C’était le rendez-vous à ne pas manquer pour les trois Villes Candidates à l’organisation des Jeux d’été 2020. Réunis à Lausanne (Suisse) les membres du Comité International Olympique (CIO) ont en effet pu assister à une présentation détaillée des différentes candidatures.
Les délégations des Villes Candidates – Tokyo, Istanbul et Madrid – ont exposé leurs motivations et leurs atouts durant 45 minutes chacune avant de répondre aux questions des Olympiens, là aussi durant 45 minutes.
Signe que le rendez-vous de Lausanne est un moment crucial à deux mois de l’élection de la Ville Organisatrice, près de 560 médias étaient présents sur place.
Comme à son habitude, Tokyo 2020 a délivré un message de sécurité et de stabilité, en assurant être “le bon partenaire, au bon moment” pour le Mouvement Olympique.
Le vice-Premier Ministre, Taro Aso, a notamment présenté le programme gouvernemental intitulé “Le Sport pour Demain” et visant à promouvoir l’Olympisme dans le cadre de projets internationaux. Le programme doit également permettre la création d’une Académie Sportive Internationale au Japon et des efforts accrus auprès de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA).
Tsunekazu Takeda, Président de Tokyo 2020 et du Comité Olympique Japonais (COJ) a rappelé quand à lui la détermination de Tokyo à livrer des Jeux exceptionnels. Il faut dire que la capitale nippone mise sur trois forces principales :
“Tokyo est digne de confiance dans des temps incertains. Tokyo accueillera une fête jamais vue au centre de la ville. Tokyo utilisera toute la créativité et le savoir de la ville la plus avant-gardiste du monde au bénéfice du sport mondial”.
Le Gouverneur de Tokyo, Naoki Inose, a pour sa part insisté sur la sécurité économique que peut offrir le Japon et sur la mise en place effective d’un fonds de réserve “de 4,5 milliards de dollars pour l’organisation des Jeux”.
Concernant les transports, l’autre grand atout du Japon dans la course aux JO 2020, ils permettront à “tous les athlètes et tous les membres de la Famille Olympique [d’arriver] à l’heure, à chaque fois. Personne ne sera bloqué dans les embouteillages alors qu’il devrait concourir, s’entraîner ou travailler”.
Mais Tokyo 2020 peut aussi compter sur un autre élément déterminant dans le cadre de l’attribution des Jeux par le CIO : le soutien populaire. Faiblesse du dossier nippon pour l’Olympiade de 2016, le soutien du public a cette fois-ci atteint des records.
De fait, pour Christel Takigawa, ambassadrice du programme “Tokyo Cool”, la capitale japonaise est l’illustration d’“une ville où l’Est rencontre l’Ouest, dans un esprit de découverte et d’amitié. Cela promet à tous les visiteurs de repartir en 2020 avec des souvenirs pour la vie”.
Reste à savoir si la présentation japonaise a convaincu les membres électeurs du CIO. Même si son statut de favorite est avérée, Tokyo 2020 demeure opposée à deux solides adversaires : Madrid et Istanbul.
Cette dernière a d’ailleurs tenté de refaire son retard causé par les récentes manifestations à Istanbul et dans les principales villes de Turquie (Ankara, Izmir…), en rappelant la solidité du soutien gouvernemental à l’égard du projet olympique.
Le vice-Premier Ministre, Ali Babacan, a ainsi souligné le triplement du PIB par habitant depuis 2002 et la création de 4,8 millions d’emplois au cours des quatre dernières années.
Selon lui, “nous avons le plus faible taux de chômage des jeunes de toute l’Europe. Nos finances nationales sont totalement aptes à absorber le poids des Jeux et à offrir les garanties nécessaires. Le budget hors-COJO d’Istanbul 2020, de 19,4 milliards de dollars, peut sembler élevé mais mon gouvernement a d’ores et déjà engagé la plus grande partie de cette somme. Ainsi, 16,5 milliards de dollars d’investissements sont en cours de réalisation, limitant le coût des Jeux à 2,9 milliards de dollars”.
Toujours selon le vice-Premier Ministre de Turquie, “pour la première fois, une Ville Candidate possède, avant même son élection, les structures nécessaires à la gouvernance et au financement des Jeux. Notre Loi Olympique est entrée en vigueur il y a plus de 20 ans et elle prescrit au Gouvernement un soutien total. Nous n’aurons pas besoin d’une nouvelle législation, de garanties supplémentaires ou de démarches bureaucratiques pour faire avancer les Jeux”.
Pour le Ministre des Sports, Suat Kilic, la Turquie est pleinement capable d’organiser les Jeux et de livrer les infrastructures dans les délais.
Prenant l’exemple des récents Jeux Méditerranéens qui se sont déroulés à Mersin, le Ministre a ainsi affirmé que la Turquie avait “réussi un défi difficile [avec la construction de] 12 nouvelles infrastructures olympiques, 18 mois seulement après avoir été désignés hôtes des Jeux Méditerranéens”.
Dernière délégation à présenter son dispositif olympique, Madrid 2020 a confirmé le soutien des plus hautes autorités de l’État avec la venue du Prince Felipe.
Ce dernier a, dès sa prise de parole, affirmé qu’il n’était pas là pour une “formalité d’ordre cérémonial” mais en tant qu’ancien athlète olympique : “Peu de choses ont été aussi importantes dans ma vie que ma participation aux Jeux de Barcelone sous les couleurs de l’Espagne. Je n’ai pas gagné de médaille, mais quelque chose d’encore plus précieux : la découverte des valeurs humaines sur lesquelles reposent les Jeux et qui réunissent les personnes du monde entier”.
Le Prince héritier a en outre rappelé que Madrid 2020 n’était pas une “candidature de promesses car nous les avons réalisé. Il s’agit d’une candidature en phase avec son temps. Nous avons pris nos responsabilités et nous avons assumé les risques afin que vous – le CIO – n’ayez pas à les endosser”.
Faisant de son contexte économique non pas une faiblesse mais une force, la délégation madrilène a estimé que sa candidature représente aujourd’hui le dossier le plus raisonnable sur le plan financier.
Pour le Ministre de l’Économie et de la Compétitivité, Luis de Guindos, “le choix de Madrid n’implique pas de risque financier, bien au contraire, car c’est le choix de la sécurité pour une ville qui est déjà prête”.
Souhaitant être une candidature exemplaire, Madrid 2020 a particulièrement insisté sur “la qualité de vie” de la capitale espagnole.
Ainsi, la Maire de la ville, Ana Botella, a évoqué l’objectif de faire de Madrid 2020, les “premiers Jeux de l’histoire, neutres en termes d’empreinte carbone” avec une utilisation massive des énergies renouvelables. La Première Magistrate de Madrid a également souligné le fait que 70% du réseau du métro madrilène était aujourd’hui accessible aux personnes à mobilité réduite et que l’intégralité du réseau serait équipé en conséquence d’ici 2020.
Fils de l’ancien Président du CIO, Juan Antonio Samaranch Jr, a de son côté évoqué la candidature “responsable” que représente Madrid 2020.
Selon lui, “le CIO ne peut pas dire non à une candidature responsable en termes de coûts, exceptionnelle d’un point de vue technique et située dans une des destinations touristiques les plus populaires et plus stables du monde. Le secret de Madrid a consisté à adapter la ville aux Jeux et non les Jeux à la ville. Cette approche est unique et nouvelle”.
Chacune à leur manière, les trois Villes Candidates ont donc délivré un message d’optimisme à l’égard du CIO.
La course à l’organisation des Jeux de 2020 s’annonce toujours aussi serrée mais ce grand oral devrait peut être permettre d’en savoir un peu plus d’ici la fin de l’été.
Comme indiqué par un correspondant travaillant auprès de l’une des candidatures, “les deux prochaines semaines” s’annoncent décisives pour les trois Villes en lice pour accueillir les Jeux d’été en 2020.
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