JO 2026 : Diplomatie et durabilité au cœur de la décision du CONI

La décision du Comité Olympique Italien (CONI) quant aux choix de la Ville Candidate à l’organisation des Jeux d’hiver 2026 devait intervenir au plus tard en septembre 2018. In fine, l’institution transalpine semble faire un pas en direction d’une décision radicale en s’appuyant sur les trois dossiers des villes ayant jusqu’alors démontré un intérêt (Milan, Turin, Cortina d’Ampezzo).

Ce mardi, le Président du CONI et futur membre du Comité International Olympique (CIO), Giovanni Malago, a ainsi fait savoir que le choix d’une candidature tripartite était privilégié en vue de la réunion du Conseil National qui doit avoir lieu demain à Rome.

“Le Comité d’évaluation du CONI estime comme une voie à suivre et comme un espoir pour la candidature, l’idée d’une offre conjointe des trois villes de Milan, Turin et Cortina, sans leader, pour permettre un véritable projet national.

C’est une nouveauté absolue dans l’histoire du processus de candidature olympique et c’est une occasion unique dans l’histoire des Jeux Olympiques”.

Siège du Comité Olympique Italien (CONI) au cœur du Foro Italico, Parc Olympique des Jeux de Rome 1960 (Crédits – CONI)

Il n’empêche, si le CONI valide cette option – avec une candidature cosignée par les trois Maires -, il devra toutefois se conformer aux règles de la Charte Olympique et ainsi choisir l’une des cités en qualité de Ville Candidate.

A ce titre, il convient de rappeler les dispositions de la Charte Olympique en matière de Ville Candidate et en particulier la Règle 27, paragraphe 4 et le Texte d’application de la Règle 33 qui mentionnent clairement :

“Les CNO ont compétence exclusive pour sélectionner et désigner la ville qui peut présenter sa candidature à l’organisation des Jeux Olympiques dans leurs pays respectifs”.

“Au cas où il y aurait dans un pays plusieurs villes candidates potentielles pour organiser les mêmes Jeux Olympiques, une seule ville peut se présenter, selon la décision du CNO du pays concerné”.

Ces dispositions constituent une base de travail pour les CNO et l’un des éléments-clés de tout projet olympique. Une adaptation ou une interprétation de ladite Charte n’est cependant pas à écarter complètement.

Bien que ce soit une tradition olympique, le terme de Ville Candidate comme il est conçu aujourd’hui pourrait être amener à muter au regard des chamboulements constatés au cours des dernières années, avec l’hécatombe de Villes Candidates pour 2022 et 2024 et l’adoption de nouvelles orientations, complémentaires à l’Agenda 2020 et à la Nouvelle Norme du Mouvement Olympique.

Thomas Bach, Président du CIO, et Giovanni Malago, Président du CONI, à Rome en 2015 (Crédits – CONI / Ferdinando Mezzelani / GMT)

Quoiqu’il en soit, l’idée de choisir une candidature tripartite représentée par trois villes-phares de la péninsule, permettrait avant tout au CONI de répondre aux impératifs de durabilité d’un projet olympique en prenant en considération les atouts des trois pré-projets.

Sur ce point, Milan pourrait abriter les compétitions de glace, tandis que Turin et Cortina d’Ampezzo – deux Villes Olympiques des Jeux d’hiver par le passé – auraient en charge les compétitions de neige. Ce triptyque assurerait dès lors une certaine limitation des coûts, les dépenses étant estimées à environ 400 millions d’euros.

Une candidature tripartite permettrait en outre au CONI d’obtenir le ferme et nécessaire soutien du gouvernement italien.

Au début du mois de juillet, ce dernier avait d’ailleurs formulé un accord de principe à une candidature de l’Italie pour les Jeux d’hiver 2026, tout en posant des réserves autour de la maîtrise des coûts, de la durabilité du projet et de l’héritage pour le territoire et la population. En d’autres termes, le Conseil des Ministres avait implicitement souhaité une offre conjointe des trois villes pour réduire les dépenses, traditionnel cheval de bataille des opposants aux Jeux.

(Crédits – CIO / Turin 2006)

Le CONI fait ici une habile démonstration de diplomatie au niveau local, les trois villes étant dirigées par trois formations politiques distinctes. A l’exception de Milan, dont le Maire est soutenu par le Parti Démocrate (Gauche) de l’ancien Président du Conseil, Matteo Renzi, les deux autres localités sont aujourd’hui administrées par des dirigeants proches du Mouvement 5 Étoiles (Turin) et de la Ligue du Nord, les deux formations qui composent une alliance inédite à la tête de l’actuel gouvernement.

Cette démonstration locale et nationale du CONI n’est pas anodine, loin de là. L’institution du Foro Italico sait parfaitement qu’une candidature aux Jeux ne pourrait avoir de chance d’aboutir sans l’appui des autorités.

A ce sujet, la dernière expérience de Rome 2024, avec la farouche opposition du Mouvement 5 Étoiles, reste indéniablement dans l’esprit des dirigeants olympiques italiens dont le leader, Giovanni Malago, avait même songé à éloigner durablement le CONI de la course aux Jeux. Quelques années auparavant, Mario Pescante, alors Premier vice-Président du CIO, avait même remis sa démission après le retrait de la candidature de Rome 2020 consécutif à l’absence de soutien des autorités au plus haut niveau de l’État.