Bernard Lapasset : « Le sport est un des enjeux majeurs qui façonnent les sociétés de demain »

Bernard Lapasset est l’un des Français les plus influents sur la scène sportive internationale.

Président de l’International Rugby Board (IRB) depuis 2007, il a récemment été nommé Président du Comité Français du Sport International (CFSI) chargé de porté les candidatures tricolores aux grands événements sportifs.

Il y a quelques jours, Bernard Lapasset a accordé une longue interview au journaliste Henri Bru, pour « L’Équipe Magazine » en date du 22 juin 2013.

Bernard Lapasset - L'Equipe Magazine - 22 juin 2013

Au cours de cet entretien riche d’enseignements, le dirigeant du rugby est notamment revenu sur la question de l’influence et du lobbying.

Selon lui, « le sport est devenu un enjeu médiatique considérable. […] C’est un élément qui fait que, aujourd’hui, beaucoup plus d’argent est investi dans le sport, avec parfois des enjeux géopolitiques« .

Pour Bernard Lapasset, la stratégie française doit donc répondre à cette mutation et à cette mondialisation du sport.

Ainsi, « il faut qu’on adapte nos outils à nos besoins. C’est le gros problème. Faire une déclaration de principe, ce n’est plus suffisant. Un principe n’est pas un moteur en soi. Il faut que l’on s’adapte.

Je prends un exemple : à Saint-Pétersbourg, il y a quinze jours, à l’occasion d’un grand forum, était rassemblé tout ce que le sport compte de décideurs au monde, y compris les quatre-vingt douze présidents des fédérations internationales. Toutes les villes candidates à des événements sportifs étaient là… Et il y avait un stand français. Malheureusement, il était vide : pas une seule personne présente !

C’est un regret, ce n’est pas une accusation. Il y avait peut être 2 000 décideurs, toutes les boîtes de lobbying britanniques étaient là, toutes les boîtes internationales… ».

Dès lors, il est important pour Bernard Lapasset de donner les moyens nécessaires au CSFI afin de redonner une influence à la France et au sport français. Pour lui, cela passera par une représentation à l’internationale avec notamment les trois membres français du Comité International Olympique (CIO) : Tony Estanguet, Jean-Claude Killy et Guy Drut.

Outre la question de la représentation, il est également urgent de revoir la stratégie des alliances sur la scène internationale.

Pour Bernard Lapasset, « il faut des réseaux. Malheureusement, la langue ne suffit plus. On avait un réseau africain… Mais aujourd’hui, la nation la plus puissante en Afrique, ce n’est plus la France, c’est la Chine, parce que c’est elle qui y investit le plus.

La langue française nous a longtemps permis de faire beaucoup de choses… Aujourd’hui, elle reste indispensable, mais ce n’est pas suffisant ».

Bernard Lapasset - IRB

Homme respecté, Bernard Lapasset a acquis ses galons sur la scène sportive mondiale, notamment au travers de sa campagne victorieuse pour l’intégration du rugby à 7 au programme olympique et ce, dès les Jeux de Rio 2016.

Durant l’interview accordée à « L’Equipe Magazine », Bernard Lapasset a rappelé les fondements de cette campagne tout en livrant un message clair : « Tu ne peux pas construire un réseau en envoyant des mails ».

Pour parvenir à ses fins, Bernard Lapasset a ainsi fait appel à une agence britannique – Vero – afin de présenter le rugby à 7 et de convaincre les Olympiens d’intégrer ce sport au programme olympique.

« J’ai constitué une équipe avec des gens fabuleux, avec Jonah Lomu – ailier néo-zélandais – comme ambassadeur majeur. […]

Avec eux, on a fait quatre ou cinq fois le tour du monde. On s’est déplacés dans tous les pays, on est allés à tous les grands événements internationaux, on a créé des liens avec chacun des membres du CIO. Je les ai tous vus personnellement, à l’exception de deux ou trois, un peu plus compliqués à rencontrer. Le rugby à 7, personne ne savait que ça existait.

Et […] quand tu vois le résultat du vote : 81 pour, 1 abstention, 8 contre… ».