Ambitieuse, la Turquie fut candidate à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été 2000, 2004, 2008, 2012 et 2020, à chaque fois sans succès.
Mais malgré ces cinq revers de rang, le pays semble décidé à se porter à nouveau candidat pour l’échéance olympique de 2024 et ce, avec la ville d’Istanbul.
Comme l’a récemment précisé Ugur Erdener, Président du Comité Olympique Turc, “notre gouvernement et les citoyens sont prêts.
Istanbul avait le plus fort soutien public pour les JO 2020 et la nation turque soutient fermement les idéaux olympiques”.
L’idée d’une candidature d’Istanbul devra toutefois recueillir l’aval du nouveau Président, jusqu’alors Premier Ministre, Recep Tayyip Erdogan. Sauf surprise, ce soutien ne sera pas difficile à acquérir, compte tenu de l’implication du principal responsable politique du pays dans la précédente offre olympique.
Néanmoins, sa gestion des manifestations sociales qui ont secoué les principales villes de Turquie en 2013 fut particulièrement critiquée et avait contribué à affaiblir de manière durable la candidature aux Jeux d’été de 2020.
Ugur Erdener, a en tout cas indiqué que des discussions étaient en cours avec les autorités sportives et politiques de Turquie et qu’une décision serait prise d’ici la fin de l’année 2014.
“Nous allons nous asseoir autour d’une table avec les autorités gouvernementales et le Président et nous prendrons une décision, probablement en novembre ou décembre”.
Ce calendrier permettra au Comité Turc d’analyser les fondements de la réforme olympique à venir – Agenda 2020 – et donc de se positionner en conséquence sur le court ou moyen terme.
Istanbul dispose déjà de l’expérience des candidatures et possède de fait une excellente connaissance des rouages olympiques.
Dans sa quête des Jeux 2020, la ville et les autorités avaient apporté la garantie de mobiliser quelques 19,2 milliards de dollars (14,38 milliards d’euros) afin d’aménager sites sportifs et infrastructures d’hébergements et de transports et le Comité de Candidature avait même promis la livraison des Jeux “sans retard et sans bureaucratie”.
Deux mois après la défaite olympique face à Tokyo (Japon), le Comité de Candidature avait réagit par la voix de son Président, Hasan Arat, en estimant que “notre prochaine offre sera encore plus grande que la précédente.
Istanbul 2020 avait une histoire inspirante. Nous avons proposé que les Jeux viennent à la rencontre d’une nouvelle culture, dans une région et un pays qui n’a encore jamais accueilli cet événement”.
Nul doute donc qu’une nouvelle candidature se baserait sur les fondamentaux portés par Istanbul 2020, à savoir l’implication du Stade Atatürk et la mise en place de pôles olympiques autour de la cité stambouliote.
Les contours du projet seront cependant précisés après l’examen de la réforme olympique et l’accord des pouvoirs publics.
Quoiqu’il en soit, une prochaine candidature aux Jeux anéantirait toute possibilité de soumettre un projet pour l’organisation de l’Euro de football, l’autre rêve sportif de la Turquie. A l’instar de l’Allemagne, le pays devrait en effet choisir la priorité compte tenu de la règle du Charte olympique relative à l’organisation simultanée d’autres événements majeurs.
Euro ou JO, telle est la question…
Sincèrement, je ne suis pas sûr qu’Istanbul puisse encore réussir cette exploit d’obtenir les JO, pour la simple et bonne raison que c’est à des années lumières des intentions du CIO de diminuer les coûts. 15 milliards d’Euros étaient nécessaires pour la dernière candidature… Ce n’est pas rien ! C’est autant que Rio, déjà lourdement critiquée après la Coupe du Monde 2014…
Les USA tenteront probablement une candidature la moins onéreuse possible (même si le montant se révèle assez important, ce ne sera pas du niveau d’Istanbul). L’Allemagne se voudra responsable et proposera des JO à moindre coût. Il en sera certainement de même si l’Italie ou la France tentent l’aventure. Quant à Baku, potentielle candidate, elle disposera déjà d’un grand nombre d’infrastructure moderne et en excellent état, les coûts en serait logiquement bien diminués également…
Comment Istanbul peut lutter face à ces multiples candidates plus responsables, mais pour autant tout aussi ambitieuses ?
L’Euro semble alors plus abordable dans ces conditions. Pour des raisons d’infrastructures, mais aussi par stratégie. L’Allemagne doit s’alligner sur les JO ou l’Euro, et hésite… Elle serait largement capable de faire un combo, mais les décideurs ne seront peut-être pas du même avis… La course pour les JO étant bien embrayée, difficile de renoncer quand une si belle machine est lancée.
La Turquie aurait donc plutôt intérêt à faire la course à l’Euro dans un premier temps, histoire de se laisser du temps…
La Turquie se trouve en effet face à un dilemme : candidater pour les JO ou pour l’Euro de football. Mais à l’instar de son choix pour 2020, elle pourrait privilégier les Jeux.
Concernant les coûts, le projet 2020 était le plus coûteux des trois Villes Candidates mais nul doute qu’une partie des investissements nécessaires a déjà été entreprise ou sera réalisée dans les prochaines années, ce qui réduira d’autant la facture potentielle pour 2024 !