JO 2026 : Revigorée, la candidature italienne marque des points

Avec le retrait prévu de la candidature de Calgary (Canada), suite aux résultats de la consultation populaire organisée ce mardi 13 novembre, la course aux Jeux d’hiver de 2026 se concentre désormais sur un duel entre Milan / Cortina d’Ampezzo (Italie) et Stockholm (Suède).

Sauf revirement ultérieur, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver feront donc leur retour sur le continent européen pour la première fois depuis 2006 et les Jeux de Turin (Italie), bien que certains puissent considérer les Jeux de Sotchi (Russie) comme ayant eu lieu sur le « Vieux Continent » en 2014.

Giovanni Malago, Président du CONI (Crédits – CONI / ANSA / Luigi Mistrulli)

Dans cette course à deux Villes Candidates, des faiblesses importantes ont pu être décelées de part et d’autre, en particulier en ce qui concerne l’aspect financier et les garanties gouvernementales.

Dans un cas comme dans l’autre, les autorités nationales ont exprimé sinon un silence, tout du moins une relative distance avec les ambitions affichées par les Comités Nationaux Olympiques.

Aujourd’hui cependant, la candidature de Milan / Cortina semble être en position de force face à sa rivale Stockholm.

Cette dernière n’a toujours pas obtenu le soutien institutionnel pourtant crucial de la part des pouvoirs publics locaux et nationaux, ce qui laisse à penser que la capitale suédoise n’ira pas jusqu’au terme du processus de candidature. A l’inverse, la candidature italienne a recueilli cette semaine l’appui du Gouvernement par la voix de son Vice-Premier Ministre, par ailleurs Ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini.

Dans une interview accordée à Leggo.it, l’homme fort du Gouvernement italien a ainsi précisé la nature du soutien apporté à l’attelage Milan / Cortina :

J’ai vu le projet. C’est celui qui possède le plus faible impact économique de l’histoire, en particulier grâce au fait qu’une grande partie des infrastructures existe déjà.

Je pense que le projet d’accueillir les Jeux dans les Alpes italiennes, en utilisant des contributions privées, est captivant.

Si les fonds privés ne suffisent pas, nous ferons le dernier effort.

Par cette déclaration, Matteo Salvini confirme le soutien gouvernemental.

Jusqu’alors simple appui institutionnel, ce soutien revêt désormais une dimension financière déterminante et ce, même si la contribution publique ne sera accordée qu’en dernier recours, au cas où les financements privés viendraient à manquer ou ne suffiraient pas à boucler le budget d’organisation des Jeux.

Ce positionnement diffère des derniers mois, au cours desquels le Sous-Secrétaire d’État à la Présidence du Conseil des Ministres, chargé des Sports avait clairement affiché son scepticisme quant à la viabilité du projet olympique et paralympique italien.

La subtile diplomatie très tôt mise en œuvre par le Comité Olympique Italien (CONI) – à l’initiative de son Président et futur membre du CIO, Giovanni Malago – semble avoir eu un effet positif sur les autorités nationales. Après les premières critiques formulées à l’égard du concept d’une candidature tripartie, le CONI avait profité du désistement de Turin pour revoir ses plans autour des deux villes aujourd’hui en lice, à savoir Milan et Cortina d’Ampezzo.

La récente venue à Rome du Président du CIO a sans doute aussi permis de débloquer une situation complexe. La semaine dernière, Thomas Bach s’était ainsi entretenu avec le Sous-Secrétaire d’État, Giancarlo Giorgetti, avant de retrouver le Président de la République Italienne, Sergio Mattarella.

Giancarlo Giorgetti, Sous-Secrétaire d’État italien en charge du sport, et Thomas Bach, Président du CIO, le 07 novembre 2018 (Crédits – Ferdinando Mezzelani / GMT / CONI)

A présent, la candidature italienne va pouvoir poursuivre plus sereinement les discussions avec le CIO, tout en procédant à des ajustements sur son concept et le financement de ce dernier.

A ce stade, le plan directeur des sites prévoit la mobilisation de 12 installations pour les compétitions. Parmi ces équipements, un seul devrait spécifiquement être aménagé pour les Jeux, tandis que 92% des sites sont existants ou prévus pour être installés temporairement.

Plan directeur des sites de la candidature de Milan / Cortina 2026 (Crédits – Rapport du Groupe de travail du CIO sur les Villes Candidates aux JO 2026)

Dans le détail, le cluster de Milan abriterait la majeure partie des épreuves de glace.

Ainsi, le hockey-sur-glace se déroulerait dans l’enceinte du PalaLido (5 600 places) et au cœur d’un nouveau complexe sportif de 15 000 places. Le patinage de vitesse sur piste courte – ou short-track – serait pour sa part organisé dans la même enceinte que les épreuves de patinage artistique, à savoir le Mediolanum Forum (12 300 places).

Le curling prendrait place à Cortina d’Ampezzo, au sein de la patinoire olympique du Stadio Olimpico del Ghiaccio (2 900 places, dont 500 places temporaires), hôte des Jeux en 1956. Le bobsleigh, la luge et le skeleton seraient quant à eux organisés sur la piste Eugenio Monti de Cortina. Des travaux de rénovation seraient néanmoins nécessaires afin de moderniser le site et d’en permettre la configuration pour les Jeux, avec en particulier l’installation de 9 000 places, dont 1 000 places assises. A l’instar de la piste de Cortina, la patinoire de Baselga di Piné (5 000 places) nécessiterait également des travaux de modernisation pour assurer la tenue des épreuves de patinage de vitesse, avec en particulier la construction d’un toit au-dessus de l’anneau extérieur existant.

Pour les épreuves de neige, plusieurs sites ont été proposés à l’heure actuelle.

Situés entre Milan et Cortina, ces sites permettraient de créer un lien entre les deux villes porteuses de la candidature italienne, tout en profitant d’équipements déjà installés.

De fait, le ski de fond serait organisé à Val di Fiemme au cœur d’un site existant qui, le temps des Jeux, pourra recevoir jusqu’à 20 000 spectateurs. Cette capacité d’accueil serait au-dessus de celle proposée pour le ski alpin et les épreuves reines des Jeux. Deux options sont aujourd’hui étudiées par les autorités olympiques italiennes – l’une à Cortina et l’autre à Bormio – avec dans les deux cas, une capacité maximale de 15 000 places dans des sites, là-aussi existants.

Également implantées dans des sites établis depuis longtemps, les épreuves de saut à ski et de combiné nordique auraient droit de citer sur les tremplins Giuseppe Dal Ben de Val di Fiemme. En configuration Jeux, le stade pourrait accueillir jusqu’à 13 000 spectateurs, soit une capacité légèrement supérieur par rapport au site proposé pour le ski acrobatique et le snowboard. Souhaités sur un site temporaire à Livigno, ces épreuves pourraient ainsi être suivies par 12 000 spectateurs.

Concernant enfin le biathlon, le choix du site-hôte n’a pas encore été défini, les porteurs de la candidature ayant néanmoins des idées autour de plusieurs installations existantes.

Outre les équipements sportifs, Milan / Cortina 2026 envisage aussi l’aménagement de quatre Villages pour accueillir les athlètes et limiter en conséquence les temps de transport.

A Milan, 1 300 lits seraient ainsi mis à disposition des athlètes dans le cadre d’une nouvelle construction qui deviendrait, après les Jeux, une résidence étudiante. A Livigno, le même nombre de lits serait installés, avec l’idée de conserver 200 places permanentes à l’issue des compétitions. Pour Cortina d’Ampezzo, des aménagements temporaires assureraient l’hébergement de 1 200 personnes, tandis que pour Val di Fiemme, des hôtes existants seraient sollicités pour accueillir jusqu’à 1 100 athlètes et accompagnateurs.

Les Cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux se dérouleraient en toute logique au cœur du mythique Stade San Siro de Milan avec ses plus de 80 000 places. Le CONI envisage toutefois la possibilité de mobiliser l’Arena di Verona – amphithéâtre antique de Vérone – pour les Cérémonies de clôture.

Parvis enneigé de la Cathédrale de Milan (Crédits – Comune di Milano / Page officielle Facebook)

Au-delà des considérations techniques et de l’expertise italienne dans l’accueil de grands événements – 153 événements majeurs au cours des dix dernières années – la candidature de Milan / Cortina peut compter sur un solide soutien populaire à en croire un sondage Publicis Media réalisé en avril 2018.

A cette époque, 81% des Italiens se disaient favorables à une candidature pour les Jeux d’hiver de 2026, un chiffre somme toute similaire avec ceux constatés à Milan (83%) et dans la Région de Vénétie (82%). L’appui populaire serait en revanche moindre dans la Région de Lombardie, avec, tout de même, un taux d’adhésion de 71%.

A titre de comparaison, la candidature de Stockholm ne parvient pas à franchir le seuil de 50% de soutien populaire auprès de la population des territoires concernés (Ville et Comté de Stockholm et Suède dans son ensemble).

Cette donnée, d’ores et déjà considérée comme une faiblesse importante de la candidature suédoise, n’est in fine que l’illustration du retard que doit surmonter Stockholm au cours des semaines et mois qui viennent.

A moins que les autorités locales et nationales n’interviennent avant, en rendant caduque tout espoir de prétendre à l’organisation des Jeux.

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