Quelques heures avant le vote de la Fédération Française de Tennis (FFT) concernant le devenir des Internationaux de France de Roland-Garros, Maître Antoine Cotillon, avocat au barreau de Paris, soulevait la problématique suivante : “Et si Roland-Garros avait lieu à Madrid ?”
Comme je l’avais déjà exposé, la capitale espagnole possède désormais un complexe sportif avec toits rétractables, conçu par le Français Dominique Perrault, architecte de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) et pourrait à terme, venir disputer le titre de Tournoi du Grand Chelem à… Paris, d’autant que le tournoi madrilène se trouve, dans le calendrier tennistique international, à trois semaines des Internationaux de France.
La menace n’est pas imminente, mais elle est bien réelle et comme l’indique Antoine Cotillon, “pour Paris, il n’est pas envisageable de perdre Roland-Garros et ses retombées économiques et médiatiques. L’investissement du maire de Paris et de sa première adjointe pour que le tournoi reste porte d’Auteuil en est la preuve incontestable”.
Il a en effet fallu que la FFT brandisse la possibilité de déménager en banlieue, pour que la Ville de Paris se mobilise pleinement dans un projet d’extension, qui reste malgré ses atouts, plus petit (13,5 hectares maximum) que les trois autres tournois du Grand Chelem (de 14 à 20 hectares).
Mais l’article réalisé par Antoine Cotillon soulève un problème sans doute plus important que les considérations purement sportives : celui de l’enjeu juridique concernant notamment l’aménagement d’un court de 5 000 places dans les Serres d’Auteuil. Pour l’avocat, “les récents déboires de la Fondation Louis Vuitton au Jardin d’acclimatation, au coeur du bois de Boulogne, reflètent les risques d’enlisement d’un projet d’urbanisme sous l’action de recours en justice. À la requête d’un collectif d’associations de l’Ouest parisien, le tribunal administratif de Paris a annulé le permis de construire autorisant l’édification du bâtiment dessiné par l’architecte Frank Gehry. La bataille juridique pourrait durer plusieurs années et le projet rester à l’arrêt. Cet exemple devrait donner des sueurs froides aux promoteurs de l’extension de Roland-Garros d’autant que ces Robins du bois de Boulogne se seraient saisis de ce dossier”.
Maître Cotillon rappelle ainsi que “les terrains concernés étant situés dans un site classé, [la commission départementale de la nature, des paysages et des sites de Paris] donnera un avis sur chaque autorisation d’urbanisme sollicitée. De plus, la proximité des travaux projetés avec les serres classées monuments historiques nécessitera l’accord de l’architecte des Bâtiments de France. Ce n’est qu’à l’issue de ces procédures semées d’embûches que les autorisations d’urbanisme seront délivrées et pourraient faire l’objet de recours. Soyons certains qu’un soin particulier sera apporté à leur élaboration et à leur délivrance”.
L’autre enjeu juridique résulterait de la future convention d’occupation domaniale. Mais là, “une aide inattendue pourrait venir d’une décision récente du Conseil d’Etat qui a jugé que la convention d’occupation domaniale pour la concession du stade Jean-Bouin à Paris n’avait pas à être attribuée après une mise en concurrence”.
La Fédération Française de Tennis (FFT) a fait un beau choix – la qualité technique du dossier parisien étant indéniable – mais elle pourrait devoir faire face à des recours à répétition. Il ne faut pas oublier que la concession actuelle du complexe de Roland-Garros prendra fin en 2015 et que les années à venir seront décisives pour l’avenir même du “Grand Chelem” de Roland-Garros.
– Retrouvez l’intégralité de l’article de Maître Antoine Cotillon sur le site du quotidien “La Tribune” (12/02/2010)