JO 2024 : « La France aurait tout intérêt à s’inspirer de l’exemple de Tokyo 2020, une candidature techniquement remarquable et très humble »

C’est un regard critique que porte Jean-Claude Killy sur les chances olympiques françaises, ce week-end dans « Le Journal du Dimanche ».

Interviewé sur les conditions d’une éventuelle candidature de Paris pour l’organisation des Jeux d’été de 2024, celui qui fut Champion Olympique et qui siège désormais au sein du Comité International Olympique (CIO), estime que plusieurs éléments doivent être analysés.

Mr. Jean-Claude Killy IOC member (FRA)

Ainsi, selon lui, « au lendemain de son élection [en mars 2014], la nouvelle maire devra commencer à affûter les couteaux et sonder tout le monde : gouvernement, région Ile-de-France, Comité National Olympique… Le problème français a toujours été ce mille feuille administratif. Il faut créer un Team France, forcément incarné par le maire. Il conviendra de tenir compte de la concurrence, particulièrement relevée. Les Américains, qui réfléchissent à plusieurs dossiers, seront durs à contrer. Quant à la règle de l’alternance des continents, j’ai toujours dit que je n’y croyais pas. La France aurait tout intérêt à s’inspirer de l’exemple de Tokyo 2020, une candidature techniquement remarquable et très humble« .

D’ailleurs, sur ce dernier point, l’ancien athlète – aujourd’hui Président de la Commission de Coordination des Jeux d’hiver de Sotchi 2014 -, fustige « l’esprit français [qui] se complaît dans une posture de donneur de leçons qui sait tout.

Il faut faire preuve d’humilité, d’écoute et de persévérance, tout en proposant évidemment un dossier qui ne soit pas critiquable. On doit cesser de se prendre pour ce que l’on n’est pas.

On ne peut pas arriver une fois tous les dix ans, expliquer au monde entier ce qu’est l’olympisme, faire preuve d’arrogance, puis disparaître et recommencer dix ans plus tard.

Il nous manque de la constance dans l’organisation d’événements, de la présence à la tête des fédérations internationales, des relais ».

Il faut dire que depuis son échec aux JO 2012, la France n’a plus présenté de candidature pour les Jeux d’été. Ce choix n’a d’ailleurs pas été celui de Madrid, déjà candidate pour l’Olympiade de 2012 ou de Tokyo, candidate pour celle de 2016 et victorieuse pour celle de 2020.

Une preuve de persévérance qui a sans nul doute contribué à l’attribution des Jeux au Japon.

Jean-Claude Killy - Jacques Rogge - CIO

Dès lors, pour Jean-Claude Killy, Paris ne sera certainement pas en position de favorite pour 2024, ce qui rejoint ici l’avis exprimé récemment par son collègue olympien, Guy Drut.

En outre, à la question de savoir si le CIO pourrait être sensible au fait que 2024 marquera le centenaire des derniers Jeux organisés à Paris, Killy balaye d’un revers de la main :

« En aucun cas ! On n’en est plus là. En 1996, on est allés à Atlanta et non à Athènes. Vu l’ampleur des enjeux et des responsabilités, le CIO romantique n’existe plus ».

Une critique sévère mais réaliste au regard de l’évolution institutionnelle du Mouvement Olympique, de ses choix et de ses orientations.

Illustrations :
– Portrait officiel de Jean-Claude Killy (CIO / Benoît Fontaine)
Jean-Claude Killy et Jacques Rogge, ancien Président du Comité International Olympique (CIO / Richard Juilliart)