JO 2030-2034 : Le projet de Salt Lake City finalisé d’ici la fin du mois de mai

A la fin du mois de mai 2023, Salt Lake City et l’Utah (États-Unis) auront finalisé leur projet pour un retour des Jeux d’hiver à horizon 2030 ou 2034. Bénéficiant d’un soutien populaire au zénith et d’un appui massif de la part des autorités sportives et politiques, la candidature américaine est plus que jamais en position de force.

Vue du parvis de l’Utah Olympic Oval (Crédits – Utah Sports Commission)

Depuis plus de dix ans, Salt Lake City rêve des Jeux.

Cette ambition – régulièrement exposée sur le devant de la scène – s’est renforcée ces dernières années entre la sélection de la candidature par le Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC) dès 2018, et l’affirmation d’un projet responsable reposant sur les infrastructures héritées de l’édition 2002.

La faiblesse relative de la concurrence internationale a également contribué à faire de la candidature américaine une proposition désormais incontournable pour le Comité International Olympique (CIO) qui, après les nécessaires discussions, devra s’engager sur une échéance.

Car à l’inverse d’autres prétendantes à travers le monde, Salt Lake City s’est peu à peu imposée comme une offre gagnante pour l’institution de Lausanne (Suisse) en quête d’un nouvel élan pour les Jeux d’hiver, d’autant plus après une campagne 2018 marquée par le maintien de trois candidatures – PyeongChang (Corée du Sud), Munich (Allemagne), Annecy (France) – et une campagne 2022 opposant dans la dernière ligne droite deux adversaires, à savoir Almaty (Kazakhstan) et Pékin (Chine). Par la suite, la mise en pause de la candidature de Vancouver (Canada), puis celle de Sapporo (Japon) et l’abandon du projet espagnol ont confirmé cette impression générale et ce besoin de retrouver confiance.

Aussi, le dialogue très tôt mené entre l’USOPC et le CIO a permis de déterminer qu’un retour des Jeux d’hiver aux États-Unis pouvait en fin de compte être une formalité.

Vue de la vasque rénovée des Jeux d’hiver de Salt Lake City 2002 (Crédits – Rice-Eccles Stadium)

Il faut dire que Salt Lake City est désireuse de renouer avec l’esprit des Jeux et la dynamique que l’événement a pu apporter au territoire il y a aujourd’hui plus de vingt ans.

A l’époque, il est vrai que le scandale autour des conditions d’attribution des JO 2002 avait pu entacher la réputation de la cité de l’Utah, tout comme l’image de marque du CIO qui avait alors mis en place la Commission CIO 2000 pour revoir du sol au plafond les modalités de candidature après la tempête.

Néanmoins, la venue des Jeux a été un indéniable succès sur le plan des retombées économiques et de l’héritage sportif, effaçant en grande partie les déboires passés et plaçant l’Utah parmi les destinations majeures des sports d’hiver en Amérique du Nord. Plus encore, le territoire est devenu au fil des ans un écrin régulier de compétitions internationales et un secteur refuge pour nombre de sportifs et délégations soucieux de disposer d’infrastructures de haut-niveau pour s’entraîner et se perfectionner tout au long de l’année.

Si les Jeux sont proches de Salt Lake City, reste encore à choisir la meilleure option calendaire pour les parties au projet.

L’USOPC et les responsables de la candidature ont sur ce point multiplié les déclarations au cours de l’année écoulée et sur les derniers mois, affichant une préférence claire pour 2034, mais montrant dans le même temps une ouverture pour 2030.

Stratégique, ce double positionnement permet de montrer la capacité de Salt Lake City à répondre quasi-immédiatement au challenge d’organiser les Jeux au tout début de la prochaine décennie.

Il montre surtout la détermination d’une ville et d’un territoire qui peuvent compter sur une adhésion populaire sans commune mesure parmi les autres candidates potentiellement engagées sur les créneaux 2030-2034, sans compter par ailleurs le soutien exprimé à tour de rôle par le pouvoir politique. Que ce soit au niveau des autorités municipales, comme des autorités régionales, les divers échelons institutionnels sont un appui-clé de la candidature qui bénéficie aussi des clins d’œil de Mitt Romney, ancien Président du Comité d’Organisation des JO 2002, aujourd’hui Sénateur de l’Utah, après avoir été le candidat du Parti Républicain à l’élection présidentielle américaine de 2012.

Vue des tremplins de saut à ski de l’Utah Olympic Park (Crédits – Utah Sports Commission)

A l’heure actuelle, la préférence exprimée par la candidature américaine pour 2034 s’explique en grande partie par le souci de ne pas être confrontée à la proximité des Jeux d’été de Los Angeles 2028 qui devraient capter une manne financière conséquente à l’aune de la stratégie marketing conjointement développée par les organisateurs californiens et l’USOPC.

Salt Lake City pourrait cependant répondre favorablement à un appel du CIO pour 2030, sauf si ce dernier juge une proposition alternative plus appropriée parmi les villes et territoires qui sont entrés en discussions avec l’institution.

En ce sens, et aussi surprenant que cela puisse paraître, l’un des espoirs de Salt Lake City repose sur le développement en cours d’une candidature suédoise. Maintes fois candidate aux Jeux d’hiver au fil des décennies, la Suède n’a – en dépit de son histoire et de sa riche contribution aux sports de neige et de glace – jamais réussi à décrocher les cinq anneaux olympiques. Aussi, un possible projet pour 2030 pourrait être de nature à réparer ce qu’il convient de considérer comme une injustice olympique.

Le CIO tiendrait dès lors les deux futures hôtes appelées à prendre successivement le relais de l’édition de Milan-Cortina 2026, et pourrait de facto proclamer les lauréates en marge de la Session olympique attendue à Paris à l’été 2024.

La délégation du Comité Salt Lake City – Utah prend la pose devant les anneaux olympiques au siège du CIO, à Lausanne, Suisse, mercredi 15 juin 2022 (Crédits – Comité SLC – Utah)

Quoiqu’il en soit, Salt Lake City continue d’avancer et est en passe de boucler son projet technique.

D’ici la fin du mois de mai 2023, les porteurs de la candidature devraient ainsi pouvoir présenter au CIO leur vision d’une nouvelle échéance olympique et paralympique.

Lors d’une table ronde organisée jeudi 27 avril par le Kem C. Gardner Policy Institute de l’Université de l’Utah, le Directeur Général du Comité SLC – Utah a d’ailleurs évoqué cette perspective.

Comme l’a en effet exposé Fraser Bullock, le dossier est aujourd’hui finalisé à hauteur de 95%, avec la réalisation d’un rapport de plusieurs milliers de pages compilant les aspects techniques et logistiques du projet, mais également les contrats d’ores et déjà programmés avec la Ville de Salt Lake City, les Collectivités associées comme Park City, et l’État de l’Utah.

Emboîtant le pas à celui qui fut déjà en poste du temps des Jeux de 2002, la Présidente du Comité SLC – Utah a elle-aussi affiché une confiance certaine et une détermination sans faille.

Ainsi que l’a affirmé Catherine Raney-Norman :

Nous sommes préparés autant que possible pour le moment où le CIO prendra une décision.

Ils [auront] beaucoup de mal à nous dire non.

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