Maria Sharapova, un empire sportif… et commercial

Ce lundi 07 mars 2016, Maria Sharapova avait convoqué la presse dans un hôtel de Los Angeles (États-Unis) afin de faire une annonce majeure.

Si certains ont un temps pensé qu’elle pourrait annoncer sa retraite tennistique, il n’en a rien été. C’est en effet une toute autre annonce qui a été faite par l’ancienne numéro 1 mondiale du tennis féminin.

La page Facebook de Maria Sharapova possède plus de 15,3 millions de fans (Crédits - Page Officielle Facebook)
La page Facebook de Maria Sharapova possède plus de 15,3 millions de fans (Crédits – Page Officielle Facebook)

La sportive russe a ainsi révélé avoir été contrôlée positive au Meldonium lors du dernier Open d’Australie. Or, ce composant est prohibé sur le circuit car considéré dans la liste des produits dopants depuis janvier 2016 par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA).

“Je n’ai pas contrôler la liste pour voir si ce médicament allait figurer parmi les produits prohibés. Je suis responsable de ce que j’ingère. Je me targue depuis plus plus jeune âge d’être très professionnelle, mais j’ai fais une énorme erreur” a reconnu Maria Sharapova.

Cette dernière a par ailleurs justifié la prise de médicaments par “plusieurs problèmes de santé depuis 2006. J’étais souvent malade. J’avais la grippe, des électrocardiogrammes irréguliers et des signes de diabète, sachant qu’il y a des antécédents de diabètes dans ma famille”.

Cet argumentaire n’a toutefois pas suffit à empêcher la Fédération Internationale de Tennis (ITF) d’appliquer le règlement et de prendre une sanction temporaire.

Maria Sharapova sera ainsi écartée du circuit à compter du 12 mars à titre conservatoire et ce, dans l’attente de l’examen de cette affaire qui secoue le monde du tennis, mais qui plus encore, fragilise un véritable empire.

Maria Sharapova dispose notamment d'une marque de bonbons sobrement nommée "Sugarpova" (Crédits - Sugarpova)
Maria Sharapova dispose notamment d’une marque de bonbons sobrement nommée “Sugarpova” (Crédits – Sugarpova)

Car au-delà du tennis – 7e joueuse mondiale à ce jour -, Maria Sharapova représente une véritable marque commerciale. La sportive est une icône de la mode et est régulièrement l’égérie de campagnes publicitaires (Evian, McDonald’s, Porsche, etc…).

Pour preuve de cet engouement autour de la lauréate des Internationaux de France de Roland Garros en 2012 et en 2014, Maria Sharapova est l’une des deux femmes présentes dans le classement 2015 des sportifs les mieux payés au monde.

Avec des revenus – salaires, primes et partenariats – d’un montant global de 29,7 millions de dollars (26,97 millions d’euros), la Russe se classe au 26e rang du classement réalisé par le magasine américain “Forbes”. Loin, très loin devant Serena Williams (47e).

Dans le détail, Maria Sharapova a perçu quelques 6,7 millions de dollars (6,08 millions d’euros) en dotations suite à ses victoires sur le circuit WTA. Mais il s’agit-là d’une part minime de ses revenus, puisque les divers contrats assurent un apport conséquent de 23 millions de dollars (20,89 millions d’euros).

Au cours des dernières années, Maria Sharapova figurait déjà dans le classement “Forbes”, notamment en 2012, avec des revenus de 21,3 millions d’euros (26e place) et en 2013 avec quelques 21,86 millions d’euros (22e place).

Maria Sharapova fut l'une des égérie de Samsung à l'occasion des Jeux de Sotchi 2014 (Crédits - Samsung / Flickr)
Maria Sharapova fut l’une des égérie de l’entreprise Samsung à l’occasion des Jeux de Sotchi 2014 (Crédits – Samsung / Flickr)

Néanmoins, les révélations faites hier soir sont de nature à fragiliser de manière durable la relation de Maria Sharapova avec ses sponsors. Moins de vingt-quatre heures après sa conférence de presse événement, l’athlète a ainsi vu disparaître de son champ de vision trois partenaires de premier plan.

Dès les premières heures qui ont suivi la déclaration de Maria Sharapova, l’équipementier Nike a décidé de prendre ses distances et ce, afin de préserver ses évidents intérêts commerciaux.

“Nous sommes attristés et surpris par l’information concernant Maria Sharapova. Nous avons décidé de suspendre notre relation avec Maria le temps de l’enquête” a ainsi affirmé l’un des porte-parole du groupe allemand.

Mais un autre sponsor a fait savoir son intention d’aller encore plus loin.

“Maria Sharapova était sous contrat avec Tag Heuer depuis le 31 décembre 2015. Nous étions en négociations pour prolonger notre collaboration.

Au vu de la situation actuelle, la marque suisse a suspendu toutes les négociations et a décidé que le contrat ne serait pas renouvelé” a notamment précisé un communiqué du groupe LVMH, propriétaire du fabricant de montres.

Concernant Porsche, le constructeur automobile a lui aussi choisi de suspendre son partenariat avec la joueuse de 28 ans.

“Nous regrettons cette affaire. Jusqu’à de plus amples informations, et tant que nous ne seront pas dans la mesure d’analyser correctement la situation, nous avons décidé de suspendre toutes les opérations prévues avec elle” a fait savoir l’entreprise.

(Crédits - Page Officielle Facebook de Maria Sharapova / Porsche)
(Crédits – Page Officielle Facebook de Maria Sharapova / Porsche)

Possédant pas moins de 35 titres en simple, dont 5 trophées en Grand Chelem, celle qui fut l’une des porteuses de la torche olympique lors de la Cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Sotchi 2014, dispose encore de soutiens.

Bien que vivant aux États-Unis, Maria Sharapova peut ainsi compter sur l’appui des autorités sportives russes.

Pour Shamil Tarpishchev, Président de la Fédération Russe de Tennis, “cette affaire est absurde. Les sportifs prennent ce que les kinésithérapeutes et les médecins leurs prescrivent. 

Je crois que Sharapova aura encore une chance de jouer aux Jeux Olympiques de Rio 2016, mais nous allons voir comment les choses évoluent”.

Une maigre lueur d’espoir à l’heure où les révélations autour du dopage peuvent être dévastatrices pour l’image et la crédibilité d’un sportif ou d’une institution.

Désormais, et malgré son souhait de ne pas finir sa carrière sur une telle mauvaise note, le destin sportif de Maria Sharapova n’est plus entre ses mains.

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