Sotchi 2014 : Le défi de la sécurité

Dans quelques semaines, Sotchi deviendra le centre du monde sportif et médiatique, en accueillant les Jeux Olympiques d’hiver.

Localité russe de quelques 370 000 habitants, Sotchi est avant tout, une station balnéaire prisée par les riches promoteurs et investisseurs de Russie. En étant désignée Ville Hôte de l’événement olympique en 2007, Sotchi s’est entièrement métamorphosée, afin d’offrir aux athlètes et aux spectateurs, un véritable complexe sportif.

L’un des initiateurs du projet olympique de Sotchi – si ce n’est l’initiateur – n’est autre que le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine en personne. Souhaitant redorer le blason de son pays et réaffirmer la puissance de celui-ci sur l’échiquier international, Vladimir Poutine a ordonné le déploiement de plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers et près de 40 milliards d’euros de budget.

Ces moyens colossaux ont permis de créer une cité olympique ultra-compacte, avec notamment un Stade de 40 000 places et des installations sportives modernes de grande capacité. Mais ils ont aussi permis de mobiliser un arsenal policier et militaire sans précédent.

Conscientes du risque terroriste du fait de la proximité de Sotchi avec la région instable du Caucase russe, les autorités ont ainsi décidé de consacrer 1,4 milliard d’euros à la sécurité.

Cette somme comprend notamment l’utilisation de drones, de 5 000 caméras ainsi que des détecteurs sous-marins, sans oublier les capteurs du système SORM concernant l’interception des communications.

A CCTV surveillance camera is mounted near a venue of the Sochi 2014 Winter Games in Sochi

A cela s’ajoute une véritable armada de près de 40 000 soldats et policiers qui doivent se positionner dès le début du mois de janvier, dans et autour de Sotchi, et ce afin de contrôler les entrées et sorties de la ville.

En effet, comme l’a rappelé ce matin la journaliste et grand reporter spécialiste de la Russie, Anne Nivat, “tout le monde s’inquiète de ce qui va se passer à Sotchi.

Je vous rappelle que les Jeux ouvrent le 07 février et qu’à partir du 07 janvier, c’est-à-dire dans très peu de jours, la ville entière de Sotchi, c’est-à-dire le trafic routier dans la ville de Sotchi, sera totalement contrôlé, totalement interdit.

Ce sont des mesures drastiques de sécurité.

Il n’y aura que des voitures autorisées qui pourront rouler dans Sotchi, un mois avant le début des Jeux Olympiques”.

Réagissant également aux deux attentats survenus hier et ce matin à Volgograd, la journaliste a estimé qu’il s’agissait “d’un affront total, direct envers le Président Vladimir Poutine qui, j’en suis sûre, va réagir de façon extrêmement violente. Vladimir Poutine est quelqu’un qui ne supporte pas qu’on lui tienne tête, donc il va y avoir des mesures de rétorsion”.

Un renforcement des mesures de sécurité a d’ores et déjà été ordonné dans toute la Russie.

Et à moins de 40 jours des Jeux, les moyens mobilisés à Sotchi pourraient également être accrus.

Les États-Unis ont par exemple“proposé au gouvernement russe un soutien plein et entier pour les préparatifs de sécurité en vue des Jeux Olympiques de Sotchi […].

Nous accueillerions favorablement une coopération plus étroite au bénéfice de la sécurité des athlètes, des spectateurs et autres participants”.

Online Graphing

Les États-Unis avaient déjà proposé leur aide pour la tenue d’une précédente édition des Jeux. C’était en 2004, à Athènes. La capitale grecque avait alors bénéficié de moyens importants pour protéger les athlètes et les spectateurs pour ce qui était la première édition des Jeux d’été post-11 septembre.

Athènes avait ainsi eu recours au service de militaires, avec la mobilisation de quelques 70 000 soldats et policiers, mais aussi l’aide d’un Conseil Stratégique Antiterroriste composé de représentants issus de sept pays dont les États-Unis, l’Allemagne et la France sans oublier l’intervention d’experts de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Au total, la sécurité des Jeux d’Athènes 2004 avait atteint le niveau record de 1,2 milliard d’euros. Avant même l’ouverture des JO de Sotchi, ce record a été battu de plus de 200 millions d’euros.

Illustration : Thomas Peter / Reuters
Graphique : Données en millions d’euros. Pour l’édition des Jeux de Pékin 2008, aucune données chiffrées n’a été communiquées par les organisateurs

15 pensées

  1. Ce que je me demande, c’est si ces attaques sont un affront fait à la Russie ou une attaque au mouvement olympique…

    Si c’est le mouvement olympique qui est visé (et ce serait bien dommage), cela signifie que toutes les dépenses en matière de sécurité vont s’accentuer, rendre la fluidité et la sympathie des JO bien moindres, et donner une très sale image au CIO et aux Comités d’Organisation… Cela risque même d’entraîner des réticences à l’idée d’attribuer les JO à certaines nations, jugées alors de trop “dangereuses”… Et quels en seraient les raisons ? Les coûts ? Les travaux ? La liberté donnée aux athlètes pendant les JO ? Les croyances et aspirations ?

    Si c’est la Russie qui est visée, alors là, c’est tout un autre problème… Car le pays est sur les starting blocks en ce moment ! Universiade d’été de Kazan et Mondiaux d’athlé à Moscou en 2013, JO d’hiver et Championnat du monde d’escrime à Kazan en 2014, Championnat du monde d’escrime de Moscou et de natation à Kazan en 2015 (Kazan, ou l’art du triplet ! ^^), Mondiaux de hockey sur glace à Moscou/St Peterzbourg en 2016, Coupe de Confédération de football en 2017 et Coupe du Monde en 2018… Et apparemment Kazan serait aussi envisagée pour les Jeux Européens de 2019 (et j’en envie d’ajouter, outre mesure, que St-Peterzbourg concourrait aussi pour organiser l’Exposition Universelle de 2020, remportée par Dubaï…) !!! C’est de la folie ! Alors certes, si l’objectif final ce sont les JO, c’est cohérent, mais imaginez le défi terrible pour le pays ! Être à la fois sous les projecteurs mais avec des attaques tous les mois… C’est dangereux pour les sportifs, les touristes, des politiques, et à bien plus long terme, les russes eux-même !

    1. Sans oublier aussi la probable candidature de Saint-Pétérsbourg pour les JO 2028 (ou 2024) !

      Ce sont à la fois des attaques contre la Russie (principalement) mais aussi contre le Mouvement Olympique et son symbole premier, les JO.

      Le leader de la rébellion islamiste n’a-t-il pas qualifié l’événement de “danses et festivités sataniques” ?… Alors oui, les coûts liés à la sécurité risquent d’augmenter, en particulier dans certains pays qui obtiendront par le futur, les Jeux.

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