Dossier Thématique : La transformation urbaine de Londres à deux ans des Jeux Olympiques et Paralympiques

« Si nous avions su ce que nous savons maintenant, aurions-nous postulé pour accueillir les Jeux Olympiques ? Il est quasiment certain que non ».

En 2008, la Ministre britannique chargée des Jeux Olympiques – Mme Tessa Jowell, avait pleinement mesuré l’enjeu de l’organisation d’un évènement aussi important d’un point de vue organisationnel, économique, écologique, urbanistique et sociétale. Les Jeux Olympiques sont rarement rentables sur le court terme, mais ils apportent un indéniable développement pour la Ville-Hôte voir le pays organisateur, en cas de maitrise des coûts et d’une politique de durabilité viable.

Aujourd’hui, Londres est à deux ans de l’ouverture de ses Jeux et 70 % du chantier olympique est d’ores et déjà achevé. Plus de 10 000 ouvriers travaillent sur les différents bâtiments. Les organisateurs tablent désormais sur une ouverture des sites dès le mois de Juillet 2011 alors qu’ils prévoyaient une inauguration trois mois plus tard.

La ville accueillera pour la troisième fois les Jeux Olympiques, une situation inédite dans l’Histoire des Jeux (1908 / 1948 / 2012). Si Paris avait remporté la mise pour l’organisation des XXXe Jeux Olympiques, la « Ville Lumière » se serait trouvé dans ce même cas de figure (1900 / 1924 / 2012).

La capitale britannique promet des Jeux écologique et abordable, 75 % des billets étant réservés au grand public. Une promesse qui se veut avant tout une garantie de stades pleins pour les organisateurs. On se souvient encore de stades quasiment vides pour certaines épreuves, lors des Jeux d’Athènes en 2004. Ce fut un fiasco.

Le Parc Olympique de Londres s’étendra sur 2,5 km2 dans l’Est de la capitale britannique, dans le quartier de Stratford.

A terme, les travaux engagés feront de ce parc, le plus grand parc urbain construit au cours des cent-cinquante dernières années, en Europe. Ce parc sera composé d’infrastructures modernes pour la pratique du sport mais aussi de logements, d’un campus universitaire et de bureaux.

Une prouesse technique que seuls les Jeux Olympiques peuvent créer en à peine sept ans. Il est vrai que des Lois Olympiques sont votées pour faciliter les différentes procédures administratives (expropriations…) et ainsi garantir une livraison des infrastructures dans les temps.

Le choix du site de Stratford fut presque une formalité pour le Comité d’Organisation (LOCOG) désireux de réhabiliter une ancienne zone industrielle. Récemment d’ailleurs, la presse d’Outre-Manche a évoqué la possible présence de déchets radioactifs, héritage indésirable des activités passées. L’information n’a pas été confirmée par le LOCOG.

Le Parc Olympique de Londres sera le cœur névralgique des Jeux et générera après les compétitions sportives, un héritage majeur pour l’ensemble de la société britannique. Le développement durable, inscrit depuis 1996 dans la Charte Olympique – texte de référence du Mouvement Olympique – est l’un des leitmotive de Londres 2012.

Ainsi, les britanniques ouvriront en Juillet 2012 un Stade Olympique unique au monde. Il n’est pas d’un design éblouissant mais il se compose d’une pluralité d’éléments emboités les uns dans les autres, ce qui permettra un démontage partiel après les Jeux. Concrètement, les organisateurs ont souhaité un Stade de 80 000 places pour la durée des compétitions. Une fois les projecteurs éteints, le Stade sera dépouillé de 55 000 places, ce qui laissera un ensemble multifonctionnel (sport / spectacle) de 25 000 places au cœur du Parc. Depuis quelques jours, le club de football (Premier League) de West-Ham, se dit intéressé par le Stade Olympique qui pourrait venir remplacer le vieillissant Upton Park.

La même politique de durabilité a été pensée pour l’édification du Centre Nautique. Le bâtiment construit par l’architecte Zaha Hadid sera une passerelle vers le Parc Olympique. En effet, les spectateurs (puis les riverains) devront traverser son toit pour accéder à l’ensemble des infrastructures. Au centre du complexe nautique, plusieurs bassins pour les épreuves de natation, natation synchronisée et plongeon, mais aussi deux ailes temporaires qui accueilleront les 17 500 spectateurs. Après les Jeux, le Centre Nautique sera mis à disposition des scolaires locaux et des sportifs amateurs et professionnels. Il pourra accueillir entre 2 500 et 3 500 personnes en fonction de l’évènement.

Une politique durable qui vise sans nul doute à éviter la présence des fameux « éléphants blancs », ces structures de béton qui, une fois l’évènement olympique passé, ne servent plus. L’exemple athénien est frappant. Six ans après les Jeux, les Grecs doivent débourser entre 50 et 100 millions d’euros par an pour maintenir les infrastructures olympiques en bon état et y assurer la sécurité. 30 % des enceintes ont vécu une reconversion réussie depuis 2004. La Grèce, avec l’aide de l’Union Européenne, avait déboursé 9,5 milliards d’euros pour retrouver les Jeux qu’elle avait organisé pour la dernière fois, en 1896. Mais tout n’est pas synonyme d’échec pour Athènes. La ville, handicapée par une situation géographique complexe (entourée de collines…), a su rénover son cœur historique (instauration de circuits pédestres autour des sites antiques de l’Acropole) tout en assurant son développement urbain. De nouvelles lignes de métro ont été ouvertes (1,6 milliard), un tramway a été inauguré – il avait disparu de la cité grecque au début du XXe siècle – pour un coût de 350 millions d’euros, un Réseau de Transport Suburbain – équivalent du RER parisien – fut ouvert (640 millions d’euros) et enfin, un périphérique autoroutier – l’Attiki Odos – de 60 kilomètres fut construit (950 millions). Au titre des réalisations de transports, il faut également noter la construction, indirecte aux Jeux certes, du Pont Rion-Antirion reliant Athènes au Péloponnèse (800 millions). Globalement, l’Union Européenne participa pour moitié à la réalisation de ces infrastructures dont la ville et le pays avaient grandement besoin. Le projet du nouveau Musée d’Athènes fut aussi relancé au début des années 2000 conséquence, sans doute, du coup d’accélérateur des Jeux Olympiques. Ce musée a été inauguré en Juin 2009.

Pour Londres, les enjeux ne sont pas les mêmes, bien que la réorganisation et la modernisation du réseau de transports permettront sans doute une plus grande fluidité.

Londres mise surtout sur le développement de sa partie Est, zone abandonnée depuis la crise industrielle des années 1980.

La construction du Village Olympique, dont les premières images permettent d’imaginer l’ampleur du projet, contribuera à l’aménagement d’un nouveau quartier résidentiel.

Durant les Jeux, le Village – investissement le plus important pour la Ville Organisatrice – accueillera 17 000 athlètes et environ 5 000 accompagnateurs (préparateurs physiques…). Un vrai « Village » dans la ville.

Après les Jeux, la capitale britannique mettra à disposition quelques 2 800 logements à tarifs variables.

Concernant le Centre de Presse Principal, il accueillera 20 000 journalistes venus du monde entier (29 000 m2). Le Centre International de Radiotélévision (CIRTV), achevé dès la fin de l’année 2009, laissera 12 000 m2 de bureaux aux Londoniens après les festivités olympiques. Au total, ce sont 80 000 m2 de bureaux qui seront aménagés après les Jeux.

Parallèlement à cela, un campus universitaire de 1 800 places sera construit dans le Parc Olympique, ce qui garantira une mixité sociale et intergénérationnelle.

D’un point de vue environnemental, les infrastructures (sport / hébergement) répondront aux normes internationales en vigueur. Dans le Parc Olympique, 2 000 arbres seront plantés d’ici à Juillet 2012 ainsi que 300 000 plantes de zones humides, le Parc étant jalonné de cours d’eau.

Avec la crise économique, le budget de Londres a été fortement revu à la hausse.

Initialement présenté à 4,3 milliards d’euros, il a grimpé à 11,6 milliards, avant finalement de redescendre à 10 milliards d’euros, après la mise en place d’une série d’économies. Cette hausse soudaine et quasiment inévitable par les temps présents, présente une conséquence non-négligeable. En effet, si les Jeux s’avèrent être déficitaires, la ville de Londres et ses partenaires pourraient se retrouver dans une situation délicate.

Si des économies ont été réalisées sur l’organisation pure des Jeux, il n’est pas souhaitable que des mesures de rigueur soient imposées au développement futur de cette « ville nouvelle ».

Le 28 Août 2008, l’hebdomadaire « The Economist », traduit par « Courrier International », soulignait que « la majeure partie des travaux les plus importants se déroulera après la remise des dernières médailles. Le budget prévoit 350 millions de livres [438 millions d’euros] pour l’adaptation du parc olympique à un usage quotidien, et le maire a promis 10 millions de livres [12,5 millions d’euros] par an pour son entretien. La question est de savoir si, une fois les projecteurs éteints, les autorités resteront aussi généreuses qu’elles semblent l’être pour préparer l’événement ».

Illustrations :

– ODA – Londres 2012 / Site internet officiel de Londres 2012

Laisser un commentaire