A l’heure où la France s’étonne de sa défaite dans l’attribution des Mondiaux de Handball masculin 2015 face au Qatar, force est de constater, une fois de plus, que notre pays souffre de son manque d’infrastructures multifonctionnelles.
Certains diront que le Qatar a mis sur la table plusieurs milliards d’euros – des I-Pad pour tous les membres votants de la Fédération Internationale pour présenter le projet – et une soif de victoire immense (candidature pour les Mondiaux d’Athlétisme 2017). Je rejoins ceux qui pointent une désignation qui n’est pas sans risque. Le Qatar qui a récemment obtenu l’organisation du Mondial de Football 2022, est un petit pays qui ne possède pas toutes les infrastructures nécessaires à ce type d’évènements et où la pratique du handball n’est pas aussi développé que dans des pays comme la France, sans oublier aussi l’irréalisme de certaines propositions du dossier du Qatar (relais d’avions entre le pays organisateur et le reste du monde afin d’éviter le désastreux spectacle de salles peu remplies…).
Oui, il y a des soupçons légitimes de corruption mais il ne faut pas pour autant en oublier nos propres carences.
Nous avions certes un palmarès unique au monde (Champions d’Europe, du Monde et Olympique) mais nous n’avions pas et nous n’avons pas, de salles multifonctions, indispensable pour accueillir un évènement indoor comme les Mondiaux de Handball. Comme je le dis souvent, seuls le Palais Omnisports de Paris-Bercy et l’Arena de Montpellier peuvent aujourd’hui, organiser une telle compétition.
Il est donc impérieux d’équiper les grandes métropoles françaises d’équipements de cette envergure (plus de 10 000 places). D’une part, cette stratégie d’un meilleur maillage territorial aurait pour but une meilleure répartition des attributions d’évènements nationaux et internationaux, la plupart des compétitions se déroulant pour l’heure à Paris (Mondiaux d’Escrime, de Badminton…). D’autre part, l’équipement de salles multifonctions dans les grandes métropoles françaises permettrait de rattraper une partie de notre retard sur les autres pays d’Europe et ainsi replacer nos grandes villes au coeur d’une ambitieuse politique de développement continental bénéfique pour l’accueil d’évènements sportifs, culturels et d’affaires (Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux…).
A titre de comparaison – et c’est d’ailleurs d’actualité en vue de la finale de demain – les Championnats du Monde de Handball 2011 se déroulent en Suède, à Malmö, troisième ville du pays avec 300 000 habitants et 530 000 si nous prenons en compte l’agglomération. La ville possède depuis trois ans un salle multifonctionnelle permettant l’accueil de concerts (Lady Gaga en Novembre dernier…) et de compétitions sportives (hockey-sur-glace…). La capacité est comprise entre 13 700 (configuration sport) et 15 400 places (configuration concert).
Bien entendu, l’équipement d’infrastructures multifonctions doit se faire au regard de la viabilité économique pour telle ou telle ville.
Au niveau économique d’ailleurs, il n’est plus envisageable aujourd’hui de construire une salle de 10 à 15 000 places (voir plus) sur la garantie unique des deniers publics. Il est souhaitable et même indispensable, de faire appel autant que possible à des partenariats public-privé et à des opérations dit de “naming” consistant au baptême d’une salle ou d’un stade du nom d’un groupe privé (entreprise, assurance…). Ce Samedi, Le Mans a par exemple inauguré “MMArena”, nouveau stade de 25 à 38 000 places portant le nom d’une assurance privée. Il s’agit de la première opération de ce type dans l’Hexagone. L’Arena de Montpellier pourrait suivre cet exemple dans les prochaines années.