Vendredi 28 Mai 2010, l’UEFA, l’instance du football européen, annoncera qui de la France, de la Turquie ou de l’Italie, aura la charge d’organiser l’EURO 2016.
Comme pour l’Euro 2012, la Turquie et l’Italie présentent une candidature. L’Italie, favorite, avait finalement dû s’incliner devant le tandem Pologne-Ukraine.
Aujourd’hui, deux pays se détachent de la course et sont en position de favoris : la France et la Turquie, tout deux bien notés par le Rapport de la Commission d’Evaluation de l’UEFA.
L’EURO 2016 est un enjeu majeur, pour l’avenir sportif mais aussi économique et diplomatique de ces deux pays.
La France, organisatrice des Jeux Olympiques d’Hiver 1992, de la Coupe du Monde de Football 1998, des Mondiaux d’Athlétisme 2003, de la Coupe du Monde de Rugby 2007, des Mondiaux de Ski 2009… a l’expérience des grandes manifestations sportives, grandes manifestations qui représentent des enjeux multiformes.
D’un point de vue économique, l’EURO 2006 coûterait 1,7 milliard d’euros à la France, dans un vaste programme de rénovation et de construction de Stades afin de répondre aux nouvelles normes internationales (sécurité, accueil du public…). Ce programme de modernisation d’infrastructures vieilles de 60 ans en moyenne, pourrait générer la création de 15 000 emplois et 4 500 emplois pérennes. De plus, la capacité même des Stades, serait revue à la hausse, passant de 27 000 à 35 000.
Le Rapport Séguin évoquait il y a quelques mois, l’insuffisance de structures de plus de 50 000 places et paradoxalement, un trop plein de structures de moins de 20 000 places. Ainsi, la France ne possède que deux stades pouvant accueillir plus de 50 000 spectateurs ; le Stade de France et le Vélodrome de Marseille. L’Allemagne est championne d’Europe en la matière, puisqu’elle possède sept stades d’une telle capacité. Suivent l’Espagne (6), l’Italie et le Royaume-Uni (3 chacun). Au niveau des stades de 20 000 places, la France est cette-fois ci en tête, avec six enceintes, devant l’Italie (3), l’Espagne (1). De leurs côtés, le Royaume-Uni et l’Allemagne ne possèdent aucun stade de 20 000 places.
Cette insuffisance française est un problème sportif (engouement populaire, matchs majeurs…) mais aussi économique. A titre d’exemple, l’Allemagne réalise plus de 3,6 millions d’entrées supplémentaires, en nombre de spectateurs, que la France, avec pourtant un nombre moins important de clubs évoluant dans « l’élite » (18 contre 20) !
La modernisation des stades français, qui doit se faire avec ou sans « Euro », est aussi un enjeu social : celui de « démocratiser » la pratique sportive et l’accès à tous les sports. Un programme de promotion des sports pourrait ainsi voir le jour et permettrait de faire découvrir aux plus jeunes, les différentes facettes du sport en général. Ce programme pourrait par exemple, être mis en place autour des prochains évènements sportifs organisés en France : Mondial de Badminton, Mondial d’Escrime (2010), Mondial de Judo (2011), Mondial de Tennis de Table (2013)… mais aussi s’appuyer sur la Candidature d’Annecy à l’organisation des Jeux Olympiques d’Hiver 2018.
Quoi de plus beau, que d’ouvrir une « décennie sportive », surtout lorsque l’on sait que le sport est un indéniable et formidable vecteur de lien social, de métissage des hommes et des cultures car, il ne faut pas l’oublier, dans le sport, la règle est la même pour tous !
Les images des compétitions sportives restent à jamais gravées dans les mémoires. Lorsque la France a remporté le Mondial 98, plusieurs millions de personnes sont descendues dans les rues du pays pour célébrer les « Bleus ». Elle est là aussi, cette fameuse « identité nationale », que certains recherchent ici ou là, ce patriotisme, cette ferveur populaire autour de quelques joueurs.
Et puis, comment évoquer une compétition sportive sans évoquer son impact sur… le sport lui-même.
L’organisation d’une compétition génère deux constats : une hausse des inscriptions et abonnements en clubs ainsi que des résultats honorables. 1984, Euro de football en France… gagné par la France ; 1998, Coupe du Monde de Football en France… victoire des « Bleus » ; 2007, Coupe du Monde de Rugby… l’équipe de France est finaliste…
Si la France obtient l’organisation de l’EURO 2016, il serait primordial d’engager un chantier, un véritable programme urbanistique de grande ampleur, pour, au-delà des stades, construire et moderniser les « grandes salles ». Car là aussi, la France est en retard.
Le Rapport Costantini, remis à Rama Yade, Secrétaire d’Etat aux Sports, en mars dernier, pointait du doigt la carence de salles de type « Arena », sur le territoire national. Ainsi, sur les 90 grandes salles de plus de 10 000 places, en Europe, la France n’en possède qu’une seule : le Palais Omnisports de Paris-Bercy (POPB), construit en 1984… alors que l’Allemagne en possède 18, l’Espagne 12 et l’Italie 6.
Pire encore, concernant les salles multifonctionnelles de plus de 15 000 places, la France n’en possède… aucune ! Ce constat place la France au niveau de pays d’Europe de l’Est, qui depuis quelques années, refont leur retard et construisent, à l’occasion de compétitions continentales et internationales, des infrastructures multifonctionnelles modernes.
Ce déficit de salles multifonctionnelles est un handicap pour les prochaines candidatures françaises pour l’organisation de compétitions « indoor ». Que ce soit pour les Mondiaux de Judo (2011) ou les Mondiaux de Tennis de Table (2013), la salle-hôte, sera le POPB.
La construction d’Arenas, permettrait sans aucun doute, de « décentraliser » les compétitions sportives mais aussi les spectacles d’artistes internationaux, car il n’y a pas que le sport qui souffre de ce déficit, il y a aussi l’industrie du spectacle. Comment expliquer que des artistes tels U2, Madonna, Céline Dion, Rolling Stones… ne se produisent « qu’à » Paris et en l’occurrence, au POPB ou au Stade de France ?
On sait aujourd’hui que l’industrie du disque est en crise, mais on remarque aussi, une hausse des réservations de concerts. Les tournées n’ont jamais été aussi lucratives qu’aujourd’hui et c’est pour cela que les artistes internationaux privilégient les grandes salles plutôt que les Zénith, qui sont devenus au fil des ans, obsolètes face à la demande.
Un Zénith a une capacité moyenne de 5 000 places, là où une Arena a une capacité comprise entre 10 000 et 15 000 places voir parfois même, 20 000 (exemple de l’O2 Arena de Londres).
Le modèle Arena qui tend à devenir la norme au niveau européen, n’est pas basé uniquement sur une salle stricto-sensu, mais sur un complexe pouvant contenir des commerces, des services, des logements, des bureaux…
Aujourd’hui, deux projets d’Arenas sont en cours en France : Montpellier et Bordeaux.
L’Arena de Montpellier ouvrira ses portes en septembre et deviendra dès lors, la deuxième plus grande salle multifonctionnelle de France avec une capacité comprise entre 9 000 et 14 000 places ! Outre les spectacles artistiques, l’Arena montpelliéraine accueillera des compétitions sportives ainsi que des conférences. En octobre 2010, l’Open « Sud de France » de Tennis, comptant pour le classement ATP, se jouera dans l’Arena de Montpellier alors qu’il se jouait depuis 23 ans… à Lyon. La demande et le besoin de modernité, auront eut raison de la cité du Rhône.
L’Arena de Bordeaux (ci-dessus) quant à elle, doit ouvrir ses portes fin 2012.
Tout autour de ce complexe multifonctionnel de 3 à 15 000 places, sera construit un « village » comprenant des commerces (80 boutiques annoncées) et des services sur une superficie globale de plus de 30 000 m2.
« Grand Arena » pourrait accueillir plus d’un demi-million de spectateurs par an.
Selon le Rapport de la Commission Costantini, il y aurait pour l’heure, neuf projets de grandes salles plus ou moins définies, dont Montpellier et Bordeaux. Ce Rapport de grande qualité, préconise la construction de cinq salles de 10 000 places, une salle de 15 000 places et une salle de 20 000 places. Au-delà des grandes salles, le Rapport préconise la construction d’un « parc de salles de jauge moyenne, de 5 000 à 8 000 places » afin renforcer « la compétitivité de nos clubs » sportifs.
Pour la Commission Constantini, la date « limite » pour l’édification de grandes enceintes multifonctionnelles, serait 2015. La France souhaite organiser, cette année là, le Mondial de Handball et les Championnats d’Europe de Volley-ball et Basket-ball. Trois organisations perdues pour 2010 et 2011 face à des pays d’Europe de l’Est, comme la République Tchèque.
Récemment, l’Article 28 de la Loi sur « le développement et la modernisation des services touristiques », a reconnu « d’intérêt général », les grandes enceintes sportives « destinées à permettre l’organisation en France d’une compétition sportive internationale ou à recevoir, à titre habituel, des manifestations sportives ». Un signe pour une politique volontariste ?
Pour conclure, j’ai jugé bon de relever une phrase du Rapport Costantini, qui reflète selon moi, les différents enjeux de l’organisation de compétitions et de spectacles dans des salles multifonctionnelles modernes :
« Le retard français en matière de grandes salles entraîne un impact négatif pour l’industrie du tourisme, un manque à gagner pour l’économie du spectacle, une carence pour le rayonnement du sport français et un handicap pour l’attractivité du pays et sa stratégie d’influence ».
Bonjour, pour rectification la France en 2007 n’est pas finaliste mais demi-finaliste lors de la Coupe du Monde de Rugby.