeux Olympiques. Ce dernier aborde l’ensemble des problématiques liées à la candidature de Stockholm, à commencer par la vision du projet, son financement et le soutien institutionnel indispensable.
Potentiel point faible du dossier, l’absence de décision claire de la nouvelle majorité municipale n’est pourtant pas considérée comme un handicap à l’heure actuelle.
Pour Christophe Dubi en effet, les discussions sont en cours et une prochaine réunion avec les élus locaux permettra de présenter dans les moindres détails les contours du projet olympique et paralympique. A ce moment-là et uniquement à compter de cette échéance, la décision de la Ville de Stockholm pourra donc avoir une incidence sur la suite du projet.

Afin d’écarter toute ambiguïté, Stockholm 2026 a aussi mis en ligne un document intitulé “Cinq mythes autour de la candidature”.
Se fondant sur les possibilités offertes aujourd’hui aux Villes Candidates et aux Villes Hôtes par l’Agenda 2020 et la Nouvelle Norme du Mouvement Olympique, Stockholm 2026 espère ainsi balayer les arguments longtemps portés par les opposants aux Jeux et systématiquement repris par ces derniers, quelque soit la Ville Candidate.
De fait, le Comité de Candidature essaye de répondre avec maîtrise aux points suivants afin de convaincre les récalcitrants : le coût des Jeux et leur gestion ; l’impact des Jeux sur l’environnement ; l’élitisme supposé autour de l’événement ; le manque d’enneigement dans les Villes Hôtes des Jeux d’hiver ; et enfin la charge de l’organisation sur les deniers publics.
Concernant ce dernier point, Stockholm 2026 apporte des éléments chiffrés pour démontrer que les Jeux sont un système qui s’autofinance et un événement qui peut être réalisé grâce au seul apport du secteur privé.
Notre budget de mise en œuvre des Jeux s’élève à 13,1 milliards de couronnes suédoises (1,27 milliard d’euros).
La contribution totale du CIO est de 8,8 milliards de couronnes suédoises (853,5 millions d’euros). Le reste des ressources proviendra des sponsors et de la billetterie.
Le budget ne contient pas de fonds publics. Toutes les installations seront louées et aucun nouveau site ne devra être construit.
Ce propos permet indéniablement de préciser le montant estimé des investissements nécessaires pour organiser les Jeux. La répartition envisagée des coûts est par ailleurs de nature à servir d’argument-phare pour rassurer la population qui, aujourd’hui, est divisée sur la question d’une candidature.
Dans le cadre du Rapport du Groupe de Travail du CIO sur les Villes Candidates aux JO 2026, il était à cet égard fait mention d’un soutien de l’ordre de 49% parmi les citoyens de la Ville de Stockholm et de 46% parmi les citoyens suédois. A l’inverse, 25% des citoyens de la capitale se disaient opposés à une candidature et 26% ne semblaient pas avoir d’avis sur la question. Le devenir du projet repose dès lors en partie sur le travail de conviction qui devra immanquablement être mené pour convaincre les indécis.
Conjointement avec les porteurs de Stockholm 2026, le CIO devra en conséquence peaufiner la stratégie à suivre et les éléments de communication pour convaincre pleinement la population, mais aussi les élus locaux et les représentants institutionnels nationaux.

A l’instar de la récente visite du Président du CIO à Rome (Italie), un déplacement de Thomas Bach en Suède n’est d’ailleurs pas à exclure au cours des semaines qui viennent. Une façon de se rapprocher des décideurs qui font et défont une candidature aux Jeux et de démontrer les nouvelles préoccupations du CIO, davantage centrées sur la durabilité, l’héritage et le financement de l’événement.
Lors de son séjour transalpin, Thomas Bach avait par exemple pris le temps d’échanger avec chaque acteur du dossier italien, à commencer par le Sous-Secrétaire d’État aux Sports et un temps critique de la candidature de Milan / Cortina d’Ampezzo. Depuis, le Vice-Premier Ministre italien a fait mention d’un soutien institutionnel et, le cas échéant, financier, de l’État auprès de la candidature.
Une perspective qui paraissait inatteignable il y a encore quelques semaines.

Outre l’engagement des partisans d’une candidature et l’investissement du CIO, un parfait connaisseur du Mouvement Olympique pourrait venir apporter son expertise et ses conseils aux représentants du dossier suédois.
Chef du Marketing auprès du Comité de Candidature de Los Angeles 2028, Terrence Burns a récemment effectué un déplacement à Stockholm et a multiplié à cette occasion les messages sur les réseaux sociaux.
Figure incontournable de la sphère olympique et fin stratège de plusieurs candidatures par le passé – Pékin 2008, Vancouver 2010, Sotchi 2014, PyeongChang 2018, Madrid 2020 notamment – il pourrait aujourd’hui être un précieux atout pour Stockholm 2026.
Dans le cadre de sa mission auprès de la candidature de Madrid 2020, Terrence Burns avait d’ailleurs tenu des propos qui, année après année, demeurent d’actualité pour chaque Ville Candidate. En 2013, il avait ainsi affirmé :
Les candidats ont souvent tendance à trop se concentrer sur eux-mêmes et tombent donc dans le cliché, alors qu’il faut délivrer un message au-delà de la ville et du pays. Il faut créer un concept émotionnel puissant, qui offre un avantage tangible à l’organisateur. [La question que doit se poser toute candidature n’est pas] qu’est-ce que le Mouvement Olympique peut offrir à ma ville, mais plutôt qu’est-ce que ma ville peut faire pour le Mouvement Olympique ?
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