Les ambitions de Barcelone 2022 peuvent-elles court-circuiter les chances de Madrid 2020 dans la dernière ligne droite ?

Cela fait maintenant plusieurs jours, que quelques médias évoquent l’éventuelle candidature de Barcelone pour les Jeux Olympiques d’hiver 2022.

Depuis plus de deux ans, « Sport & Société » est régulièrement revenu sur l’état d’avancement de cette candidature hivernale de la cité catalane. Aujourd’hui, à moins de 40 jours de l’élection de la Ville Hôte des Jeux d’été 2020, une question peut toutefois être posée : les ambitions barcelonaises ne sont-elles pas de nature à court-circuiter les chances de Madrid pour l’obtention des JO 2020 ?

Madrid 2020 - logo

La capitale espagnole est en effet l’une des trois Villes Candidates – avec Tokyo (Japon) et Istanbul (Turquie) – et sera fixée sur son sort, le 07 septembre prochain lors de la Session du Comité International Olympique réunie à Buenos Aires (Argentine).

Le Comité Olympique Espagnol n’a pour l’heure, aucun intérêt à soutenir une possible candidature de Barcelone aux Jeux d’hiver et ce, afin de ne pas brouiller le message porté par Madrid 2020.

De fait, les autorités espagnoles – politiques et sportives – ne sont concentrées que sur une seule candidature olympique, à savoir celle de Madrid 2020.

Après les échecs successifs de 2012 et 2016, la capitale espagnole veut mettre toutes les chances de son côté, avec un dossier technique de qualité, des sites exceptionnels et ce, malgré la crise économique. Aussi, la concurrence est déjà d’un niveau important à l’extérieur des frontières du pays, pour ne pas créer les conditions d’un troisième échec, venant de l’intérieur.

Par conséquent, pour Barcelone, il apparaît que le dossier souhaité par Jordi Hereu, ancien Maire et désormais porté par Xavier Trias, actuel premier magistrat de la cité, est avant tout une proposition « locale » avant d’être une ambition nationale.

Barcelona Pirineu 2022

Seule l’issue du scrutin du 07 septembre sera de nature à faire avancer – ou au contraire, à stopper net – la volonté barcelonaise de devenir la première ville olympique à accueillir les Jeux d’été (1992) et les Jeux d’hiver.

Évidemment, si Madrid échoue dans sa quête de décrocher les JO 2020, le COE aura toute la liberté qu’il souhaite pour soutenir la candidature de Barcelone 2022, à condition bien sûr qu’il estime les chances de victoire finale sérieuse, face à des dossiers tels que Munich (Allemagne), Oslo (Norvège), Cracovie (Pologne) ou encore Stockholm (Suède).

7 pensées

  1. Dans l’immédiat, je ne pense pas que cela ait une influence. Madrid est beaucoup plus proche de l’obtention que Barcelone, qui n’a pas encore pu présenter officiellement sa candidature et qui devra attendre les résultats de septembre… On pourrait aussi inverser la situation, et penser que la candidature de Barcelone est risquée vu qu’il y a Madrid dans une course parallèle…

    En revanche, si Madrid « échoue » et qu’une autre rivale l’emporte pour 2020, Barcelone aurait ses chances pour 2022… Imaginons alors que Madrid RE-candidate (once again !) pour 2024… Là aussi il y aura un danger, pour l’une comme pour l’autre.

    Cela dit, ce n’est pas dit que les deux candidatures se gênent tellement… Les USA veulent les Jeux de 2024, un tas de villes sont candidates, et pourtant Anchorage en Alaska parle de 2026 (même si c’est dans 13 ans !)… La preuve que cela n’a pas forcement d’impact direct…

    1. Tout à fait, d’où la nécessité aussi pour le Comité Olympique Espagnol de ne pas se positionner sur Barcelone pour l’instant, comme d’ailleurs l’USOC pour Anchorage.

      Et un parallèle intéressant peut aussi être fait sur 1992 : la France avait présenté une candidature pour les JO d’hiver (Albertville) et une pour les JO d’été (Paris) en sachant très bien que pour ces derniers, elle ne rivaliserait pas avec la grandissime favorite que fut Barcelone.

      Un coup de poker en somme : se positionner sur deux échéances, faire monter les enchères et attendre le verdict. Pas sûr néanmoins que cette tactique soit encore faisable aujourd’hui (contexte économique pour porter deux candidatures à la fois…).

      1. Je pensais justement l’exemple de 1992… À l’époque, 2 candidatures pouvaient véritablement se porter préjudices l’une et l’autre du fait que les jeux tombaient la même année… Désormais, le décalage permet d’avoir davantage de recul. Et de mieux être prêt financièrement aussi ! Et si l’une des candidatures ne marchent pas, l’autre prend le relais.

        Malgré tout, c’est intelligent pour le pays de faire cela : ça montre alors à la population le virage olympique que prend le pays, cela permet de fédérer la nation, de rassembler les institutionnels, d’attirer des annonceurs, et cela prouve également aux CIO l’envie du pays d’obtenir des Jeux, ce qui pourra jouer en leur faveur, tôt ou tard…

      2. Exactement. Mais la France ne semble pas être dans cette optique. Après la débâcle d’Annecy – malgré un très bon dossier technique – le CNOSF a clairement écarté une candidature pour les Jeux d’hiver (Nice 2022 ?) au motif que le pays aurait plus de chances pour 2024 et les JO d’été.

        Néanmoins, si candidature estivale il y a, il faudra qu’elle soit maitrisée de bout en bout et qu’elle ne repose surtout pas, sur le seul argument « historique » et nostalgique du Centenaire des JO de Paris 1924.

        Le CIO n’est plus réceptif à cela et souhaite une vision (Londres / jeunesse, Brésil / nouvelle expérience…).
        D’ailleurs, ce type d’argument a été considérablement atténué par Tokyo pour 2020. La ville a longtemps eu un message « flou » quant à ses motivations, à l’inverse de Madrid (amour du sport, sites compacts, relance économique) et Istanbul (nouveau monde, Jeux entre deux continents et deux cultures).

      3. Exactement ! Paris 2024 n’aura de chances qui si on montre l’évolution de Paris. Se baser sur le centenaire, why not, mais il faut montrer que justement Paris a grandi depuis ces Jeux, qu’elle s’est transformée, et que ces Jeux accéléreront encore davantage le processus. D’ailleurs, l’un des fondements des Jeux est de provoquer un changement ! Ce qui a fait le succès de Pékin, Londres et Rio.

        Je trouve aussi que Tokyo, en dépit de la qualité monumentale indéniable du projet, apportera moins de révolution pour le pays qu’en Espagne ou en Turquie. Le Japon est déjà super-développé et a déjà une image dynamique… Les Jeux feront, à mon sens, peu évoluer le train de vie de la population, même si cela permettra de ré-inspirer une génération (cela sonne un peu en écho au slogan « Inspirate a generation » de Londres 2012 d’ailleurs…)

        En croisant les doigts pour qu’à l’avenir Paris comprenne que ce n’est pas sur son passé qu’il faut s’appuyer mais bien sur l’avenir ! Une fois choisie, rien n’empêche d’en parler et de le montrer, notamment aux cérémonies et autres… Mais auparavant, il faut déjà plaire…

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