Brésil : La Présidente Dilma Rousseff mise en accusation par la Chambre des Députés

Si la Commission de Coordination du Comité International Olympique (CIO) a récemment encouragé les organisateurs des Jeux d’été de Rio 2016 dans la dernière ligne droite, nul doute que l’institution de Lausanne (Suisse) a scruté avec attention le déroulement de cette journée décisive au Brésil.

Après environ 40 heures de débats et de discussions mouvementées à la tribune de la Chambre des Députés, les parlementaires brésiliens devaient voter dès 19h00 (heure française) sur la procédure de destitution lancée à l’encontre de la Présidente Dilma Rousseff.

Façade du Palais Présidentiel Brésilien (Crédits - Iano Andrade / Portal Brasil)
Façade du Palais Présidentiel Brésilien (Crédits – Iano Andrade / Portal Brasil)

Cette dernière avait tenté le tout pour le tout durant les derniers jours, comptant notamment sur son mentor et prédécesseur, Lula, pour rallier à sa cause les quelques indécis réunis à Brasília.

Hormis lors de l’inauguration du Centre Aquatique des prochains JO, Dilma Rousseff avait d’ailleurs choisi de limiter au maximum ses déplacements. La semaine passée, la Présidente avait notamment annulé sa venue à Olympie (Grèce) pour la Cérémonie d’allumage de la flamme olympique prévue le 21 avril.

Décompte du nombre de députés favorables ou non à la procédure de destitution (Crédits – Estadao)
Décompte du nombre de députés favorables ou non à la procédure de destitution, au 17 avril 2016 (Crédits – Estadao)

Si l’issue du scrutin s’annonçait des plus serrées, la tendance s’est toutefois confirmée chaque jour davantage : de 306 le 13 avril, le nombre de députés ayant l’intention de voter pour la destitution est passé à 332 le 14 avril, puis à 344 le 16 avril.

Aujourd’hui, avant le scrutin et selon le quotidien brésilien « O Estado de São Paulo », 350 députés pouvaient franchir le pas et ce, alors que 342 suffrages étaient nécessaires pour acter le choix de la Chambre et enclencher la procédure du côté du Sénat où l’opposition apparaît en position de force.

Selon d’autres informations, les opposants à Dilma Rousseff se déclaraient confiants dans la perspective de recevoir l’appui de 370 à 375 députés ce soir.

Lula et Dilma Rousseff (Crédits - Agencia Brasil)
Lula et Dilma Rousseff (Crédits – Agencia Brasil)

Les heures ayant précédé le scrutin ont en tous cas donné lieu à des rassemblements pro et anti-Dilma Rousseff.

Dans l’attente de la retransmission en direct sur écrans géants du vote des députés, entre 3 000 et 25 000 manifestants pro-destitution se sont par exemple rassemblés devant le siège des institutions à Brasília.

Près de Copacabana à Rio, environ 50 000 personnes (selon les organisateurs) ont manifesté à l’inverse pour le maintien de Dilma Rousseff à la tête du pays.

Chaque député devra s'exprimer à la tribune (oui, non ou abstention) concernant la procédure de destitution. L'ambiance est particulièrement tendue (Capture d'écran / Sport & Société)
Chaque député devra s’exprimer à la tribune (oui, non ou abstention) concernant la procédure de destitution. L’ambiance est particulièrement tendue (Capture d’écran / Sport & Société)

En marge des rassemblements populaires, la tension avait franchi un cap supplémentaire dans l’hémicycle de la Chambre des Députés. Malgré ses appels au calme, le Président de l’Assemblée a, à plusieurs reprises, été dépassé par les événements, les députés restants debout et brandissant pour la plupart des banderoles.

Les partisans de Dilma Rousseff dénoncèrent à cette occasion une tentative de “Coup d’État”.

Déroulement du vote :

  • 22h50 : Le scrutin s’ouvre dans l’hémicycle.

Un temps annoncé à 19h00 (heure française), le scrutin s’est finalement ouvert à 22h45 et ce, après l’intervention des leaders de l’ensemble des formations politiques représentées au sein de la Chambre des Députés.

Quelques 513 députés sont présents dans l’enceinte. Chacun doit exprimer individuellement, et oralement, son choix au micro. Chaque vote est comptabilisé en temps réel sur écran géant. Pour l’instant, 10 députés se sont prononcés pour la destitution et seulement 2 contre cette procédure.

  • 22h57 : La tendance penche en faveur d’une destitution de Dilma Rousseff.

Même si le vote n’a débuté que depuis quelques minutes, et dans l’attente du choix de 484 autres députés, la procédure de destitution semble se confirmer (23 contre 6).

  • 23h10 : Une première abstention…

… mais toujours un avantage pour le camp des opposants à la Présidente avec 37 voix contre 10.

  • 23h25 : Avantage pour le “Oui”.

Après 45 minutes de scrutin, les opposants à Dilma Rousseff confortent leur positionnement : 57 voix, contre 20 et 3 abstentions.

  • 23h43 : L’écart se creuse.

Avec désormais 83 suffrages, les opposants creusent l’écart face aux partisans de la Présidente plus que jamais en péril (24 voix et 3 abstentions).

  • 23h48 : Les députés de 6 États du Brésil se sont désormais prononcés.

Il reste encore 394 députés à devoir s’exprimer au micro de la Chambre.

  • 23h52 : Sauf improbable retournement de situation, la procédure de destitution se poursuivra au Sénat.
Décompte officiel, le 17 avril 2016 à 23h55 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 17 avril 2016 à 23h55 (Crédits – Estadao)

Avec un tel écart, il devient difficilement envisageable que les partisans de Dilma Rousseff puissent arrêter la procédure en cours contre leur leader.

A présent, ce sont ainsi 100 députés qui se sont prononcés pour la destitution, contre 28 qui y sont opposés et 3 qui se sont abstenus. Pour rappel, il faut rassembler 342 suffrages pour acter la procédure d’Impeachment et basculer celle-ci au Sénat qui aura le dernier mot.

  • 23h58 : Les députés de 7 États ont voté et la dynamique continue en faveur des opposants à Dilma Rousseff.
  • 00h23 : Les députés de 9 États ont à présent exprimé leur vote, soit quelques 177 représentants.
  • 00h24 : La tendance se confirme chaque minute davantage.

Pas moins de 142 députés se sont prononcés pour la destitution, contre 37 qui ont voté contre la procédure exceptionnelle.

Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 00h35 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 00h35 (Crédits – Estadao)
  • 00h35 : Le décompte après 2 heures de scrutin.
  • 00h45 : Le pari est à moitié rempli pour l’opposition de Droite et ses nouveaux alliés.
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 00h48 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 00h48 (Crédits – Estadao)

Avec 171 votes obtenus, il faut en effet que cette “coalition” anti-Dilma Rousseff rafle le même nombre de suffrages pour acter la destitution à la Chambre, et remplir ainsi la première partie de la procédure.

  • 01h10 : L’irrésistible progression des opposants.

Se basant sur la désapprobation populaire exprimée dans les sondages au cours des dernières semaines, l’opposition à Dilma Rousseff entend capitaliser le mécontentement en poussant la Présidente vers la sortie.

Rien ne semble ce soir pouvoir empêcher un tel scénario de se produire, puisque 200 des 513 députés se sont d’ores et déjà exprimés en faveur de la destitution de la Présidente brésilienne.

Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 01h10 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 01h10 (Crédits – Estadao)

Il en faut encore 142 pour que le Sénat soit à son tour en mesure de s’exprimer et de clôturer les débats, la Chambre Haute du Congrès ayant le dernier mot pour ce type de procédure constitutionnelle.

Signe que les partisans de la Présidente sont à la peine, seuls 51 d’entre eux se sont pour l’heure positionnés. Il faut 118 voix supplémentaires pour mettre un terme à la procédure. Difficilement concevable ce soir.

  • 01h35 : Vers un possible basculement ?

Alors que les opposants ont déjà mobilisé 219 députés, les partisans de la Présidente sont parvenus à glaner 71 votes. Si la différence apparaît largement au bénéfice des opposants, la lecture du scrutin pourrait finalement être plus complexe.

Ainsi, les partisans de Dilma Rousseff peuvent compter sur les abstentionnistes (4 pour le moment) et sur les voix obtenues jusqu’à présent. Mais surtout, ils doivent rassembler quelques 97 députés pour arrêter la procédure, alors que les opposants doivent parvenir à convaincre 123 députés. Un différentiel qui pourrait, in fine, avoir son importance…

  • 02h06 : Plus que 100 votes pour que les opposants à Dilma Rousseff remportent leur pari.

Désormais, 100 nouveaux votes sont nécessaires aux opposants à la Présidente pour acter la mise en accusation.

  • 02h35 : Le Gouvernement reconnaît la défaite.

Au moment où plusieurs dizaines de députés doivent encore s’exprimer dans l’hémicycle de Brasília, le Gouvernement a reconnu officiellement sa défaite. La Présidente est donc mise en accusation par la Chambre des Députés, préfigurant un scrutin similaire au Sénat qui devrait sans surprise prononcer la destitution de Dilma Rousseff.

La mobilisation des dernières heures de Lula n’aura donc pas fonctionné. L’intervention vidéo de Dilma Rousseff non plus. Cette dernière devrait s’exprimer dans les heures à venir, lors d’une allocution ou dans le cadre plus formel d’un communiqué de presse.

Une démission n’est plus à exclure. Cela permettrait à Dilma Rousseff d’éviter l’humiliation de subir un nouveau revers parlementaire avec le scrutin de la Chambre Haute. Surtout, cela conduirait le Brésil vers de nouvelles élections présidentielles qui pourraient réserver son lot de surprises, avec pourquoi pas la révélation de Marina Silva (écologiste), troisième des dernières élections.

Mais la perspective d’un scrutin présidentiel paraît tout de même peu probable avec l’imminence des Jeux Olympiques de Rio 2016. L’événement sportif planétaire doit en effet s’ouvrir dans à peine plus de 100 jours.

  • 03h06 : L’opposition à Dilma Rousseff rassemble à présent plus de 300 députés sur 513.
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 03h06 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 03h06 (Crédits – Estadao)
  • 03h20 : L’image de la soirée.

Cette photographie restera sans doute comme l’un des symboles de cette soirée cauchemardesque pour le Parti des Travailleurs (PT) de Dilma Rousseff et Lula.

Michel Temer a assisté au vote individuel des députés brésiliens (Crédits - Divulgação)
Michel Temer a assisté au vote individuel des députés brésiliens (Crédits – Divulgação)

Michel Temer, leader du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB) et actuel vice-Président du pays, semble savourer – avec cynisme – la déroute de Dilma Rousseff, auprès de qui il travaille pourtant depuis la réélection de cette dernière.

Si le Sénat confirme comme cela est envisagé, la destitution de la Présidente, Michel Temer assurerait alors l’intérim de la Présidence du Brésil.

    03h35 : Une heure après la reconnaissance de la défaite présidentielle, le décompte se poursuit.

321 voix pour la mise en accusation ; 113 contre ; 5 abstentions et 2 absents.

  • 04h08 : La majorité des 2/3 est atteinte.
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 04h08 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 04h08 (Crédits – Estadao)

Pour mettre en accusation Dilma Rousseff, l’opposition parlementaire devait réunir la majorité des 2/3 des députés, soit 342 suffrages. Ce seuil a été franchi à 04h08. Le décompte se poursuit toutefois et devrait accroître encore davantage cette majorité.

  • 10h50 : L’opposition réussie son pari en rassemblant 367 députés.

Il fallait obtenir l’accord de 342 députés. Finalement, l’opposition hétéroclite à Dilma Rousseff est parvenue à mobiliser 367 députés, contre 137 qui sont restés fidèles à la Présidente. Il y a aussi eu 7 abstentions et 2 absents.

Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 10h50 (Crédits – Estadao)
Décompte officiel, le 18 avril 2016 à 10h50 (Crédits – Estadao)

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